L'ONG Anticor veut qu'un juge enquête sur les sondages du gouvernement Fillon
Le Monde.fr avec AFP | 20.11.2013 à 07h53 • Mis à jour le 20.11.2013 à 08h26
Photo de famille du gouvernement Fillon autour du président Nicolas Sarkozy, le 18 mai 2007.
L'association Anticor a annoncé, mercredi 20 novembre, le dépôt d'une nouvelle plainte à propos des dépenses de sondages et de communication du gouvernement de François Fillon, en soupçonnant des faits de favoritisme et de détournement de fonds publics.
Alors que le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire à la fin de 2012, à la suite d'une première plainte d'Anticor déjà pour des délits de favoritisme et de détournement de fonds publics, cette plainte avec constitution de partie civile vise à obtenir la désignation d'un juge d'instruction. "C'est la seule solution pour obtenir des avancées dans l'enquête", a affirmé Me Jérôme Karsenti, l'avocat de l'association de lutte contre la corruption.
Lire aussi : Sondages : le gouvernement Fillon visé par une enquête préliminaire
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/04/15/sondages-le-gouvernement-fillon-vise-par-une-enquete-preliminaire_3159967_3224.html
"FINANCEMENT, SUR DENIERS PUBLICS, DE SONDAGES RELATIFS À L'IMAGE"
Anticor se fonde sur un rapport de la Cour des comptes d'octobre 2011 qui épinglait des dysfonctionnements dans les dépenses de communication des ministères sur la période de 2006 à 2010. L'association pointe des sondages, campagnes de communication, conseils stratégiques ou services de "media training" fournis à des ministères sans publicité ni mise en concurrence, d'où les soupçons de favoritisme.
Dans plusieurs cas, la Cour jugeait ces contrats non conformes au code des marchés publics, en dépit des arguments invoqués par les ministères. Plusieurs des contrats visés, dont l'un engagé pour le compte du premier ministre François Fillon, étaient passés avec la société Giacometti-Péron et ont donné lieu à des paiements de plusieurs centaines de milliers d'euros.
Lire l'enquête du Monde : Le business Giacometti, face cachée du pouvoir
http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/02/18/le-business-giacometti-face-cachee-du-pouvoir_1834228_823448.html
La Cour soulevait aussi la question du "financement, sur deniers publics, de sondages relatifs à l'image personnelle des ministres ou à des sujets éloignés de l'action du gouvernement", ce qui peut constituer aux yeux d'Anticor des détournements de fonds publics.
La Cour visait notamment des sondages commandés pour plusieurs dizaines de milliers d'euros par les ministères de la justice et de l'écologie au sujet de la popularité de Rachida Dati et de Jean-Louis Borloo, ou des études d'opinion à propos des prestations télévisées des ministres de la défense Hervé Morin puis Gérard Longuet. Selon Me Karsenti, "il faut mener une enquête pour déterminer des responsabilités" avant une éventuelle saisine de la Cour de justice de la République (CJR) si des faits sont imputables à des ministres en fonction.
L'ÉLYSÉE VISÉ PAR UNE AUTRE PLAINTE
Deux autres plaintes d'Anticor sont à l'origine d'investigations semblables sur les sondages commandés cette fois par l'Elysée pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Au terme d'une longue bataille procédurale, le juge d'instruction parisien Serge Tournaire a obtenu en janvier le droit d'enquêter sur la régularité de tous les marchés conclus entre l'Elysée et neuf instituts de sondage, dont la société Giacometti-Peron, au cours du mandat de Nicolas Sarkozy.
Dans cette affaire, qui pose de nouveau la question de la responsabilité pénale de l'ex-président, des perquisitions ont eu lieu chez Patrick Buisson, à l'époque patron de la société de conseil Publifact et conseiller politique de Nicolas Sarkozy.
Lire le décryptage : L'interminable saga des sondages de l'Elysée
http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/12/11/l-interminable-saga-des-sondages-de-l-elysee_1804557_823448.html