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Hollande veut «convaincre» les électeurs FN
Mis à jour le 24/04/2012 à 22:42 | publié le 24/04/2012 à 20:40
François Hollande était mardi dans l'Aisne, à Hirson, où Marine Le Pen a recueilli 25% des voix au premier tour de la présidentielle.
Pour le candidat PS, l'électeur frontiste est avant tout une victime de la politique de Nicolas Sarkozy.
L'extrême droite, c'était l'ennemie. La gauche a toujours considéré la famille Le Pen comme absolument infréquen­table. Mais l'électorat du FN s'installant dans le paysage politique, il a bien fallu changer de discours. Avec 17,9 % au premier tour, Marine Le Pen trouble le second tour et force le favori François Hollande à regarder cette réalité. «Le vote FN a changé de nature entre 2002 et 2012», a-t-il expliqué mardi dans
Libération.
Une part de cet électorat «vient de la gauche et devrait se retrouver du côté du progrès, de l'égalité, du changement, de l'effort partagé, de la justice, parce qu'il est contre les privilèges, contre la mondialisation financière, contre une Europe défaillante», a-t-il ajouté. «À moi de les convaincre que c'est la gauche qui les défend, a-t-il poursuivi. C'est ma responsabilité de m'adresser tout de suite à ces électeurs qui n'adhèrent pas forcément aux idées du FN mais qui expriment, avant tout, une colère sociale.»
Entre les deux tours, c'est à cet électorat que veut aussi s'adresser Hollande. Pas tant à l'électeur de Le Pen qu'à la ­victime de «la désindustrialisation, de l'abandon des services publics». Mardi, il était à Hirson, dans l'Aisne, sous une pluie battante. Une centaine de militants étaient restés pour l'écouter, sur des ­terres où Marine Le Pen est arrivée en deuxième position avec 25 % des voix, juste derrière François Hollande, 30,8 %.
Vote de colèrePour le candidat PS, l'électeur frontiste est avant tout une victime de la politique de Nicolas Sarkozy. «La colère, elle est par rapport à des promesses qui n'ont pas été tenues, a-t-il lancé depuis la petite tribune d'où il s'exprimait. Et après, on s'étonne qu'il y ait des suffrages qui se portent sur des candidatures qui expriment une colère.» En insistant sur la sanction du chef de l'État, la gauche veut rappeler de manière subliminale aux électeurs que pour continuer à exprimer leur désaveu du président sortant, il faut voter Hol­lande le 6 mai. Ils espèrent contrecarrer les reports de voix du FN vers Sarkozy.
Les socialistes scindent finalement les électeurs de Le Pen en deux catégories. D'un côté, ceux qui adhèrent aux idées d'extrême droite. Inutile de les chercher. De l'autre, ceux qui expriment un vote de colère. Quant à savoir laquelle est majoritaire? Les socialistes sont partagés. Pour Benoît Hamon, leader de l'aile gauche, la première l'emporte. «Une grande partie de l'électorat de Marine Le Pen est un électorat xénophobe, qui exprime à travers son vote une pensée, une conviction, une humeur xénophobe et islamophobe», a-t-il déclaré sur RFI. «Une grande majorité des électeurs de Marine Le Pen ne sont pas racistes», estime à l'inverse Razzy Hammadi, autre responsable de l'aile gauche.
Pour Hollande, l'exercice de reconquête de cette population est compliqué. L'électorat Le Pen est aussi composé de personnes qui ont rompu avec la gauche depuis dix ans. Jamais le PS n'a réussi à leur parler à nouveau et surtout à les convaincre de revenir vers lui. «Ce sont des votes qui, en définitive, ne veulent pas construire, a noté Hollande. Mais en même temps, nous devons les comprendre».
«Je m'adresse à tous les Français sans regarder ce qu'ils ont pu voter. Comment pourrais-je le savoir? Ça ne s'écrit pas sur les visages. Il n'y a pas de vote d'apparences, il y a des votes de souffrance, et je dois être attentif à ces votes-là, a-t-il résumé. Maintenant, je suis le candidat de la gauche et je ne vais pas mettre mon drapeau dans ma poche. Je suis socialiste.»
François Hollande a donné comme consigne de ne pas «changer d'axe de campagne». Il insiste quand même plus qu'auparavant sur l'enjeu de la réorientation européenne ou la politique industrielle… Pour conclure son discours, mardi, le candidat socialiste l'a assuré: «J'ai entendu les cris de colère, j'ai répondu par un message d'espoir.»
Parler aux électeurs du FN tout en dénonçant le virage à droite de Sarkozy, c'est le défi de la gauche. Les socialistes sont en effet dans la diabolisation du président-candidat. «Le second tour oppose François Hollande à Marine Le Pen», ironise ainsi Pouria Amirshahi, l'un des secrétaires nationaux du PS. Le nom de Le Pen reste synonyme d'adversaire à gauche.