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[b]Les cabines UV causent chaque année 70 cancers mortels
Publié le 22/05/2012
Contrairement aux idées reçues, les UV artificiels ne permettent pas de préparer la peau au soleil, ne fixent pas la vitamine D et ne protègent pas contre la dépression saisonnière.
Entre 566 et 2288 décès seront attribuables à ces ultraviolets artificiels en France dans les trente ans qui viennent.
Voilà des années que les dermatologues alertent le grand public sur le risque sanitaire lié au bronzage artificiel. Une étude publiée mercredi 23 mai dans le
Bulletin épidémiologique hebdomadaire leur apporte un argument chiffré, en évaluant le nombre de morts spécifiquement attribuables aux cabines à rayons ultraviolets en France. «Entre 566 et 2288 décès peuvent être attendus dans les trente prochaines années, si les expositions des Français aux cabines de bronzage ne changent pas», conclut l'équipe de chercheurs à l'origine de ce travail original, mené pour l'Institut de veille sanitaire. Soit autant que les décès imputés au Médiator, qui a été retiré du marché.
Les scientifiques estiment que 4,6% des mélanomes cutanés, soit 347 cas annuels, sont attribuables aux bancs solaires. L'impact est plus important chez les femmes (76% des cancers). Les UV artificiels sont classés depuis 2009 sur la liste des agents cancérogènes pour l'homme, au même titre que le rayonnement solaire. Ils sont également impliqués dans le vieillissement cutané prématuré, la dégénérescence maculaire de la rétine et la cataracte.
«Dans l'absolu, le risque de cancer reste modéré, mais il est régulièrement réévalué à la hausse par les études qui suivent des populations sur du long terme, commente Mathieu Boniol, directeur de recherche à l'International Prevention Research Institute. Nous avons encore peu de recul, car le bronzage artificiel est assez récent en France.»
Les femmes et les jeunes surreprésentésCette pratique est en forte croissance. Selon le Baromètre cancer 2010, 13,4% des Français se sont exposés à ce type d'UV au moins une fois au cours de leur vie, dans des instituts de beauté ou des centres de bronzage. Un tiers d'entre eux les fréquentent plus de dix fois par an. Les femmes et les jeunes sont surreprésentés. «Or le risque est multiplié par deux lorsque la première exposition a lieu avant 35 ans», note Mathieu Boniol.
Par ailleurs, les idées fausses sur les bienfaits présumés des UV artificiels ont la vie dure. Un quart des personnes interrogées pense qu'ils préparent la peau et permettent d'éviter les coups de soleil. Les cabines sont également censées transformer la vitamine D ou protéger contre la dépression saisonnière. «Toutes ces allégations, véhiculées par les professionnels, sont fausses», réfute l'Institut national d'éducation et de prévention pour la santé (Inpes).
Citant «les doses élevées d'UV autorisées» et «les restrictions d'usage peu contraignantes», les médecins plaident pour un renforcement de la réglementation. Un décret interdisant les offres commerciales agressives et renforçant les contrôles était en préparation à la Direction générale de la santé. Sa publication est attendue. Dans un numéro du
BEH entièrement consacré à cette «menace bien réelle pour la santé», Jean Civatte et Jacques Bazex, membres de l'Académie de médecine, n'hésitent plus de leur côté à avancer l'idée d'une «politique d'interdiction progressive des cabines de bronzage telle que l'ont décidée le Brésil et l'État de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie».
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Une journée de dépistage des cancers de la peauAvec près de 10.000 nouveaux cas par an, le mélanome malin est un cancer fréquent, qui a pour particularité de toucher des sujets relativement jeunes. Cette tumeur tue environ 1600 personnes chaque année. «Dépisté à temps, c'est-à-dire au tout début de son évolution, le mélanome peut être combattu efficacement», souligne le Dr Claudine Blanchet-Bardon, vice-présidente du Syndicat national des dermatologues-vénérologues, qui organise la Journée nationale de prévention et de dépistage des cancers de la peau. L'opération se tiendra cette année le jeudi 24 mai, dans 250 centres en France*. En 2011, 33 mélanomes et 520 carcinomes ont été détectés par les médecins bénévoles. L'accent est également mis sur le rappel des consignes de prévention: ne pas s'exposer entre midi et 16 heures, protéger la peau et les yeux des enfants, privilégier les protections vestimentaires.
* Pour connaître la liste, 30 15 (appel gratuit depuis un poste fixe) ou Dermatos.fr