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SOS Racisme porte plainte contre "Minute" après sa "une" sur Taubira
Le 12.11.2013 à 19h53
La ministre de la justice Christiane Taubira à son arrivée à l’Élysée, le 3 novembre.
L'association SOS Racisme a annoncé, mardi 12 novembre, qu'elle allait déposer plainte pour incitation à la haine raciale contre l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, qui titre en "une" Christiane Taubira "maligne comme un singe".
Une de l'hebdomadaire d'extrême-droite
Minute.
"SOS Racisme a décidé de déposer plainte contre Minute suite à une réunion de sa commission juridique", a annoncé sa présidente, Cindy Léoni. La plainte sera déposée prochainement devant le tribunal de grande instance de Paris par Me Patrick Klugman, a-t-elle ajouté.
RÉAGIR, "C'EST FAIRE AUGMENTER LES VENTES"
L'hebdomadaire, à paraître mercredi en kiosque, surfe sur les insultes racistes qui ont récemment visé la ministre de la justice, comparée à une guenon par une ex-militante FN puis par une enfant lors d'une manifestation hostile au mariage pour tous. "Cette nouvelle provocation confirme que les insultes envers la garde des sceaux n'étaient pas un acte isolé", analyse SOS Racisme, qualifiant cette une d'"absolument intolérable et abjecte".
"Il y a bien une stratégie globale de l'extrême droite, qui tente de légitimer l'utilisation de la haine raciale comme forme acceptable du débat démocratique", ajoute l'association, proche du PS, dans un communiqué en appelant à la "vigilance". Comme lors des attaques précédentes, la chancellerie a précisé qu'elle n'envisageait pas d'action en justice. Selon Le Lab d'Europe 1, la garde des sceaux a choisi de ne pas engager d'action juridique contre l'hebdomadaire. Réagir, "c'est faire augmenter les ventes de l'hebdomadaire de 10 %", précise l'entourage de Christiane Taubira.
De nombreux internautes réclamaient "un procès" contre Minute, estimant que sa une tombait sous le coup de la loi. "Couverture abjecte", "à vomir", "du papier toilette", "couverture honteuse"... Les réactions indignées étaient innombrables mardi, le mot "minute" devenant l'un des sujets les plus commentés sur Twitter.
"PROPOS HONTEUX ET NAUSÉABONDS"
Plusieurs membres du gouvernement ou du Parti socialiste ont également tenu à dénoncer la une de l'hebdomadaire et exprimer leur soutien à Christiane Taubira. Harlem Désir, premier secrétaire du PS et ancien président de SOS Racisme, a ainsi réclamé la saisie du numéro incriminé de l'hebdomadaire d'extrême droite.
La ministre des sports, Valérie Fourneyron, a dénoncé une "une inacceptable", toujours sur Twitter. "J'apporte tout mon soutien à ma collègue Christiane Taubira devant ces propos honteux et nauséabonds". La ministre de la santé, Marisol Touraine, a écrit un tweet pour dénoncer cette une "incitant à la haine raciale".
LE PEN "HEUREUSE" DE SE FAIRE "CRACHER DESSUS" PAR "MINUTE"
A droite, les réactions indignées se font moins nombreuses. Le député UMP Eric Ciotti s'est toutefois déclaré "choqué" par "La une de Minute". "C'est une provocation, une dérive, je la condamne. Le racisme n'a aucune place dans le débat politique. Mais je mets aussi en garde la majorité sur les tentatives de récupération de ces sujets. Lorsqu'on veut les exploiter politiquement, on les entretient aussi", a-t-il précisé dans les couloirs de l'Assemblée nationale.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a également condamné Minute sur son compte Twitter, se déclarant "heureuse" de se "faire cracher dessus chaque semaine par Minute" Le FN a pris ses distances avec Minute, en particulier depuis janvier, quand le journal avait fait sa une sur un supposé lobby gay au sein du parti. Marine Le Pen avait alors qualifié le journal de "torchon".