Mont-Blanc : les deux alpinistes sont morts
09. novembre 2011, 15h57
LeMatin.ch & les agences © Les secouristes italiens.
Les deux alpinistes bloqués dans le massif du Mont-Blanc ont été retrouvés morts par les secouristes italiens et français après une semaine passée à plus de 4000 m d’altitude.
"Les deux personnes sont décédées. Le médecin à Courmayeur (Italie) a constaté leur mort", a déclaré Oscar Taiola, le responsable du secours alpin pour la face italienne du Mont-Blanc.
La température de leurs corps était proche de zéro degrés Celsius. "Ils n’étaient pas dans un trou, mais tout près d’une arête enneigée et sans sac de couchage. Je crois qu’ils étaient en train de descendre", a-t-il expliqué.
Les secouristes ont aussi récupéré les sacs des deux alpinistes, qui étaient impossibles à ouvrir car gelés par le froid.
Les deux alpinistes avaient été repérés "immobiles" à 11h30, à 4050 m d’altitude, par l’hélicoptère de la sécurité civile et les gendarmes français, avait annoncé la préfecture de la Haute-Savoie un peu plus tôt.
Ils ont été localisés à l’est de la voie de descente des Grandes Jorasses, en Italie.
Un anorak rouge a donné l'alerteC’est un "anorak rouge" qui a donné l’alerte, selon Oscar Taiola. Il a été repéré lors d’un survol de l’hélicoptère de la sécurité civile française, dans lequel avaient pris place des secouristes du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix.
Le guide de haute montagne Olivier Sourzac, 47 ans, et sa cliente Charlotte Demetz, une alpiniste parisienne expérimentée de 44 ans, étaient bloqués depuis mercredi soir à 150 mètres environ sous la pointe Walker (4.208 m), le sommet des Grandes Jorasses.
Les contacts téléphoniques avec eux s’étaient interrompus vendredi après-midi, faute de batterie. Dans les dernières conversations, le guide avait indiqué avoir réussi à creuser un trou dans la neige sous une corniche de glace.
Les secouristes italiens et français ont tenté à de nombreuses reprises de venir en aide aux deux naufragés par hélicoptère, mais les conditions météo, particulièrement difficiles, ont entravé leur tâche.
Brouillard, chutes de neige et rafales de ventLa face italienne du Mont-Blanc était bouchée depuis cinq jours par de grosses accumulations de brouillard et de fortes chutes de neige, accompagnées de vents, un phénomène connu sous le nom d’effet de Foehn.
Plusieurs cordées de guides et d’alpinistes aguerris avaient par ailleurs été organisées par des proches pour tenter de rejoindre les deux victimes à pied. Mais elles ont dû rebrousser chemin en raison du froid et de la neige.
Ce matin, il faisait encore -10°C à 4000 mètres d’altitude sur le Mont-Blanc, avec un vent de 40 à 50 km/h, selon Météo France. La nuit, les deux alpinistes devaient faire face à des tempêtes de neige et des températures de -25 degrés.
Il y a 40 ans, l’alpiniste français René Desmaison avait survécu 15 jours dans des conditions similaires. En février 1971, il était resté coincé à 300 mètres du sommet de la pointe Walker (4.208 m), avec son compagnon Serge Gousseault qui était mort à son côté. Il avait raconté ce drame dans un livre intitulé "342 heures dans les Grandes Jorasses".