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À Toulouse, le PS veut un «congrès de combat»
Mis à jour le 26/10/2012 à 10:45 | publié le 26/10/2012 à 06:00
Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, devrait appeler les militants à se mobiliser derrière le gouvernement.
Les socialistes se retrouvent pour trois jours dans la Ville rose sous le signe de «l'unité» et du «soutien au gouvernement», mais dans un climat morose pour la majorité et l'exécutif.Un «congrès de rassemblement et de combat». C'est ainsi que le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, envisage le congrès du parti majoritaire, qui s'ouvre vendredi à Toulouse pour trois jours. Contrairement au dernier congrès de Reims, en 2008, qui avait vu la famille socialiste se déchirer, ce congrès - le premier depuis l'arrivée au pouvoir de la gauche - devrait être placé sous le signe de «l'unité» et du «soutien au gouvernement», selon plusieurs responsables socialistes.
«C'est un congrès qui suit de peu la victoire électorale, rappelle l'historien du PS Alain Bergounioux. Il se situera dans la ligne des congrès de Brest, en 1997, après l'arrivée de Lionel Jospin à Matignon, et de Valence en 1981, qui avait suivi la victoire de François Mitterrand. Ce ne sera pas un congrès de débat. Ni un congrès spectaculaire. Et c'est normal.»
Les socialistes (dont la quasi-totalité des ministres) se retrouvent à Toulouse dans un climat morose pour la majorité, alors que le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, se fait régulièrement critiquer pour son manque d'autorité, voire une forme d'«amateurisme» dénoncée par la droite. Certains socialistes redoutent que ces trois jours donnent l'occasion aux plus critiques d'entre eux de faire part de leurs doutes sur la «méthode Ayrault» ou le rythme des réformes, dans les couloirs du congrès. «Trois jours, c'est long, il va falloir rythmer tout ça», soupire un dirigeant de la majorité. «Ce sera l'occasion de serrer les rangs derrière le premier ministre», croit au contraire le député PS Jean-Jacques Urvoas.
Harlem Désir, dont le processus de désignation à la tête du PS a été beaucoup décrié, sera intronisé premier secrétaire à cette occasion. L'ancien patron de SOS Racisme devra lever les doutes sur son manque supposé de charisme et de combativité, alors que la droite est jugée très offensive par le PS. «Après une défaite, l'opposition est souvent un peu éteinte pendant six mois, mais là, ce n'est pas le cas, c'est la course à l'échalote entre Jean-François Copé et François Fillon, note le ministre Kader Arif. Elle ne nous a laissé aucun temps de répit.»
Le PS devra également s'appliquer à définir son nouveau rôle dans la majorité, après dix ans passés dans l'opposition, alors que certains s'inquiètent de voir le parti de la rose se muer en «parti godillot». Soucieux de retrouver une influence sur un parti qu'avait conquis Martine Aubry en 2008, les hollandais devraient en outre s'employer à rappeler que la «ligne choisie par les militants (qui ont élu la motion 1, celle de Désir) devra être respectée par tous». «Tous ceux qui se réclament de la ligne majoritaire et qui seront dans les instances nationales à ce titre doivent veiller à bien la respecter», lance le sénateur Luc Carvounas, agacé par les amis de Benoît Hamon (aile gauche), qui ont notamment fait entendre une voix divergente sur le traité budgétaire européen, alors qu'ils ont rejoint la motion 1.
L'intervention à la tribune de Ségolène Royal, qui fait son retour sur la scène politique, vendredi, est très attendue. De même que celle de Martine Aubry, qui a claqué la porte du parti mi-septembre, dès son successeur désigné, sans attendre le congrès. «Ce congrès est sans suspense, car on connaît à l'avance le premier secrétaire, la ligne majoritaire et les rapports de forces dans les instances, note le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis. La seule inconnue est celle-ci: quel sera l'impact de tel ou tel leader dans la salle?» Aux universités d'été de La Rochelle, fin août, c'est le ministre de l'Intérieur Manuel Valls qui avait remporté la palme à l'applaudimètre.
Le congrès sera enfin l'occasion de valider la liste des conseillers nationaux (306 membres, premiers fédéraux inclus) qui composeront le Parlement du parti. La répartition des postes entre les différentes sensibilités a été tranchée mercredi soir. Sur les 143 postes de conseillers nationaux réservés à la motion Désir, 82 devraient être attribués aux amis de la «bande des quatre» (Manuel Valls, Pierre Moscovici, Vincent Peillon et Stéphane Le Foll) et à ceux de Bertrand Delanoë et de Ségolène Royal ; 40 iront aux amis de Martine Aubry, Laurent Fabius et Arnaud Montebourg ; 21 reviendront aux amis de Benoît Hamon. «Et dire que les ministres se sont investis dans ce processus, soupire le député Christophe Caresche. L'état de la France mérite autre chose que ces combinaisons dérisoires.»