WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Société
Un nouveau patron au Quai des Orfèvres
Mis à jour le 11/12/2013 à 18:29 - Publié le 11/12/2013 à 11:22
Bernard Petit, jusqu'alors numéro 3 de la Direction centrale de la police judiciaire, a été nommé mercredi à la tête de la prestigieuse PJ parisienne.
Bernard Petit remplace Christian Flaesch, évincé pour «faute déontologique» selon Manuel Valls. Il avait passé un appel à Brice Hortefeux, entendu comme témoin et placé sur écoutes.
Le célèbre 36, quai des Orfèvres change de patron. Bernard Petit, jusqu'alors numéro 3 de la Direction centrale de la police judiciaire, a été nommé mercredi à la tête de la prestigieuse PJ parisienne. Âgé de 58 ans, ce fonctionnaire chevronné, qui a commencé sa carrière comme inspecteur, a gravi tous les échelons de la «grande maison», passant notamment par l'Office central pour la répression des trafics illicites de stupéfiants (OCRTIS) jusqu'à se hisser au poste de sous-directeur en charge de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière à Nanterre.
Bernard Petit débarque dans l'antre de Maigret, qui compte aujourd'hui 2200 fonctionnaires, en remplacement de Christian Flaesch, épinglé par Manuel Valls pour une «faute déontologique».
Fonctionnaire réputé pour son intransigeance, Christian Flaesch a récemment fait l'objet d'une mise en garde par le procureur général de la Cour d'appel de Paris, François Falletti.
Christian Flaesch s'est vu reprocher d'avoir passé trois coups de fil, dont un, au moins, fin novembre, depuis son téléphone mobile à l'ex-ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux pour évoquer sa prochaine audition en qualité de témoin dans le cadre d'une procédure judiciaire consécutive à une plainte de l'ancien président Nicolas Sarkozy pour faux et usage de faux visant le site Mediapart. Alors que le juge Cros, en charge du dossier, souhaitait procéder lui-même à l'audition, le patron de la PJ aurait notamment évoqué oralement des questions d'agenda et de carnets de rendez-vous avec son interlocuteur, sans savoir que ce dernier était placé sur écoute dans le cadre d'une autre enquête portant sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Dans l'entourage de Christian Flaesch, qui se cantonne au silence en attendant d'avoir une nouvelle affectation, certains évoquent une «machination» ayant visé à l'écarter définitivement du poste très convoité de directeur central de la police judiciaire. «Si, par définition, on ne prévient pas à l'avance quelqu'un qui va faire l'objet d'une perquisition à son domicile ou d'une interpellation, il est d'usage de passer un coup de fil de courtoisie à un VIP qui va être entendu comme simple témoin, assure un haut fonctionnaire. Christian Flaesch avait même eu l'extrême prudence de faire préalablement part de sa démarche au préfet de police, Bernard Boucault.»
Nommé alors que Nicolas Sarkozy était à l'Élysée, Christian Flaesch, maintenu à son poste depuis l'arrivée de François Hollande, avait été récemment félicité publiquement par Manuel Valls, le soir de l'arrestation d'Abdelhakim Dekhar, le tireur de l'Est parisien. Le passage de Bernard Petit de la hiérarchie de la direction centrale à la PJ parisienne est d'ores et déjà présenté comme le «symbole de transversalité et de passerelle», tout comme Martine Monteil l'avait été en son temps, quand elle avait été bombardée à la tête de la DCPJ. Dans l'entourage de Manuel Valls, on considère volontiers que la nomination de Bernard Petit vient couronner la «brillante carrière» d'un «grand professionnel».