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Ayrault face à la grogne des alliés du PS
Mis à jour le 28/06/2012 à 10:20 | publié le 27/06/2012 à 20:09
Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, prononcera son discours de politique générale mardi dans l'Hémicycle.
Les députés du Front de gauche menacent de ne pas voter la confiance au premier ministre, mardi à l'Assemblée.Le climat se tend entre le PS et ses alliés. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, prononcera son discours de politique générale mardi à l'Assemblée. Mais les députés du Front de gauche ont déjà menacé de ne pas voter la confiance au gouvernement si les orientations prises sur le plan économique et social se confirment. Ce qui ferait désordre aussi tôt dans la législature, alors que la popularité d'Ayrault est au beau fixe (69 %, selon BVA). «Nos 4 millions de voix à la présidentielle et nos 2 millions de voix aux législatives sont méprisées!» a lancé le président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, qui rassemble élus du Front de gauche et quelques ultramarins. André Chassaigne estime que «l'offensive contre les forces de l'argent n'a pas été menée» par le gouvernement.
La menace de ne pas voter la confiance agace franchement au PS: «Mélenchon a toujours dit qu'il ne refuserait jamais de voter la confiance, rappelle un député PS. Ce serait paradoxal, voire exagéré, qu'il remette en question cet engagement, avant même les premières décisions.»
«Du foutage de gueule!»Le leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a lancé l'offensive dimanche en estimant que François Hollande avait «capitulé» face à Angela Merkel sur le traité européen de discipline budgétaire, qui sera adopté par le Parlement allemand vendredi, au moment même où se tiendra le sommet européen de Bruxelles. Mais c'est la revalorisation limitée du smic qui a suscité les critiques les plus vives. «Du foutage de gueule!» a pesté la porte-parole du Front de gauche, Clémentine Autain.
Le Front de gauche n'est pas seul à grincer des dents. L'éviction de Nicole Bricq, passée du ministère de l'Écologie au Commerce extérieur, à l'issue d'un imbroglio entre la ministre et Shell au sujet des forages pétroliers en Guyane, a suscité aussi les critiques des écologistes. L'ex-candidate EELV à la présidentielle Eva Joly a estimé que des «signaux inquiétants» avaient ainsi été envoyés. Joly a vu en outre dans les conclusions «décevantes» du sommet Rio 20 de l'ONU un «ensemble de présomptions menaçantes pour l'avenir du partenariat entre socialistes et écologistes». Rien de moins. Quant à la décision du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, de ne pas augmenter le nombre de régularisations, elle a suscité l'ire d'Olivier Besancenot (NPA), pour qui le gouvernement vient de commettre «sa première faute politique».
L'élection des présidents de commissions a également donné lieu à des bisbilles entre le PS et les Verts, qui n'ont pas obtenu la présidence de la commission du développement durable. Par mesure de rétorsion, ils se sont abstenus lors de l'élection du président de l'Assemblée, mardi. «Inadmissible», a aussitôt jugé le député PS du Nord Bernard Derosier: «L'accord politique passé entre les écolos et les socialistes sous-entendait que, sur une question de cette importance, il n'y ait pas de défections», a-t-il taclé. Le député PS de la Nièvre Gaëtan Gorce met cet épisode sur le compte de la «fébrilité» liée à l'obtention des postes. «On doit être attentifs à leur point de vue», prévient-il toutefois.
«Période de rodage»Face à la grogne, le PS fait bonne figure: «Il y a une volonté de travailler en partenariat avec nos alliés, même s'ils ne sont pas d'accord sur tout, argue le numéro deux du PS, Harlem Désir. Il y aura une période de rodage…» «Les Verts et le Front de gauche ont fait confiance au PS sans faire de chèque en blanc», rappelle un ministre, qui souhaite que les alliés du PS soient des «aiguillons». La sénatrice Marie-Noëlle Lienemann (aile gauche du PS) estime quant à elle que la majorité absolue obtenue par le PS aux législatives lui donne une responsabilité supplémentaire à l'égard de ses alliés: celle de «faire vivre l'unité». «Cela suppose qu'on prenne des mesures pour travailler avec nos partenaires, poursuit l'élue, qui plaide pour une «coordination parlementaire entre les groupes de la majorité». Elle rappelle que les échéances locales de 2014 rendent l'unité cruciale.
Mais certains, au PS, reconnaissent qu'ils sont soulagés d'avoir obtenu la majorité absolue. «Ayrault a fait campagne en demandant une majorité solide, forte et cohérente, rappelle un ministre. Les Français la lui ont donnée. C'est plus confortable.» «Il va falloir assumer des décisions difficiles sur le plan budgétaire,renchérit le député de Paris Christophe Caresche. Il faut tenir. On ne doit pas céder à la surenchère de notre flanc gauche. Quand on a tous les pouvoirs, le pire, c'est de ne pas les exercer.»
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Non-cumul des mandats: Vidalies presse le pasLe non-cumul des mandats va devenir la règle au PS. Tous les candidats socialistes aux législatives ont signé un engagement de respecter le non-cumul entre un mandat parlementaire et une fonction exécutive locale (présidence de région, de département, d'une intercommunalité, maire d'une grande ville). Le non-cumul sera rendu effectif par un texte législatif. Le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a confirmé mercredi que l'interdiction du non-cumul devrait être votée avant les élections (municipales, cantonales, régionales) de 2014.
Invité de l'Association des journalistes parlementaires, le ministre a ajouté: «Le mieux serait qu'à l'intérieur du PS il y ait une anticipation.» Cette réflexion a jeté un certain trouble chez les députés qui dirigent aussi un exécutif local. La question reste sensible à l'intérieur du PS. Si la première secrétaire, Martine Aubry, a pris clairement position pour une application stricte du non-cumul, le président François Hollande s'est montré plus souple sur la mise en œuvre effective, avant son entrée à l'Élysée. Le député des Landes s'est aussi interrogé sur «la question du curseur», estimant qu'«on ne pourra pas mettre la même règle probablement pour tous les maires». Les petites communes pourraient être exemptées de cette règle.