Complot contre DSK : le Quai d'Orsay dément

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Complot contre DSK : le Quai d'Orsay dément

Publié le 09/12/2011 à 20:38


New York, le 16 mai, John McConnell, réclame l'incarcération du directeur général du FMI. La veille, selon «Libération», il aurait été en contact avec des fonctionnaires français.

Les Affaires étrangères et la Justice sont soupçonnées d'être intervenues dès le 15 mai auprès du procureur Vance.

Les minutes de l'audience du 16 mai au tribunal de Manhattan sont un élément objectif. Ce lundi, moins de quarante-huit heures après l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, la juge Melissa Jackson doit statuer sur son placement en détention. En face d'elle, l'un des membres de l'équipe du procureur Vance, John McConnell, réclame l'incarcération du directeur général du FMI, affirmant «recevoir des informations sur la conduite et les antécédents du mis en cause». Parmi ces informations, est mentionné le fait que DSK a eu «une conduite similaire à celle alléguée par la plaignante dans au moins un autre cas». Plus tard, questionné par la juge sur cette éventuelle autre enquête en cours, McConnell répond: «Je crois que cela se passe à l'étranger.» Sans préciser s'il s'agit de la France.

Depuis, le procureur de Manhattan se refuse à fournir des explications sur cet échange qui nourrit les interrogations. L'entourage de DSK estime que des interventions, venues de Paris - et du pouvoir, sans le nommer formellement - ont pu interférer dans la procédure new-yorkaise, dès les premiers jours. Vendredi, le quotidien Libération a relancé cette hypothèse et affirmé que «deux coups de téléphone français (ont été) passés dans l'après-midi du 15 mai à John McConnell». Selon le journal, il s'agirait de deux fonctionnaires - l'un du Quai d'Orsay, l'autre de la Chancellerie. Le quotidien précise: «Des éléments auraient alors été transmis à John McConnell sur l'affaire Tristane Banon mais également sur une éventuelle implication de DSK “dans une affaire de prostitution dans le nord de la France”.» Les deux fonctionnaires ont démenti auprès de Libération avoir appelé le bureau du procureur.

Vendredi, les deux ministères ont, à leur tour, opposé un démenti catégorique à l'article. Selon les Affaires étrangères et la Justice, seule «une protection consulaire» a été apportée à DSK, comme à tout Français arrêté à l'étranger. Elle se serait limitée aux visites du détenu, pour s'assurer notamment qu'il avait pu voir un médecin et un avocat. Dès le 14 mai au soir, le consul général à New York se rend ainsi au commissariat de Harlem pour rencontrer DSK. Rien de plus, assure-t-on dans les deux ministères. Aucune demande d'entraide judiciaire, cadre formel pour obtenir des informations sur un ressortissant étranger, n'a par la suite été présentée par la voie diplomatique, assurait hier au Figaro une source au Quai d'Orsay.

De leur côté, les proches de DSK relatent «le revirement» qui se serait produit le dimanche 15 mai alors que la défense avait, selon eux, conclu un accord avec l'adjointe du procureur pour une libération sous caution. Or, le lendemain, le patron du FMI sera écroué à la prison de Rikers Island pour être ensuite présenté à un «grand jury» qui prononcera son inculpation.

«Un traitement de défaveur»

Le journaliste Michel Taubmann, convaincu de l'innocence de DSK dans l'affaire du Sofitel, écrit ainsi dans Affaires DSK : la contre-enquête (Éditions du Moment): «Pourquoi a-t-on appliqué au directeur général du FMI un tel traitement de défaveur ? Parmi les raisons évidentes, se trouvent les “antécédents” dont les médias commencent à parler peu après l'arrestation.» Effectivement, dès le 15 mai, lorsque la déflagration du Sofitel atteint Paris, resurgit l'affaire Tristane Banon, dont la mère, Anne Mansouret, répond aux interviews.

Quant au dossier du Carlton, «il ne peut interférer», assurait-on Vendredi au ministère de la Justice. Officiellement, cette procédure a été «portée à la connaissance de la Chancellerie courant octobre» , juste avant les premières gardes à vue lilloises. Le nom de DSK apparaît cependant plus tôt dans les écoutes mises en place depuis février. Le 15 mai, René Kojfer, le chargé des relations publiques du Carlton, évoque avec ses interlocuteurs celui qui vient de «tomber» à New York. Des conversations en principe rapidement retranscrites par les policiers chargés des interceptions. Assez tôt, les possibilités de fuites semblent donc multiples.