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La diplomatie britannique rattrapée par la realpolitik
Publié le 18/01/2013 à 19:37
David Cameron s'adressant aux parlementaires britanniques, vendredi à Londres, au sujet de la crise algérienne.
La prise de conscience de la menace terroriste au Sahel par Londres a été tardive.
Correspondant à Londres David Cameron s'est vu couper l'herbe sous les pieds dans son grand moment européen par les événements d'Algérie. Sur le point de s'envoler pour Amsterdam, où il devait délivrer vendredi matin un discours promis depuis des mois sur les relations entre le Royaume-Uni et l'Europe, il a dû annuler en catastrophe, rattrapé par la realpolitik. Le ministre des Affaires étrangères, William Hague, lui, est en déplacement en Australie.
Retenu à Londres, Cameron a présidé plusieurs conseils de sécurité Cobra pour suivre, tant bien que mal, l'évolution de la prise d'otages dans le complexe gazier du géant britannique BP. Après la mort d'un citoyen britannique mercredi, une trentaine d'autres étaient concernés par la prise d'otages jeudi soir, un nombre qui s'est réduit à une dizaine vendredi après-midi, sans confirmation officielle. Deux autres Britanniques auraient été tués. Cameron s'est dit «déçu» de ne pas avoir été prévenu de l'assaut sur le site, bien qu'il ait eu le premier ministre algérien en ligne à quatre reprises. De même, ses offres d'assistance en proposant d'envoyer un commando expert des situations de prises d'otages sont restées lettre morte.
Vendredi, une équipe consulaire britannique de neuf personnes et six membres de la Croix-Rouge a pu atterrir à Hassi Messaoud, à 450 km de la centrale, le plus près autorisé par les autorités algériennes, pour assister l'évacuation des ressortissants nationaux. BP a parallèlement participé au rapatriement de centaines d'étrangers travaillant sur les sites énergétiques de compagnies occidentales. Londres se préparait également à dépêcher sur place des hommes des services de renseignements MI5 et MI6. «Nous sommes résolus dans notre détermination à combattre le terrorisme aux côtés du gouvernement algérien», a déclaré le premier ministre au Parlement.
Toutes les infrastructures britanniques en Algérie, privées ou diplomatiques, ont été placées en état d'alerte et le Foreign Office déconseille fortement tout voyage «non essentiel» en Algérie ainsi qu'au Mali et dans les pays limitrophes. «Ces terribles événements ont souligné la menace du terrorisme international en Afrique du Nord et au Sahel», a commenté le ministre de la Défense, Philip Hammond.
Prise de conscience tardiveAprès ces développements, les Britanniques réitèrent leur soutien à l'intervention française au Mali. Ils se disent prêts à accroître leur appui logistique. Londres tient à afficher une solidarité sans faille avec Paris. Cameron a reconnu les «excellentes connexions de la France en Afrique de l'Ouest où nous en avons moins». La prise de conscience de la menace terroriste au Sahel par la diplomatie britannique a été tardive. Elle date de la découverte des liens entre al-Qaida au Maghreb islamique et le mouvement Boko Haram au Nigeria. Le Foreign Office a rouvert en 2010 son ambassade à Bamako, qui avait été fermée par mesure d'économies. William Hague a apporté son soutien à Laurent Fabius lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahel le mois dernier et lors du vote de la résolution 2085. Mais la participation britannique à l'effort sur place ne devrait pas aller jusqu'à un déploiement de troupes, alors que le pays gère son retrait d'Afghanistan.