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François Bayrou veut réveiller les abstentionnistes
Mis à jour le 17/04/2012 à 00:28 | publié le 16/04/2012 à 22:39
En meeting à Lyon, ancienne terre centriste, le président du MoDem se pose comme le seul candidat à « dire la vérité » et appelle à la constitution d'une majorité nouvelle.
Des vents mauvais auront finalement eu raison de son déplacement prévu lundi après-midi sur l'île d'Ouessant, où il devait se rendre sur le phare du Créac'h. Qu'importe! À moins d'une semaine du premier tour de l'élection présidentielle, François Bayrou est bien décidé à ne rien lâcher à ses adversaires. Le candidat centriste, bien que crédité depuis maintenant deux semaines de 10 % d'intentions de vote, en a refait la démonstration lundi soir, salle Eurexpo, configurée pour accueillir 2000 personnes, près de l'aéroport Saint-Exupéry à vingt kilomètres de Lyon.
Pour François Bayrou, ce petit passage obligé sur ces terres autrefois centristes - l'ancien maire de la capitale des Gaules, Raymond Barre, fut l'un de ses mentors en politique -, a donc été l'occasion de faire comme si. À l'entrée de la salle, les tee-shirts barrés d'un «Bayrou président» se vendent 5 euros. Bref, comme il l'avait déclaré le matin même sur Europe 1, le troisième homme de 2007 a répété que, pour lui, les jeux n'étaient pas faits. «Plus de 60 % des Français ne veulent pas d'un second tour Hollande-Sarkozy. Et pourtant, on les tympanise tous les jours avec un vote prédécidé», dénonce-t-il.
«Doublement révolutionnaire»Souvent, en meeting, François Bayrou a pourtant tendance à s'excuser auprès de son public de lui dire ce qu'il a à dire. «Excusez-moi de vous le dire, mais…», commence-t-il régulièrement. Le candidat centriste prend moins de précautions de langage quand il est l'invité d'une radio. Ainsi sur Europe 1, lundi matin, il a usé d'images qu'on lui connaissait assez peu. Dans l'esprit de 2007, il a affirmé que les grands médias «gavent» les Français, «comme on gave les oies, avec de la pâtée Sarkozy-Hollande». Et a encore jugé «navrant» le battage médiatique du week-end autour des deux meetings des favoris.
Faut-il voir un changement de ton pour cette dernière ligne droite? «François a été jusqu'à présent dans l'apaisement, mais la manière dont la campagne se déroule le met en colère», expliquait dernièrement sa directrice de campagne, Marielle de Sarnez. Bayrou en colère, ça donne donc, comme dimanche à Marseille, des piques contre les «truqueurs»… C'est-à-dire François Hollande et Nicolas Sarkozy, qu'il continue de renvoyer dos à dos.
Porte-parole de la campagne centriste, Yann Wehrling a, de son côté, dénoncé dans un communiqué «de graves manquements» à la stricte égalité du temps de parole des candidats à l'Élysée. Et a réclamé un «rééquilibrage». Selon lui, «malgré la recommandation du CSA», l'ensemble des médias seraient «dans une logique d'anticipation du second tour», qui conduirait à «une bipolarisation évidente» de la campagne. Ce qui fait encore dire à Christophe Madrolle, secrétaire général adjoint du MoDem, que voter François Bayrou serait «doublement révolutionnaire». Seule façon, selon lui, de «casser le bipartisme PS-UMP et de construire ainsi une majorité nouvelle centrale et stable à l'abri des dérives extrémistes».
Alors, lundi soir, devant son public lyonnais, au milieu des drapeaux tricolores et européens, le candidat centriste est revenu sur «la journée de dupes» de dimanche, où, selon lui, Nicolas Sarkozy, place de la Concorde à Paris, et Francois Hollande à Vincennes, «ont montré chacun une vision partisane du peuple de France, tandis que nous, nous proposons une vision nationale!»
Profitant d'une longue séquence d'applaudissements, Bayrou, qui s'est lancé à la tribune dans un long discours sans notes, en profite alors pour tomber la veste. Il reprend son air le plus grave. «Quand le peuple français est devant un choix vital, il y a une référence, dit-il. C'est le conseil national de la résistance, qui a unifié les forces démocratiques du pays avec l'objectif de le reconstruire» en 1943. Puis reprenant son appel à l'«unité nationale», le Béarnais lance: «Nous sommes les héritiers du Conseil national de la Résistance. Nous le revendiquons (…). Je n'accepte aucune retraite ou défaite!» Dans le public, un groupe de militants en est persuadé: «C'était son meilleur discours.»