Le Monde.fr avec AFP | 28.05.2014 à 06h48 • Mis à jour le 28.05.2014 à 07h19
Manuel Valls, le 27 mai à l'Assemblée.
François Hollande a répondu depuis Bruxelles, mardi 27 mai, aux élus socialistes de l'Assemblée réclamant une inflexion à gauche après la débâcle de la majorité aux Européennes. Plus tôt dans la journée, une partie d'entre eux avaient également eu une discussion avec le premier ministre Manuel Valls, venu s'exprimer devant le groupe de l'Assemblée.
« Le roi est nu »
Ces gestes du président et de son premier ministre ont lieu alors qu'une trentaine d'élus PS expriment depuis dimanche leur traumatisme après des élections marquées par une très forte abstention, un FN en tête et un PS à son plus bas niveau à un tel scrutin.
Mardi à l'Assemblée, l'élu du Pas-de-Calais Guy Delcourt a été jusqu'à parler d'« un problème » dans la relation entre François Hollande et les Français. Sentiment « partagé par d'autres députés et renforcé par l'intervention en décalage du président » lundi soir, selon un élu.
« En donnant le sentiment de fermer la porte [à tout changement], le président a tiré la plus mauvaise des leçons de ce scrutin », s'est quant à lui emporté Pascal Cherki, de l'aile gauche, pour lequel « le roi est nu ».
Autre traduction du traumatisme, l'un des vice-présidents du groupe, Olivier Faure, a glissé devant ses camarades que les socialistes n'étaient pas assurés d'être au second tour de la présidentielle de 2017. D'autres socialistes se désespèrent enfin de voir arriver les résultats. Il faut « accélérer les réformes qui doivent se répercuter sans délai dans le quotidien », a résumé l'une des porte-parole du groupe, Annick Lepetit.
« Silence de mort »
Manuel Valls a, en réponse, appelé ces députés, lors d'une réunion à huis-clos à l'Assemblée, à « faire bloc » et à ne pas renoncer « face au FN ». Le premier ministre a exclu toute « alternative » à gauche de la politique du gouvernement vu les mauvais résultats des écologistes et du Front de Gauche. Mais il a évoqué « plus de justice sociale », une baisse des impôts amplifiée « dès l'automne » ou « une France qui se bat au niveau européen ».
Si plusieurs députés ont confié ensuite avoir apprécié son intervention, « un silence de mort » l'a suivie selon un participant, tant les inquiétudes sont profondes. Deux semaines plus tôt, l'ambiance était pourtant au beau fixe entre les députés et le premier ministre.
M. Valls est ensuite monté au créneau pas moins de six fois dans l'après-midi devant un hémicycle bien garni pour les questions d'actualité, appelant tous les députés à la « responsabilité » et à rejeter la « démagogie » après le résultat aux élections européennes.
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Certaines piques du premier ministre ont notamment ciblé le chef de file des députés Front de Gauche, André Chassaigne, qui déclarait dans la journée :
« A force de renoncements aux promesses de campagne, François Hollande et son gouvernement portent la responsabilité du cataclysme électoral de dimanche. ».
« Parler en responsabilité »
Face à toutes ces critiques, M. Hollande a répondu indirectement mardi soir depuis Bruxelles en justifiant un besoin de davantage de réformes liées aux politiques de réduction des déficits publics.
« Il faut entendre les électeurs et les élus » mais « il faut leur parler aussi en vérité, en sincérité, en responsabilité. Est-ce que j'aurais pu faire en 2012 comme mes prédécesseurs [et] dire on laisse filer, la dette va encore s'alourdir, on va pouvoir distribuer un argent qu'on n'a pas ? Non. (...)
Des délais nous en avons eu, des assouplissements, il y en a eu aussi . Mais nous ne pouvons pas vivre avec une dette aussi lourde, avec des déficits qui se sont accumulé depuis des années. ».
Le président a également assurer qu'il œuvrait principalement dans l'intérêt de la France, face au sceptiscisme exprimé lors du scrutin quant au rôle de l'Europe.
Les réformes pour « favoriser l'embauche et éviter les licenciements, nous les faisons, ce n'est pas l'Europe qui nous le demande. (...) Les réformes pour le financement de notre économie, le renforcement de notre industrie nous les faisons dans notre intérêt, pas pour l'Europe », a-t-il énuméré.
Il a plaidé avoir fait « des choix pour que la France soit plus compétitive, soit plus préparée aux défis de demain et également soit plus juste dans ses décisions. (...) Moi je ne suis pas pour me défausser. C'est trop facile de dire que c'est à cause de l'Europe. »