Le Monde.fr avec AFP | 25.02.2014 à 17h47 • Mis à jour le 26.02.2014 à 10h02
Claude Goasguen, en 2010.
Après les violences à Nantes, les noms d'oiseau dans l'hémicycle. Les questions d'actualité au gouvernement ont dégénéré, mardi 25 février, à l'Assemblée nationale, au sujet de la manifestation contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les participants ont tiré des projectiles en direction des forces de l'ordre, qui ont chargé à plusieurs reprises. En fin d'après-midi, le centre-ville de Nantes affichait des scènes de dévastation : les casseurs ont notamment saccagé plusieurs vitrines de magasins et un poste de police.
Interrogé mardi par Yannick Moreau, député de Vendée, sur une éventuelle dissolution des black blocs, hostiles aux institutions et mis en cause dans les débordements samedi 22 février, Manuel Valls a renvoyé le député de Paris, Claude Goasguen, à son passé d'extrême droite : « Face à l'ultragauche, face à l'ultradroite, face à cette extrême droite, eh bien nous répondons. Monsieur Goasguen, vous en venez, de l'extrême droite, vous savez ce qu'il en est. Nous, nous ne sommes complaisants avec personne, vous, vous l'êtes. »
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Le ministre de l'intérieur faisait référence au passé de M. Goasguen, qui est souvent présenté comme un ancien membre d'Occident, formation étudiante d'extrême droite. Dans le livre Génération Occident, Frédéric Charpier, qui a eu accès aux fichiers des renseignements généraux de l'époque, le présente comme « l'un des hommes qui comptent à Occident ».
Claude Goasguen a réfuté cette appartenance dans les couloirs de l'Assemblée, reconnaissant seulement avoir soutenu le candidat d'extrême droite de l'époque, Jean-Louis Tixier-Vignancourt :
« Je n'ai jamais été membre d'Occident, contrairement à des proches comme Alain Madelin, Gérard Longuet, Patrick Devedjian, mais président de la corpo d'Assas [syndicat étudiant de droite]. (…) Etant alors partisan de l'Algérie française, j'ai soutenu Jean-Louis Tixier-Vignancourt [candidat d'extrême droite à la présidentielle de 1965]. Mais tous ceux qui défendaient l'Algérie française n'avaient pas une démarche d'extrême droite. M. Valls perd les pédales ! »
BOYCOTT ANNONCÉ DES QUESTIONS À L'ASSEMBLÉE
Cette saillie de Manuel Valls a provoqué la colère de l'UMP, dont une grande partie des députés ont quitté l'hémicycle. « Ses propos ignobles et sa perte de sang-froid, incompatibles avec les fonctions qu'il exerce, auraient dû a minima être condamnés par le premier ministre », a fustigé le président du groupe UMP à l'Assemblée, Christian Jacob, avant de demander des excuses au chef du gouvernement, « sinon ces questions au gouvernement n'ont plus aucun sens, aucun intérêt pour nous ».
Dans la soirée, les députés UMP en ont même annoncé dans un communiqué que, « faute d'excuses formelles », ils boycotteraient la séance de questions au gouvernement du mercredi 26 février, ce qui serait un fait rarissime. Unique précédent depuis l'instauration de ce rituel parlementaire en 1974, les députés PS avaient boycotté plusieurs séances d'affilée en 2009 pour exiger des garanties sur leurs droits d'expression, dans le cadre d'une réforme du règlement de l'Assemblée menée à l'époque.
Sans s'excuser, le ministre de l'intérieur a de son côté expliqué devant les députés restants qu'il n'avait pas apprécié la comparaison entre les violences à Kiev et à Nantes dans la question du député Yannick Moreau.
Dans l'Hémicycle, l'ambiance était agitée depuis le début de cette avant-dernière séance de questions au gouvernement avant cinq semaines de pause en raison des municipales. « Ce n'est qu'un au revoir », ont notamment chanté ironiquement des députés UMP pendant une intervention de M. Ayrault, certains faisant au revoir de la main, en allusion aux rumeurs de départ du Premier ministre de Matignon après les municipales.
Lire le cadrage : Notre-Dame-des-Landes : l'UMP profite des turbulences gouvernementales
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