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Le Quai d'Orsay espionné par la NSA
Mis à jour le 22/10/2013 à 21:10 - Publié le 22/10/2013 à 19:23
Laurent Fabius et le secrétaire d'État américain, John Kerry (à gauche), ce mardi, au ministère des Affaires étrangères, avant leur départ pour Londres.
Laurent Fabius fait savoir à son homologue américain, John Kerry, qu'il juge ces pratiques «inacceptables».
Laurent Fabius recevait mardi matin à 7 heures le secrétaire d'État américain, John Kerry, pour parler de la Syrie, avant de partir avec lui pour Londres à une réunion sur la recherche d'une solution au conflit. Mais les deux ministres des Affaires étrangères n'ont pu éviter le sujet gênant de l'espionnage par les Américains des représentations diplomatiques françaises à Washington et aux Nations unies.
Selon un document classé «top secret» dévoilé par
Le Monde, la National Security Agency (NSA) dispose d'un arsenal de dispositifs pour espionner les diplomates français. Son programme «Genie» lui permet de poser des mouchards à distance dans leurs ordinateurs. Grâce à un autre programme, dénommé «Vagrant», elle peut capter les informations sur les écrans, et avec son système PBX elle s'invite dans les communications aussi simplement qu'à une conférence téléphonique. Dans le jargon de la NSA, l'ambassade de France dans la capitale américaine est surnommée «Wabash», la représentation à l'ONU à New York, «Blackfoot».
«Un peu embarrassé» par ces révélations le jour de son arrivée dans le pays allié et ami, Kerry ne l'était sans doute guère plus que ses hôtes découvrant ces faits «à travers des articles de presse ou des déclarations de M. Snowden». Le responsable de la diplomatie américaine a assuré à son homologue qu'il s'agissait de pratiques héritées d'Administrations précédentes, faisant l'objet d'un examen.
«Sans doute, réagissait mardi après-midi le ministre français des Affaires étrangères, à Londres. Nous ne sommes pas naïfs. Chaque pays se défend et essaye de se prémunir contre des attentats ; nous le faisons. Mais l'espionnage tel qu'il a été pratiqué à grande échelle vis-à-vis d'un allié est inacceptable. Nous avons demandé que ces pratiques cessent et que nous soyons informés de tout ce qui existait.»
Sécuriser les communications
Pris au dépourvu, Paris en est réduit à demander aux Américains de bien vouloir lui fournir le détail de ces pratiques. Le Quai d'Orsay a lancé un audit de ses installations aux États-Unis et pris des mesures visant à sécuriser ses communications. La France a mis le sujet au programme du Conseil européen qui se tient à Bruxelles à partir de jeudi. Mais, après les protestations de François Hollande par téléphone auprès de Barack Obama lundi soir contre l'interception des communications des Français, après la convocation de l'ambassadeur américain, Paris veille à éviter l'escalade.
Selon
Le Monde, l'espionnage de chancelleries étrangères dont celle de la France a joué un grand rôle pour obtenir le vote de sanctions à l'Iran par l'ONU en juin 2010. La NSA s'est félicitée dans une note interne d'un «succès silencieux qui a aidé à façonner la politique étrangère des États-Unis». «Soyons honnêtes, nous écoutons aussi. Tout le monde écoute tout le monde», a relativisé surEurope 1l'ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. La France espionne-t-elle l'ambassade américaine à Paris? «Pas à ma connaissance», affirme Laurent Fabius avec un sourire.
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L'opposition boycottera Genève, si Assad reste présidentLes «Amis de la Syrie», dont les États-Unis et la France, ont pressé mardi à Londres l'opposition syrienne, qu'ils soutiennent, de participer à de futures négociations de paix à Genève, même si le président Bachar el-Assad refuse de démissionner. Principal groupe de cette opposition, la Coalition nationale exige toujours que le raïs «et sa clique au pouvoir ne participent plus à la vie politique en Syrie dans la période de transition et à l'avenir». Si l'objectif de Genève n'est pas le départ d'Assad, l'opposition n'ira pas à Genève, devait déclarer Ahmed Jarba, le chef de la Coalition. Aucune date n'a encore été fixée pour la conférence proposée par les Américains et les Russes, même si le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a parlé du 23 novembre.