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L'UMP dénonce un «cabinet noir» à l'Élysée contre Sarkozy
Mis à jour le 30/10/2013 à 20:54 - Publié le 30/10/2013 à 20:16
Selon Valeurs actuelles, le commandant militaire de l'Élysée recherchait des informations dans les archives de la présidence Sarkozy.
Les proches de l'ex-chef de l'État demandent des comptes sur l'implication de l'entourage de Hollande dans cette affaire.Des proches de François Hollande ont-ils exigé d'un collaborateur de l'Élysée qu'il prête la main à une enquête parallèle contre Nicolas Sarkozy? L'accusation, qui donne corps à l'hypothèse d'un «cabinet noir» destiné à abattre l'ancien président en alimentant contre lui la machine des «affaires», est d'une particulière gravité: s'il était établi que des membres éminents de l'équipe de François Hollande se sont affranchis des règles de droit pour tenter de compromettre son prédécesseur, l'affaire n'irait pas sans conséquences - juridiques et politiques. Le magazine
Valeurs actuelles l'affirme, en publiant une interview de l'ancien responsable du service informatique de l'Élysée, Bernard Muenkel. Il lui aurait été demandé d'accomplir des recherches illégales de documents numériques susceptibles de mettre directement en cause Nicolas Sarkozy, notamment dans l'affaire Tapie. Et son refus d'obtempérer lui vaudrait aujourd'hui d'être en butte à la vindicte de sa hiérarchie. Un récit éloquent qui éclaire d'un jour cru les zones d'ombre d'une présidence tellement «normale» qu'elle n'a peut-être pas rompu avec certains réflexes hérités du passé.
«Un scandale d'État» selon Xavier Bertrand
Jean-François Copé a immédiatement réagi en affirmant mercredi, lors du bureau politique de l'UMP, que ces accusations révélaient «une pratique extrêmement grave et complètement illégale». «C'est un scandale d'État», a affirmé Xavier Bertrand. «Cela montre que l'obsession anti-Sarkozy n'est certainement pas morte et que, pour Hollande, tous les moyens sont bons pour chercher encore et encore à faire mal à Nicolas Sarkozy. Cela montre en plus le dévoiement des moyens de l'Élysée à des fins purement partisanes. Nous ne pouvons pas laisser passer ça.» Face à un François Hollande extrêmement affaibli, les députés de l'UMP n'ont pas l'intention de laisser passer cette affaire qui met en cause les pratiques en cours dans l'entourage du président de la République.
Selon ce témoignage, Éric Bio-Farina, le commandant militaire de l'Élysée, aurait demandé à Bernard Muenkel de faire des recherches sur des documents en théorie inaccessibles à la nouvelle équipe. En avril 2013, la majorité mène une offensive judiciaire et parlementaire contre Bernard Tapie. Elle accuse Nicolas Sarkozy de collusion avec l'homme d'affaires dans la résolution de son contentieux avec le Crédit lyonnais. Ce jour-là, le colonel Bio-Farina aurait expliqué à Muenkel qu'il avait reçu une demande d'un juge pour effectuer une recherche dans les archives informatiques de l'Élysée sur une série de noms et de mots-clés. De «A», comme «arbitrage», à «T», comme «Tapie», en passant par Borloo, Bredin, Lagarde et Mazeaud. Pas besoin d'être grand clerc pour comprendre que cette recherche d'informations, présentée comme «strictement confidentielle» par Bio-Farina, aurait eu pour objectif de nourrir l'équipe Hollande en «munitions» pouvant demain être utilisées contre l'ancien président…
- Citation :
- Seul Nicolas Sarkozy peut donner accès aux documents de son quinquennat
Mais il y a un hic. Ces archives, le cabinet de François Hollande n'est pas autorisé à les consulter. Comme toutes les archives présidentielles, elles sont légalement protégées. Seul Nicolas Sarkozy peut donner accès aux documents de son quinquennat. Il le fait sans difficulté sur les dossiers techniques. «Nous transmettons la demande au cabinet de Sarkozy, qui donne en général son accord, au nom de la continuité de l'État», explique un archiviste du palais. En l'absence d'une autorisation de Nicolas Sarkozy, une instruction judiciaire permet de les ouvrir à tout moment. «Ce fut le cas pour d'autres présidents au moment du sang contaminé ou de l'amiante», confirme-t-on au service des Archives nationales. Si un juge veut prendre connaissance de documents datant de la présidence Sarkozy, il lui suffit d'en informer directement la direction du service des archives. Selon Muenkel, l'Élysée aurait donc pris seul l'initiative de fouiller dans le passé de l'équipe précédente.
Les dénégations énergiques de l'Élysée (lire ci-dessous) ne suffisent pas à désarmer l'entourage de Nicolas Sarkozy. «Les réquisitions que l'Élysée invoque sont très bizarres. À qui exactement ont-elles été adressées? Au conseiller juridique de la présidence? Comment devaient-elles être exécutées? Ne fallait-il pas qu'un officier de police judiciaire soit présent au côté de Bernard Muenkel?», s'interroge un proche de l'ancien président.
Pour en avoir le cœur net, un fidèle de Nicolas Sarkozy souhaite que «l'Élysée rende ces réquisitions publiques». Il va de soi que Nicolas Sarkozy veut aller jusqu'au bout de ce qu'il estime être «une nouvelle affaire d'État», selon l'expression d'un de ses proches. «Est-ce que l'entourage a rendu compte de ces réquisitions à François Hollande? Si ce n'est pas le cas, il serait convenable que François Hollande demande à M. Bio-Farina de démissionner.» Désormais, la polémique est ouverte.
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Hollande invoque «le strict respect du droit»L'Élysée a démenti mercredi les informations de
Valeurs actuelles. Dans un communiqué, la présidence dit avoir agi «dans le strict respect du droit» et explique que toutes les recherches diligentées auprès de Bernard Muenkel faisaient l'objet d'une réquisition judiciaire. «En aucun cas (la présidence) n'est allée au-delà des demandes des juges.»
L'Élysée fait état en réalité de deux réquisitions. «Le 25 mars 2013, la présidence a été saisie d'une réquisition judiciaire prise dans le cadre de l'instruction ouverte concernant la mise en œuvre d'une procédure d'arbitrage entre le Consortium de réalisation (CDR) et les liquidateurs des sociétés de M. Bernard Tapie», indique le communiqué.
Une deuxième réquisition serait intervenue le 2 mai 2013, à la demande du juge Roger Le Loire, «dans le cadre de l'instruction ouverte pour prise illégale d'intérêt à l'occasion de la fusion des Caisses d'épargne et des Banques populaires». Selon l'Élysée, ces réquisitions s'inscrivaient dans le cadre des dispositions de l'article 993 du Code de procédure pénale. «En exécution de ces réquisitions des magistrats instructeurs, qui portaient sur des informations très précisément énumérées, la présidence a transmis aux juges celles qui se trouvaient disponibles dans les services», ajoute l'Élysée.
Toute la question est là: les magistrats étaient-ils en droit de saisir l'Élysée quand le service des Archives nationales est le seul détenteur des documents de la présidence Sarkozy? Selon un avocat proche d'un des dossiers: «Les juges font ce qu'ils veulent, mais l'Élysée n'était pas obligé de donner suite à leurs réquisitions. Ils pouvaient les renvoyer vers les Archives nationales en rappelant que ces demandes d'informations n'étaient pas de leur ressort.»