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La NSA a aussi espionné la diplomatie française
Le 01.09.2013 à 10h31 • Mis à jour le 01.09.2013 à 10h49
Un bâtiment de la NSA à Fort Meade, dans le Maryland.
L'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) espionne tous azimuts : le siège des Nations unies à New York, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), mais aussi le ministère des affaires étrangères français, écrit dimanche l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui cite des documents classés "très secret" de juin 2010 fournis par Edward Snowden. Ce qui tombe plutôt mal au moment où, dans la crise syrienne, Paris est sur la même longueur d'ondes que Washington.Les services américains seraient parvenus à casser le réseau privé virtuel qui relie le ministère des affaires étrangères aux ambassades et aux consulats. Un autre document montre qu'au mois de septembre 2010, la NSA s'est intéressée aux communications de l'ambassade à Washington (nom de code de l'opération : "Wabash") et à la représentation aux Nations unies, à New York (nom de code de l'opération : "Blackfoot"), en y plaçant des micros. Outre la diplomatie, les espions de la NSA s'intéressent aussi et sans surprise aux secrets de l'industrie militaire française, relève le
Spiegel.
Les activités de la NSA ont mis à rude épreuve les relations américano-françaises : début juillet, François Hollande a exigé l'arrêt du programme d'écoute américain.
"Nous demandons que cela cesse dans les meilleurs délais, j'allais dire immédiatement", a-t-il déclaré, soulignant que Paris ne saurait
"accepter ce type de comportement entre partenaires et alliés". Comme Barack Obama, John Kerry, premier membre du gouvernement américain à réagir, a assuré que tous les gouvernements ou presque avaient recours à
"de nombreuses activités" pour sauvegarder leurs intérêts et leur sécurité.
"On ne peut avoir de négociations, de transactions, sur tout domaine, qu'une fois obtenues ces garanties pour la France, et ça vaut pour toute l'Union européenne, et j'allais dire pour tous les partenaires des Etats-Unis", avait déclaré François Hollande, qui avait alors demandé au ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius,
"de se mettre immédiatement en contact avec son homologue John Kerry pour avoir toutes les explications et toutes les informations".
AL-JAZIRA AUSSI SUR ÉCOUTEL'agence de sécurité américaine a également espionné la communication interne, particulièrement protégée, de la chaîne qatarie Al-Jazira, poursuit le
Spiegel. Il s'appuye sur un rapport du centre d'analyse des réseaux de la NSA de mars 2006, issu des documents obtenus par Edward Snowden. La NSA serait parvenue à lire des documents protégés provenant de
"cibles intéressantes" de la chaîne de langue arabe.
Selon ce document, les contenus déchiffrés ont été transmis pour analyse aux services de la NSA compétents. On ignore dans quelle mesure les journalistes et responsables de la chaîne ont été épiés et jusqu'à quelle date, indique l'hebdomadaire allemand.
85 000 LOGICIELS IMPLANTÉS DANS DES MACHINES À TRAVERS LE MONDESur la base de documents fournis par Edward Snowden, le
Washington Post indique que les services américains ont lancé 231 cyberattaques en 2011, visant notamment l'Iran, la Russie, la Chine ou la Corée du Nord.
"Ces révélations [...] fournissent de nouvelles preuves que les 'cyberguerriers' de plus en plus nombreux de l'administration Obama infiltrent des réseaux informatiques à l'étranger et en perturbent le fonctionnement", écrit le
Post, qui se fonde sur le budget secret des services de renseignement américains fournis par l'ex-sous-traitant de l'Agence de sécurité nationale (NSA).
Station d'écoute de la NSA à Bad Aibling, en Allemagne.
Outre ces cyberattaques, des spécialistes
"s'introduisent dans des réseaux étrangers pour les mettre sous un contrôle américain discret", poursuit le quotidien, évoquant un projet baptisé "Genie" et dont le budget s'élève à 652 millions de dollars : des logiciels malveillants ont ainsi été placés
"chaque année dans des dizaines de milliers de machines".
"D'ici la fin de l'année, Genie devrait contrôler au moins 85 000 logiciels implantés dans des machines choisies stratégiquement tout autour du monde", contre environ 21 000 en 2008, selon les documents consultés par le quotidien.
"Les documents fournis par Snowden et des entretiens avec d'ex-responsables américains illustrent une campagne d'intrusion informatique bien plus importante et plus agressive que ce qui avait jusqu'à présent été envisagé", poursuit encore le
Washington Post.