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L'UMP mobilise contre le droit de vote des étrangers
Mis à jour le 19/09/2012 à 23:06 | publié le 19/09/2012 à 21:37
Jean-François Copé (au côté de François Fillon, lors d'une réunion des cadres de l'UMP) a lancé une pétition «sur l'ensemble du territoire afin d'appeler les Françaises et les Français à faire connaître directement leur opposition».
Copé et Fillon oublient leurs querelles, le temps d'une offensive commune.Le thème est porteur, et le contexte encore plus. Les 75 signataires socialistes de l'appel en faveur du droit de vote des étrangers extracommunautaires n'avaient pas prévu qu'il paraîtrait en plein déchaînement islamiste. Leur initiative visait à convaincre les électeurs de François Hollande que le président restait fidèle à des engagements chers au «peuple de gauche», même si dans le domaine économique, la crise l'obligeait à composer avec ses promesses électorales. Accessoirement, l'opération pouvait contribuer à augmenter l'audience du FN, ce qui est toujours bon à prendre.
Mais le dernier épisode en date du feuilleton national sur le droit de vote des étrangers, imaginé par François Mitterrand en 1981, pourrait se retourner contre ses auteurs. Avec la participation active de l'UMP, qui a décidé mercredi de lancer une pétition «sur l'ensemble du territoire», a expliqué Jean-François Copé, «afin d'appeler les Françaises et les Français à faire connaître directement leur opposition». «Le bureau politique a approuvé l'idée à l'unanimité, rapporte un participant. En trois minutes, c'était bouclé.» Le reste de la réunion du «gouvernement» de l'UMP, soit tout de même près d'une heure et demie, a été consacré à la poursuite de la campagne interne pour la présidence du parti, dans un climat décrit comme «très tendu» entre les deux rivaux Jean-François Copé et François Fillon.
«Arrière-pensées électoralistes»Sur le droit de vote des étrangers, le secrétaire général et l'ex-premier ministre sont parfaitement en phase, et depuis longtemps. En décembre 2011, quand la majorité sénatoriale de gauche, fraîchement élue, avait adopté une proposition de loi autorisant les extracommunautaires à participer aux municipales, François Fillon l'avait accusée de prendre «le risque de vider la nationalité et la citoyenneté française de leur substance». Une position que tous les dirigeants de l'UMP approuvent sans réserve, y compris Nathalie Kosciusko-Morizet. Invitée mercredi du «Talk Orange-Le Figaro», l'ancienne ministre de l'Écologie a affirmé que «la citoyenneté, ça ne se découpe pas en tranches». «Je suis choquée de voir certains députés socialistes demander un référendum sur le traité européen, a-t-elle ajouté, alors qu'ils refuseraient un référendum sur un sujet aussi majeur que le lien entre citoyenneté et nationalité.» Selon elle, «on est fondé à soupçonner les socialistes d'arrière-pensées électoralistes sur ce sujet».
Avec un peu de chance, cette belle unanimité pourrait trouver un écho dans l'opinion. En décembre 2011, quand le Sénat avait adopté sa proposition de loi, les Français y étaient majoritairement favorables. Le taux d'adhésion atteignait 55 % dans certaines enquêtes. Il est tombé à 39 % selon un sondage Ifop-Atlantico publié mercredi.
Les sympathisants UMP passent de 37 % de favorables à 11 %, tandis que ceux du FN chutent de 20 % pour à 8 %. La gauche reste majoritairement acquise à l'extension du droit de vote aux étrangers extracommunautaires, mais le taux d'adhésion de ses électeurs est également en baisse: 72 % contre 76 % fin 2011. Le dogme est ébréché, comme en témoigne la position de Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur avait assuré dans Le Monde mardi que cette mesure n'était ni une «revendication forte dans la société française» ni un «élément puissant d'intégration».
Le ministre des Relations avec le Parlement Alain Vidalies, puis le chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault ont ensuite rectifié le tir, en annonçant leur intention que les étrangers extracommunautaires puissent voter dès les municipales de 2014, mais rien ne dit qu'ils trouveront la majorité des trois cinquièmes nécessaire pour réviser la question.
Et d'ici là, l'UMP espère rééditer l'exploit d'Alain Juppé en 1990: alors secrétaire général du RPR, il avait recueilli près d'un million de signatures au bas de sa pétition contre le droit de vote des étrangers.
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Une pétition sur InternetL'UMP a lancé mercredi une nouvelle pétition pour mobiliser contre la mise en place du droit de vote pour les étrangers. La mesure présentée par le gouvernement Ayrault «est contraire à notre tradition républicaine», «contraire à notre conception du droit de vote», «contraire au principe de réciprocité» et relève du «cynisme électoraliste», dénonce le texte disponible sur le site du parti. «La gauche donne le droit de vote aux étrangers dès 2013 pour empêcher une vague bleue aux municipales en 2014», explique encore l'UMP. Un tract a également été édité sur le même thème et sera distribué dès cette semaine.