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L'Église mobilise ses fidèles contre le mariage gay
Mis à jour le 03/08/2012 à 08:15 | publié le 02/08/2012 à 18:54
Le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France, lors d'une messe à la mémoire des victimes du 11 septembre 2001, en 2011, à Notre-Dame de Paris.
Transmise à tous les diocèses de France, une prière nationale unique veut mobiliser avant la législation sur le mariage homosexuel.Le caractère exceptionnel et collectif de la démarche émet un message fort. Une prière nationale a été écrite par le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France, et transmise à tous les diocèses de l'Hexagone pour qu'elle soit reprise dans chaque paroisse. Une prière pour la France, à l'heure où la législation se penche sur la famille avec, à la rentrée, les dossiers épineux du mariage homosexuel et de l'euthanasie.
«Pour celles et ceux qui ont été récemment élus pour légiférer et gouverner ; que leur sens du bien commun de la société l'emporte sur les requêtes particulières et qu'ils aient la force de suivre les indications de leur conscience», exprime la deuxième intention, dans cette prière à 4 temps.
«Pour les enfants et les jeunes ; que tous nous aidions chacun à découvrir son propre chemin pour progresser vers le bonheur ; qu'ils cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère», formule une autre intention, qui fait clairement allusion à l'homoparentalité.
Déjà, lors de son premier entretien avec le président de la République, le 17 juillet, le cardinal Vingt-Trois avait rappelé à François Hollande que «le mariage n'est pas une façon de reconnaître l'authenticité des liens entre deux personnes qui s'aiment» mais «une institution sociale pour assurer le mieux possible la bonne éducation des enfants. Il ne faut pas confondre les institutions».
«Des choix sociétaux de portée considérable»Transmis aux diocèses le 25 juillet, l'appel national à l'union de prière a pris la fête de l'Assomption pour cadre, le 15 août, jour où l'on célèbre l'élévation de la Vierge Marie au ciel. «Devant la gravité de choix sociétaux de portée considérable, il est essentiel de conscientiser l'opinion au-delà de la sphère pratiquante habituelle, a expliqué Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France. Non seulement la Mère du Christ recueillait les événements en son cœur, mais aussi elle les méditait et concrétisait sa réponse envers eux.»
La tradition de prier pour la France le jour de l'Assomption existe, pour les catholiques, depuis que Louis XIII, en 1638, a fait le vœu de consacrer le pays à la Sainte Vierge. Mais elle s'est estompée dans l'Église de France après 1945. Un retour à cet usage s'observe néanmoins depuis quelques années dans la communauté chrétienne, notamment lors de la dernière campagne électorale, porté par les enjeux politiques et leurs desseins bio-éthico-sociétaux. Des groupes de prière et des rassemblements dans les paroisses s'étaient réunis en province et à Paris durant l'entre-deux-tours pour «appeler la grâce de Dieu sur la destinée inquiétante du pays», résume Jean, un Lyonnais pratiquant.
«Vu la tournure des choses dans le paysage politique français, une intention de prière collective ne sera pas de trop, réagit Muriel, qui, le 15 août, partira en famille au pèlerinage national de Lourdes. Nos dirigeants ont la responsabilité de choix stratégiques pour l'avenir, nous prierons pour que l'intérêt supérieur de l'homme soit au cœur de leurs décisions et non l'intérêt des hommes.»
Psitions radicalesPour l'épiscopat français, cette prière nationale est une manière mesurée de réaffirmer ses valeurs et de replacer les convictions des catholiques dans le débat politique. Manière aussi de ne pas laisser sa voix se faire couvrir par celle des groupes catholiques intégristes qui, depuis la volonté de la nouvelle majorité de légiférer sur des sujets contraires aux convictions catholiques, «prennent des positions radicales - dans les urnes et à la tribune publique - qui caricaturent notre communauté et dessert notre position», estime un prêtre du diocèse de Paris. «Ce n'est pas en criant fort qu'on a le monopole de la parole, encore moins de la pensée, dit un de ses pairs. Nous aurons notre part au débat.»
La prière de Mgr Vingt-Trois, qui appelle aussi à «la solidarité avec nos semblables» face aux «restrictions diverses» et «l'inquiétude» engendrées par «ces temps de crise économique», pose le premier acte d'une mobilisation spirituelle qui, à la rentrée, devrait s'engager dans une défense plus argumentée des intérêts chrétiens.