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Les Américains veulent interdire l'usage des acides gras trans
Publié le 08/11/2013
Viennoiseries, produits panifiés, margarines ou barres chocolatés... Ces produits, qui présentent peu d'intérêt nutritionnel, peuvent regorger d'acides gras trans sans qu'il soit aisé au consommateur de les débusquer.
Chéris par l'agroalimentaire aux Etats-Unis, les acides gras trans sont mauvais pour la santé . La FDA (food and drug administration) donne deux mois à l'industrie pour trouver des alternatives .
Les autorités sanitaires américaines veulent les éradiquer. Longtemps chéris de l'agroalimentaire, les acides gras trans sont accusés de bien des maux. Les industriels ont pourtant fait des efforts pour s'en passer, mais la Food and Drug Administration (FDA) a jugé cela insuffisant.
L'Agence de santé américaine a donc annoncé jeudi qu'elle ouvrait une consultation publique de 60 jours pour permettre aux industriels de trouver des alternatives. Les acides gras trans pourraient ensuite devenir des additifs alimentaires, ce qui soumettrait à autorisation officielle leur présence dans les produits industriels.
«Bien que la consommation de graisses hydrogénées artificielles potentiellement dangereuses pour la santé ait diminué ces deux dernières décennies aux Etats-Unis, elle demeure une préoccupation majeure de santé publique», a déclaré la directrice de la FDA, le Dr Margaret Hamburg, qui veut «protéger un plus grand nombre d'Américains».
Plus stables à température ambiante
Il existe deux types d'acides gras insaturés: les «gentils», qui ne sont pas «trans», et les «méchants» qui le sont. C'est la même molécule, mais les atomes qui la composent sont placés selon une géométrie spatiale différente qui rend les seconds plus stables à température ambiante. Ce qui en a fait des alliés très précieux de l'industrie agroalimentaire, à la recherche de graisses faciles à utiliser et à conserver.
Les acides gras trans (ou AG trans) peuvent avoir une origine naturelle ou être créés de la main de l'homme. A l'état naturel, ils sont produits par des bactéries dans l'estomac des ruminants, avant de migrer dans les graisses corporelles et le lait. Sur nos tables, on les retrouve donc dans les produits laitiers et certaines viandes. Il n'y a pas de problème concernant ces AG trans «naturels», nous dit l'Anses dans un avis de 2005. Nul besoin donc de limiter notre consommation de yaourts, tout juste l'agence française recommande-t-elle de délaisser les steacks à 15 % de matière grasse pour leur préférer ceux à 5 %.
Risques cardio-vasculaires
En revanche, d'autres AG trans guettent nos assiettes pour mieux boucher nos artères, et ce sont ceux que vise la recommandation américaine. Ils sont fabriqués par la ménagère (lorsqu'elle chauffe l'huile de sa friteuse), mais surtout par les industriels, lors du raffinage des huiles et lorsqu'ils procèdent à l'«hydrogénation partielle» des graisses. Une opération qui rend celles-ci (donc les produits qui en contiennent) plus résistantes aux hautes températures (votre biscuit préféré ne fond pas) et moins sujettes à l'oxydation (il ne rancit pas au fond de votre poche).
Lorsque la part totale des acides gras trans dépasse 2% des apport énergétiques journaliers, nous dit l'Anses, on s'expose à des risques cardio-vasculaires: non seulement les acides gras, «trans» ou non, font monter le taux de «mauvais» cholestérol (LDL), mais les «trans» font également baisser celui de «bon» cholestérol (HDL). «La communauté scientifiques est unanime sur le danger des ces AG trans», explique Jean-Michel Chardigny, directeur de l'Unité Nutrition Humaine à l'Inra. Précisons qu'ils n'ont aucune utilité nutritionnelle, contrairement à leurs cousins saturés qui sont nécessaires en petite quantité. Certaines études, moins solides, suggèrent aussi un effet sur le cancer. «Un risque potentiel, mais qui n'est pas démontré», tempère Jean-Michel Chardigny.
Les industriels savent s'en passer
Le consommateur français est relativement sage, nous dit l'Anses: les AG trans représentaient 1,3% des apports énergétiques totaux (AET) en 2005, selon l'enquête alimentaire Inca, et seulement 1% en 2008. Seuls 5% des adultes dépassaient le seuil recommandé. En outre, 60% des AG trans totaux consommés par les adultes étaient d'origine animale, les moins mauvais d'entre eux. En revanche, les garçons de 12 à 14 ans étaient, toujours en 2005, les plus gros consommateurs d'AG trans, ils représentaient près de 2,5% de leur alimentation... Un taux équivalent à la moyenne des consommateurs américains. Aux Etats-Unis, la FDA a indiqué que la consommation avait baissé de 78% entre 2003 et 2012, essentiellement grâce à l'étiquetage imposé aux industriels à partir de 2006!
Viennoiseries, produits panifiés, margarines ou barres chocolatés... Ces produits, qui présentent peu d'intérêt nutritionnel, peuvent regorger d'acides gras trans sans qu'il soit aisé au consommateur de les débusquer. Les industriels ont pourtant trouvé d'autres processus de fabrication. «Depuis le milieu des années 1990, on constate en Europe de l'Ouest une baisse importante, voire la suppression totale des AG trans dans un certain nombre de produits», se réjouit Jean-Michel Chardigny. La situation en France s'est donc grandement améliorée, ce qui est moins vrai aux Etats-Unis où les comportements alimentaires sont très différents. La FDA a donc dû adopter une attitude beaucoup plus contraignante car, pour Jean-Michel Chardigny, «si ça n'a pas toujours été facile, aujourd'hui les industriels savent parfaitement s'en passer».
Si toutefois vous doutez encore, il ne vous reste qu'à quitter les allées des supermarchés pour vous mettre aux fournaux. Adieu pizzas et quiches, pains de mie ou plats cuisinés. Et bonjour veau, vache, cochons, couvées...