François Bayrou, un genou à terre

WEB - GOOGLE - Actualité > Politique

François Bayrou, un genou à terre

Publié le 11.06.2012, 05h04


Bizanos (Pyrénées-Atlantiques), hier. François Bayrou abordera le second tour dans une périlleuse triangulaire.

François Bayrou n’est arrivé qu’en fin de soirée. Signe coutumier des soirées électorales difficiles, quand, plus que jamais, il lui faut prendre le temps de soupeser ses mots. Dans sa brève déclaration prononcée depuis le petit centre culturel de Bizanos, à la périphérie de Pau, il a économisé le vocabulaire, soucieux de faire bonne figure. « Nous allons livrer la bataille sans rien lâcher… Il faut à l’Assemblée des voix libres et pas seulement des députés inféodés à un camp ou à un autre. Il faut des députés qui pensent autrement qu’en termes d’affrontements et conçoivent l’avenir dans un esprit d’intérêt national… »

Le président du MoDem n’est pas vaincu, mais il a mis un genou à terre dans son fief. Il aborde le second tour dans une périlleuse triangulaire, distancé de 11 points par la candidate PS Nathalie Chabanne.

Arrivé en seconde position, il a recueilli 23,63%, soit 3 points de mieux qu’au premier tour de la présidentielle. Mais il ne pourra pas, comme en 2007, compter sur le retrait de l’UMP. Malgré sa faible notoriété, Eric Saubatte, avec 21,72% des suffrages exprimés peut se maintenir dimanche prochain. L’UMP tient aujourd’hui un conseil départemental pour en décider, mais le maintien de son candidat semble acquis. Saubatte a capitalisé sur l’électorat de Bayrou, qui a été désorienté par son vote personnel en faveur de François Hollande à la présidentielle. Le centriste pensait pourtant avoir fait œuvre de pédagogie auprès de ceux qui le réélisent sans discontinuer depuis 1986. Las. « Je leur dis ma confiance et mon amitié. Ils se décideront en conscience » a-t-il lancé « Au premier tour, on exprime ses éventuelles réserves. Au second, on dit quelle personnalité on veut pour représenter sa région », veut-il croire.

Hier soir, la consternation se lisait sur les visages des sympathisants venus dans le petit centre culturel. « Il a payé son courage de voter Hollande. D’habitude, c’est l’inverse, on dit que le courage paie! » se lamente une proche. « Il peut encore gagner la triangulaire », tente de se rassurer François, militant de Bizanos qui a vu Bayrou débuter en politique il y a trois décennies. « Les gens lui ont adressé un avertissement, mais ils vont corriger le tir dimanche prochain. Ils ne peuvent pas tourner la jaquette comme ça, après trente-cinq ans de fidélité. Ils vont se ressaisir ou alors ce sont des sanguinaires! » dit le retraité.

Hier soir, la vice-présidente du MoDem, Marielle de Sarnez, estimait aussi avec la foi du charbonnier que la réélection de François Bayrou « était à portée de main ». Confronté au pire des scénarios, le centriste ne pourra guère compter sur un geste du PS. « Oui, nous avons eu raison d’avoir une candidate. Notre stratégie est légitimée, » prévient Pierre Chéret, secrétaire départemental du PS. « La question de notre retrait ne se pose plus. La discussion est close. Nous mènerons campagne jusqu’au bout, à fond, pour n’avoir aucun regret dimanche prochain », ajoute-t-il à toutes fins utiles. Pour Bayrou, l’avis de tempête est lancé!