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La NSA aurait espionné massivement la France
Mis à jour le 21/10/2013 à 10:30 - Publié le 21/10/2013 à 09:25
Le siège de la NSA à Fort Meade.
VIDÉO - Laurent Fabius convoque l'ambassadeur des Etats-Unis à Paris, après les révélations du Monde, selon lesquelles l'agence américaine de renseignement espionne en France aussi bien des personnes suspectées de liens avec le terrorisme, que le monde des affaires et de la politique.
Quatre mois après les révélations d'Edward Snowden sur les programmes de surveillance secrets de la NSA, de nouvelles informations donnent une meilleure idée du gigantisme du dispositif concernant la France. Entre décembre 2012 et janvier 2013, 70,3 millions d'enregistrements de données téléphoniques françaises ont été effectués, révèle
Le Monde . Premier à s'exprimer sur le sujet, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a dénoncé des faits «choquants, qui vont appeler des explications». Peu après, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis au Quai d'Orsay.
Le quotidien du soir a eu accès aux documents de l'ex-consultant de la NSA Edward Snowden, qui détaillent les différents modes de collecte utilisés. Quand certains numéros de téléphone sont composés, ils activent un signal qui déclenche automatiquement l'enregistrement des conversations. L'agence récupère également les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés. Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l'historique des connexions de chaque cible.
Le graphique de la NSA montre une moyenne d'interceptions de 3 millions de données par jour avec des pointes à presque 7 millions le 24 décembre 2012 et le 7 janvier 2013. Certains jours marquent un arrêt d'activité. Celui du 28 au 31 décembre 2012 pourrait s'expliquer par le délai nécessaire à la reconduction, fin décembre 2012, par le Congrès américain, de la loi encadrant l'espionnage électronique à l'étranger.
Les documents donnent suffisamment d'explications pour penser que les cibles de la NSA concernent aussi bien des personnes suspectées de liens avec des activités terroristes que des individus visés pour leur simple appartenance au monde des affaires, de la politique ou à l'administration française. Début septembre, on avait ainsi appris que les services américains avaient notamment écouté le Quai d'Orsay. On sait également qu'au G20 de Londres, les ordinateurs des dirigeants présents avaient été épiés.
Wanadoo et Alcatel-Lucent dans la ligne de mire
Selon les fichiers de la NSA, obtenus par
Le Monde, l'agence américaine s'est intéressée de près, entre le 1er et le 31 janvier 2013, aux adresses de messagerie wanadoo.fr, ancienne filiale d'Orange qui compte encore 4,5 millions d'utilisateurs, et alcatel.lucent.com, l'entreprise franco-américaine de télécommunications. Alcatel-Lucent joue un rôle central en matière d'équipements des réseaux de communication, notamment sous-marins, que surveillaient les programmes de la NSA. Cette période d'espionnage correspond aussi à l'annonce fin 2012 par Bercy qu'il étudiait la reprise totale ou partielle par Orange d'actifs d'Alcatel.
Le Monde a aussi pu comparer l'ampleur de la surveillance visant l'Hexagone à d'autres pays. En Europe, seuls l'Allemagne et le Royaume-Uni (avec l'accord de l'exécutif britannique) ont été davantage surveillés. Au-delà, l'Afghanistan, la Russie et la Chine ont été massivement visés.