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Hollande veut tenir son cap
Mis à jour le 31/12/2012 à 21:32 | publié le 31/12/2012 à 20:52
François Hollande, lundi soir, depuis l'Elysée.
L'allocution du chef de l'Etat, pour ses voeux du Nouvel an, était placée sous le signe des difficultés : crise, chômage, faux pas du gouvernement… Mais il s'est malgré tout voulu optimiste.Ça commence comme d'habitude: Marseillaise et plan large sur l'Elysée. Puis François Hollande apparait derrière un pupitre, devant les drapeaux français et européens, deux rideaux rouge. On aperçoit le jardin derrière le président. Sa cravate est droite. Son service de communication a pour une fois fait son travail… Le président de la République, élu en mai, prononce pour la première fois ses vœux de bonne année, «fidèle à une belle tradition». Une allocution de huit minutes placée sous le signe des difficultés: la crise, le chômage qui progresse, les faux pas du gouvernement… «Je n'ignore rien de vos inquiétudes, elles sont légitimes. Je n'entends pas vous dissimuler les difficultés qui nous attendent, elles sont sérieuses», commence-t-il. Mais il veut se montrer positif. «Ce soir, je veux vous dire ma confiance dans notre avenir», assure-t-il en se félicitant des résultats obtenus: la zone euro a été stabilisée. L'exercice est compliqué pour le chef de l'Etat, profondément impopulaire six mois après son élection.
VIDEOSLe résultat des «trois décisions» revendiquées par le chef de l'Etat pour redresser la France sont encore à attendre: pacte de compétitivité, maîtrise de la finance et rétablissement des comptes. Sur ce dernier point, le président annonce une cure d'austérité sévère pour l'Etat: «Un effort a été demandé. Je sais ce qu'il représente après déjà tant d'années de sacrifices. Je vous assure que chaque euro prélevé sera accompagné d'une lutte drastique pour réduire les dépenses publiques inutiles». «Cette marche en avant ne s'est pas faite sans soubresaut ni contretemps, j'en conviens», poursuit-il sans qu'on sache s'il parle des couacs de son gouvernement ou de la récente annulation par le Conseil constitutionnel de la taxe à 75% pour les plus riches. Celle-ci sera «réaménagée» pour pouvoir être soumise à nouveau au Parlement mais «sans changer son objectif». «Le calendrier que j'ai fixé c'est de faire les réformes maintenant pour sortir de la crise plus vite et plus fort», martèle François Hollande avant de décréter une année de «mobilisation» en 2013. Il tient à sa promesse: «Toutes nos forces seront tendues vers un seul but: inverser la courbe du chômage d'ici un an. Nous devrons y parvenir coûte que coûte». Nul doute que le propos lui sera rappelé lors de ses vœux pour 2014, dans un an.
«Le cap sera tenu. Contre vents et marées. Je n'en dévierai pas. Non par obstination mais par conviction, clame François Hollande, transformé en capitaine de tempête. Si le président manie la rhétorique, il sait qu'il ne pourra réussir seul. «L'Etat n'est pas le seul acteur. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a ouvert la négociation sur la sécurisation de l'emploi», lance-t-il. La formule habile n'est pas loin cependant de celle prononcée par Lionel Jospin: «L'Etat ne peut pas tout». François Hollande attend beaucoup des résultats de cette négociation qui aurait du s'achever à la fin de l'année et qui a été prolongée. Faute d'accord, le président «assumera ses responsabilités». Il passera par la loi. Rapidement, il évoque aussi les «grands débats» de société de l'année: le mariage pour tous, la fin de vie, le non cumul des mandats. A la fin de son intervention, il mentionne les «plus fragiles». «Ce ne sont pas des assistés», explique-t-il sans en dire plus sur sa politique de solidarité.
Eviter le faux-pas de l'étéFrançois Hollande voulait être positif? Ses vœux sont à mettre en parallèle avec ceux de la chancelière allemande Angela Merkel, qui a annoncé une année 2013 encore plus difficile que la précédente, ou ceux du syndicaliste Edouard Martin, qui a enregistré des vœux devant les hauts fourneaux de l'aciérie de Florange dont François Hollande n'a pas pu empêcher la fermeture. «Ne vous taisez pas! Combattez, luttez! Ne laissez pas faire cette classe dominante qui essaie de nous mettre à terre», lance le porte-parole de l'intersyndicale, qui s'était senti «trahi» par le gouvernement.
L'allocution du chef de l‘Etat, sur laquelle il avait travaillé jusqu'à la dernière minute, avait été enregistrée dans l'après-midi et tenue secrète. Ensuite, en début de soirée, François Hollande s'est rendu à l'hôpital Lariboisière à Paris pour visiter le service d'urgence. Le président soigne sa communication et veut éviter de rééditer le faux pas de l'été: il avait alors considéré comme normal de prendre quelques jours de repos. Les Français avaient plutôt considéré qu'il était absent de son poste. Cette fois, comme pouvait le faire son prédécesseur Nicolas Sarkozy, il veut montrer qu'il est au travail.
Cette idée a été relayée lundi toute la journée par les principaux membres du gouvernement, mobilisés eux aussi. Le premier ministre Jean-Marc Ayrault s'est rendu, avec le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, à la Préfecture de police de Paris puis au centre opérationnel de la brigade des sapeurs-pompiers. Le chef du gouvernement a ensuite participé à un réveillon solidaire. Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, il était notamment à Gueugnon dans la matinée auprès des salariés de l'usine Aperam, un fabricant de tôles contrôlé par Mittal, endommagée la semaine dernière par un incendie. D'autres ministres étaient sur le pont: Marisol Touraine, Cécile Duflot ou encore Jean-Yves Le Drian. Le ministre de la Défense était auprès des derniers soldats en Afghanistan: lundi soir, les dernières troupes combattantes ont quitté le pays.