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Immigration, islam, justice : Duflot et Hammadi chargent Valls
Publié le 20.08.2013, 20h45 | Mise à jour : 21.08.2013, 07h52Le député PS de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi estime, dans un entretien au Figaro, que «Manuel Valls ne rend pas service à la gauche en mettant au centre de la rentrée les questions de l'immigration, du voile à l'université ou de la compatibilité de l'islam avec la démocratie».
Valls doit avoir les oreilles qui sifflent. Le chouchou des sondages n'en finit plus d'agacer au sein de sa famille socialiste mais aussi au gouvernement après ses sorties médiatiques sur l'immigration, la politique pénale ou l'islam. Dans un entretien au quotidien Libération, à paraître ce mercredi, la ministre écologiste Cécile Duflot s'oppose radicalement aux prises de position de son collègue de l'Intérieur Manuel Valls qui vante l'ordre républicain.
Elle exclut toute remise en cause du regroupement familial des immigrés. Duflot estime que la question du regroupement familial, dont Manuel Valls a jugé, mardi matin, qu'elle «peut être posée», «ne se pose même pas: le droit à vivre en famille ne souffre pas d'exception. Il est garanti par l'article 8 de la convention européenne des droits de l'Homme».
De même, dans le débat sur la réforme pénale qui doit être annoncée au mois de septembre, Cécile Duflot appuie la garde des Sceaux, favorable à une individualisation des sanctions et des peines aux dépens de leur automaticité, face au ministre de l'Intérieur. «C'est une question d'efficacité: ce n'est pas en bourrant les prisons qu'on améliore la sécurité», affirme la ministre écologiste. Elle juge même que cette réforme est «indispensable».
Duflot : «Il n'y a qu'une ligne de gauche (...) très bien portée par Christiane Taubira»Selon elle, «en matière de justice, il n'y a qu'une ligne de gauche. Elle est très bien portée par Christiane Taubira». Une manière de dire que Valls incarne une ligne de droite. «Nul ne doit oublier que pour être dur avec le crime, il faut aussi être dur avec les causes du crime», argumente-t-elle, déclarant faire «entièrement confiance» au Premier ministre Jean Marc Ayrault qui, dit-elle, «arbitrera le moment venu».
Elle se félicite d'ailleurs, que le chef du gouvernement ait, mardi, «annoncé à Marseille de façon très claire que nous
(la majorité de gauche, NDLR) supprimerons les peines-planchers».
Alors que sa formation politique tient, à partir de jeudi, ses journées d'été à Marseille, la ministre écologiste rappelle qu'en entrant au gouvernement en mai 2012, elle a «choisi d'agir en gardant toutes (ses) convictions». Et, ajoute-t-elle, «quand j'ai un désaccord majeur avec un membre de la majorité, je n'hésite pas à le dire».
Hammadi : «Valls ne rend pas service à la gauche»Un peu plus tôt, c'est le député socialiste de Seine-Saint-Denis, Razzy Hammadi, qui a taclé sévèremment Manuel Valls. Dans un entretien au Figaro, le jeune élu de Montreuil estime que «Manuel Valls ne rend pas service à la gauche en mettant au centre de la rentrée les questions de l'immigration, du voile à l'université ou de la compatibilité de l'islam avec la démocratie».
Le ministre avait appelé dans la matinée, sur BFMTV/RMC, à «tirer toutes les conséquences» de l'augmentation de la population mondiale, africaine en particulier, et jugé que «la question du regroupement familial (pouvait) être posée». Valls confirmait ainsi des propos qui lui avaient été prêtés lors du séminaire gouvernemental, la veille, sur «la France de 2025». Il avait aussi évoqué, lors de ce séminaire, la question de «la compatibilité de l'islam et de la démocratie».
Proche de Benoît Hamon, à l'aile gauche du PS, le député Hammadi réplique sur le site du Figaro mardi: «Essayons d'aborder les sujets avec méthode et sérieux. Pas seulement en fonction de la traduction qu'ils auront sur la manchette des journaux! Manuel Valls ne rend pas service à la gauche».
«Entre Mélenchon et Valls, c'est un jeu de duettistes»
«Et je ne parle même pas de sa volonté de faire désavouer la garde des Sceaux!», gronde-t-il en faisant allusion au désaccord entre les deux ministres sur la politique pénale. Le député critique «la médiocrité intellectuelle avec laquelle ont été abordés les questions de l'immigration, de l'Afrique et de l'islam au cours de ce séminaire».
Et d'avertir: « Aucun sujet n'est tabou, mais la vraie question, c'est le développement économique et culturel de l'Afrique ainsi que les conditions respectables de mobilité». Pour Hammadi, «l'Afrique nécessite dès maintenant une réflexion globale». Concernant l'islam, il se dit «frappé par le caractère grossier des descriptions» car, précise le député né de parents tunisiens, «l'islam n'est pas uniforme».
Interrogé également sur les déclarations faites, le week-end dernier au Journal du dimanche, par Jean-Luc Mélenchon qui reprochait à Manuel Valls de «chasser sur les terres du Front national», Razzy Hammadi juge que «Jean-Luc Mélenchon est dans une forme d'outrance qui ne peut exister que parce que les positions de certains le lui permettent». Et il ajoute: «Finalement, entre Mélenchon et Valls, c'est un peu un jeu de duettistes».
S'agissant de Mélenchon, Duflot affirme: «C'est dommage, car certaines de ses remarques ne sont pas infondées et même parfois pertinentes. Hélas, il tue le débat par le napalm médiatique qu'il ne peut s'empêcher de provoquer».