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Salima Saa : «Mais que fait Mme Duflot ?»
Mis à jour le 04/07/2012 à 19:56 | publié le 04/07/2012 à 18:23
Salima Saa pousse un coup de gueule contre le gouvernement.
INTERVIEW - La présidente de L'Agence nationale pour la cohésion sociale démissionne avec fracas.Présidente depuis février 2011 du conseil d'administration de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé), Salima Saa, secrétaire nationale de l'UMP, en charge du développement urbain, a présenté mercredi sa démission. Elle s'en explique et pousse un coup de gueule contre le gouvernement en général et Cécile Duflot en particulier.
Pourquoi claquez-vous la porte? Salima SAA. - J'ai rencontré la semaine dernière François Lamy, ministre délégué à la Ville. En deux mois, je n'ai pas été reçue par la ministre en charge de ces sujets, Cécile Duflot. Lors de notre entretien, François Lamy m'a parlé de sujets très techniques, comme le zonage, mais ne m'a donné aucune ligne directrice de la politique du gouvernement. C'est moi qui suis venue sur les questions de fond. Je n'ai pas senti de projet, ni de souffle, ni de vision sur la politique de la Ville et les quartiers.
Vous a-t-il reproché votre appartenance politique? J'ai eu le sentiment d'une défiance vis-à-vis de moi, à cause de mon engagement politique à l'UMP, qui les dérangeait, et aucun intérêt pour ce que j'aurais pu faire ou apporter. J'ai compris que nous ne pourrions pas travailler ensemble et j'en ai tiré les conséquences.
Vous ne laissez pas aux deux ministres le temps de prendre leurs marques? Dix années dans l'opposition, six mois de primaires, deux mois au gouvernement, je crois que cela laisse assez de temps pour avoir une politique de la ville ambitieuse! Et il n'y a rien eu sur le sujet dans le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault, comme il n'y avait rien eu pendant la campagne de François Hollande. Que fait Mme Duflot? Rien, comme si la politique de la ville ne faisait pas partie de ses attributions. Elle préfère parler de la dépénalisation du cannabis, preuve qu'elle ne comprend pas ce qu'est la réalité des quartiers. L'emploi et la formation professionnelle, voilà deux sujets de préoccupation des habitants, que j'ai portés au sein de l'Acsé.
Comment expliquez-vous la quasi-absence de discours sur le sujet? La gauche croit que les quartiers lui sont acquis. Électoralement, cette population vote massivement pour la gauche. Mais c'est la droite qui a créé les internats d'excellence et l'école de la deuxième chance. C'est la droite qui a créé l'Agence nationale pour la cohésion sociale. Et je rappelle que, depuis, il n'y a pas eu d'émeutes dans les quartiers. Il ne faut pas l'oublier.
Quel bilan dressez-vous de vos dix-huit mois à l'Agence pour la cohésion sociale? J'ai été nommée à ce poste pour mes compétences. Je viens du monde de l'entreprise. J'ai eu comme priorité de rapprocher les quartiers du monde de l'entreprise. J'ai créé un club entreprises avec Axa, GDF Suez, la Société générale, Adecco, Coca-Cola et Casino. Nous avons signé des conventions et créé des emplois, en nous appuyant sur les préfets qui ont joué le jeu: mille emplois chez Autolib, 500 contrats d'apprentissage chez Casino. Je laisse ce club entreprises comme cadeau d'adieu. Et je vais lancer au sein de l'UMP, avec l'accord de Jean-François Copé, un club d'experts pour continuer de travailler sur le sujet. Je veux continuer, tout en étant dans l'opposition, d'être la porte-voix des 8 millions d'habitants des quartiers.