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La Manif pour tous veut «poursuivre le combat»
Publié le 26/05/2013 à 23:47
La manifestation qui a eu lieu dimanche a rassemblé 150.000 manifestants selon la police, 1 million selon les organisateurs.
Ludovine de la Rochère, sa présidente, entend continuer à faire vivre « le plus grand mouvement social que la France ait connu depuis Mai 68».
La province, Paris, des étrangers, les différentes religions, des pères, des mères, des enfants et leurs grands-parents… des dizaines de milliers d'opposants au mariage pour tous ont défilé en bataillons rangés, dimanche à Paris, pour redire leur révolte et affirmer leur non-résignation à la loi Taubira, votée le 23 avril dernier. Une Fête des mères sous le signe des pères et des mères, «la dernière», disaient des slogans. La guerre du chiffrage faisait déjà rage avant que les manifestants ne s'évanouissent. 150.000, selon la police, 1 million, selon les organisateurs. «Un nouveau mensonge » de la Préfecture de police, rétorquaient sitôt ces derniers sur Twitter. Les 13 janvier et 24 mars derniers, 340.000 puis 300 .000 avaient été recensés par les uns quand les autres se gargarisaient du million dépassé.
Si un esprit bon enfant a animé les trois cortèges partis d'Austerlitz, de la porte Dauphine et de la porte de Saint-Cloud pour rejoindre l'esplanade des Invalides, la mobilisation s'est bel et bien radicalisée dans sa détermination et son ambition à compter politiquement à l'avenir. «Sur tous les sujets concernant la famille», prévient Étienne, venu de Clermont-Ferrand avec son épouse et leurs neuf enfants.
«Immense lame de fond »«Un vrai mouvement de contestation générale est né, il ne se traduira peut-être plus par des manifs mais par des actions chaque fois que nécessaire, à commencer par les urnes pour les prochaines municipales», dit ce père de famille employé chez Michelin. Le mouvement de la Manif pour tous a déjà annoncé la couleur : «Nous poursuivrons le combat partout en France! a annoncé à la tribune dressée sur l'esplanade des Invalides Ludovine de la Rochère, sa présidente. Aujourd'hui (jour de la manifestation, NDLR), ne sera ni un point d'orgue ni un baroud d'honneur, mais bien le passage historique d'un mouvement spontané d'opposition à un projet de loi à un grand mouvement de résistance durable. Cette immense lame de fond ne s'arrêtera pas tant que la loi ne sera pas abrogée.»«Nous avons réalisé une mobilisation historique, continue Ludovine de la Rochère. La Manif pour tous est le plus grand mouvement social que la France ait connu depuis Mai 68. Ayons bien conscience de ce que nous avons accompli: nous sommes une force sociale, puissante, déterminée, organisée.»
Sous haute surveillance policière, avec quelque 4500 gendarmes et policiers, la manifestation n'a pas connu de débordements notables, malgré les prédictions alarmistes du gouvernement. La pression a pourtant eu raison de la participation de Frigide Barjot, l'égérie de la Manif pour tous, qui ne s'est pas jointe au cortège en raison de menaces.
«Une objection de conscience»De nombreux responsables politiques, de droite et d'extrême droite, ont défilé. Un cortège séparé, animé par les membres de l'institut Civitas, proche des catholiques traditionalistes, a manifesté dans le quartier de l'Opéra, la Manif pour tous ne souhaitant pas qu'ils rejoignent ses rangs. Trois ânes suivaient le cortège, équipés de pancartes «Je suis un âne et j'ai voté Hollande».
Dans le cortège qui partait de la porte Dauphine, les juristes avaient pris la tête du défilé en robes d'avocat et de magistrat, des Codes civils brandis sur des parapluies. «C'est tout particulièrement la place des juristes aujourd'hui, dit Claire, maître de conférences à la faculté de Versailles. Car il y a des suites juridiques au non-sens et aux contradictions de cette loi », rétorque Alexandre, un prof de droit venu de Grenoble. Claire, qui enseigne le droit de la famille, parlera de cette loi «pour en dire tout le mal et ses limites ». «Nous avons une objection de conscience, martèle-t-elle, et la conscience, ce n'est pas Hollande qui la décrète.»
Sur le podium des Invalides, le philosophe Bertrand Vergely explique que «les enjeux de fond dépassent le mariage homo. On est dans l'ivresse démocratique. On fabrique l'homme nouveau. Un jour, on te demandera “qui est ton père ?”. Et tu répondras “je ne sais pas, des paillettes de Suède”. “Et ta mère?” “Un ventre en Ukraine”».
Alors que la manifestation s'était déroulée globalement dans le calme, la tension est montée en début de soirée dans le quartier des Invalides, quelque 200 à 300 fauteurs de troubles lançant des projectiles, barres de fer et fumigènes, contre les forces de l'ordre et les journalistes.
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a condamné dans un communiqué les violences causées par «l'extrême droite et la mouvance identitaire ».
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Des milliers de balais brandis par Civitas devant l'OpéraIls étaient 2800, selon la Préfecture de police, à s'être réunis sous les couleurs de Civitas et de l'extrême droite nationaliste devant l'opéra Garnier ce dimanche. Euthanasie, mariage homosexuel ou encore avortement, les thèmes du discours d'Alain Escada, président de l'Institut Civitas, ne manquaient pas pour marquer la colère de ces manifestants qui n'ont pas voulu se joindre à ceux de la Manif pour tous. Car le but de ces militants était avant tout de manifester leur colère. «Ce n'est pas en dansant et en chantant que l'on montre son mécontentement, ajoute Alain Escada, la Manif pour tous a réussi à réunir plus d'un million de personnes, mais se décrédibilise en manifestant de la sorte.» Parmi les objets favoris des manifestants, le balai, car pour eux chaque homme politique qui soutient la loi Taubira mérite son «coup de balai». Le rassemblement s'est terminé dans le calme. À la fin du discours, saluant un fidèle membre de Civitas, Alain Escada lui a glissé «heureusement, cela s'est bien passé».