WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Politique Pourquoi François Hollande ressort le droit de vote des étrangers
Publié le 17/05/2013 à 21:11
François Hollande.
Déjà promise par la gauche en 1981, cette proposition n'a quasiment aucune chance d'être adoptée, mais le président donne des gages à la gauche de sa majorité.Ce n'est plus une ficelle, c'est une corde à nœuds. Sans même être interrogé sur le sujet et en ayant l'assurance de ne jamais voir sa proposition adoptée par le Congrès, qui nécessite une majorité des trois cinquièmes dont il ne dispose pas, François Hollande a ressorti, jeudi lors de sa conférence de presse, la question du droit de vote des étrangers aux élections locales. «Je ne veux pas donner l'impression que nous chercherions, avant les municipales, à utiliser cette question du droit de vote des étrangers pour entretenir je ne sais quel malentendu», a assuré le chef de l'État. Mais après l'échéance électorale de 2014, «comme il n'y aura plus d'enjeu», un texte «sera soumis au Parlement et le Parlement en fera l'adoption s'il le souhaite», a-t-il annoncé.
Éviter que le débat s'engage trop tôt? Il est relancé immédiatement. La question du droit de vote des étrangers aux élections locales est un fond de commerce pour l'extrême droite, un épouvantail pour l'opposition et une revendication de longue date d'une partie de la gauche. Promesse de campagne du candidat Hollande, elle avait été reportée sine die par le président. Lors de sa première conférence de presse, il avait néanmoins promis de «rechercher une majorité». Qui n'existe toujours pas. Selon les décomptes, il manque une cinquantaine d'élus pour l'atteindre.
Forcer les parlementaires à se positionnerJusqu'à présent, deux lignes s'opposaient dans l'entourage du président. D'un côté, les partisans d'un abandon de cette réforme selon qui «rien ne sert d'engager un combat perdu d'avance». De l'autre, ceux qui plaidaient pour présenter tout de même le projet, et imputer à l'opposition la responsabilité de son rejet. Mais la perspective de voir la gauche enregistrer un revers aux municipales a emporté la décision.
François Mitterrand l'avait promis en 1981 sans le mettre en œuvre, faute de majorité, déjà. Depuis, la gauche a mauvaise conscience. En son temps, Mitterrand avait habilement instrumentalisé cette promesse, la ressortant pour faire monter le Front national et affaiblir la droite. À gauche, certains jugent la méthode désormais dangereuse, compte tenu de la poussée de l'extrême droite en France. C'est pourquoi, notamment, François Hollande a toujours exclu d'avoir recours au référendum pour faire adopter cette proposition à laquelle, selon un sondage BVA pour Le Parisien, 58 % des Français sont opposés.
Mais le chef de l'État compte bien forcer les parlementaires de tous bords à se positionner sur cette question sensible. Au sein de l'exécutif, on rappelle volontiers que Nicolas Sarkozy s'était dit personnellement favorable à l'ouverture du droit de vote aux étrangers. C'était en 2005.
Une réforme sociétale permet d'occuper le terrainFrançois Hollande n'a toutefois jamais fait de cette question du droit de vote des étrangers un sujet central de son engagement politique. Certains, au PS, n'hésitent plus à dire que cette revendication est désormais décalée et ne correspond plus aux attentes des populations d'origine immigrée. «Est-ce que c'est aujourd'hui une revendication forte dans la société française? Un élément puissant d'intégration?», se demandait Manuel Valls en septembre dans
Le Mondeavant de répondre lui-même: «Non. Ça n'a pas la même portée qu'il y a trente ans. Aujourd'hui, le défi de la société française est celui de l'intégration.» Et lorsqu'il s'était agi de trouver des députés pour signer un appel en faveur du droit de vote des étrangers, les socialistes n'en avaient trouvé que 77 alors que leur groupe compte 297 membres.
En fait, c'est à gauche du PS que la revendication est la plus forte. Chez les Verts d'abord où Cécile Duflot l'assure: «Ça fait vingt ans que c'est une urgence, je crois que c'est maintenant une nécessité.» En relançant la proposition, François Hollande espère donc calmer ses soutiens les plus à gauche. Et faire oublier le positionnement modéré qu'il adopte désormais. La crise ne laissant aucune marge de manœuvre au chef de l'État, lancer une nouvelle réforme sociétale lui permet au moins d'occuper le terrain.
À l'UMP, Rachida Dati a rappelé vendredi qu'elle avait changé d'avis sur cette question. «La gauche promet cette mesure depuis longtemps sans jamais l'avoir mise en œuvre. Ce qui a fait monter le Front national», a dit la maire du VIIe arrondissement, invitée du
Talk Orange - Le Figaro. «Aujourd'hui, le problème de l'intégration, on le voit pour les gens qui sont de la quatrième génération, ce n'est pas l'apprentissage du langage, c'est la citoyenneté!»