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Crimes en Corse : Hollande promet le «soutien de l'Etat»
Publié le 04.10.2013, 10h03 | Mise à jour : 15h10
AJACCIO, CE VENDREDI. Pour la première fois en Corse depuis son élection, François Hollande a promis vendredi le «soutien de l'Etat» contre la violence et le crime organisé.
François Hollande est en Corse, pour la première fois depuis son élection. Objectif de cette visite, réparer un oubli historique, la Libération de l'île de l'occupation italienne et allemande 70 ans plus tôt. Le président de la République en a profité pour dire aux Corses que l'Etat était à leurs côtés face aux violences criminelles, tout en se montrant très réservé sur les évolutions de la décentralisation souhaitées par les élus de l'île. Dès son arrivée à la préfecture d'Ajaccio, la chef de l'Etat a déposé une gerbe devant la plaque commémorative que Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur, avait fait apposer en hommage au préfet Claude Erignac, «sauvagement assassiné» le 6 février 1998, tout près de là. Il s'est ensuite s'entretenu à huis clos pendant une petite heure avec une douzaine de responsables politiques de l'île, qui n'ont pas manquer de l'interroger sur l'insécurité.
Le gouvernement «mobilisé» contre le crime organisé
Comme l'a lui-même rappelé François Hollande dans une interview au quotidien «Corse Matin», le rythme des homicides (17 depuis janvier) n'a pas diminué sur l'île en dépit des mesures de lutte contre le crime organisé annoncées il y a presque un an par les ministres de l'Intérieur Manuel Valls et de la Justice Christiane Taubira.
«La Corse souffre depuis trop longtemps de l'image de ces assassinats, de ces meurtres crapuleux», a lancé le président dans un discours prononcé après sa rencontre avec les élus. Et d'ajouter, solennel : «Je tiens à vous assurer du soutien de l'Etat.» Reste toutefois à convaincre une population lasse d'annonces non suivies d'effet. Au premier tour de l'élection présidentielle, François Hollande était arrivé en troisième position derrière Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen.
Il est réservé pour accorder une place spécifique à l'île dans la Constitution
Sur le volet institutionnel de la visite, une semaine après le vote par l'Assemblée de Corse d'une délibération préconisant d'accorder une place spécifique à l'île dans la Constitution française, François Hollande n'a pas dissimulé sa grande frilosité. Après avoir annoncé qu'il demanderait au gouvernement de recevoir les élus de l'Assemblée de Corse «pour poursuivre la réflexion», il a prévenu : «Ne préjugeons pas de l'issue car nous savons que pour modifier la Constitution, c'est très lourd et ce n'est pas toujours souhaité.»
Quant à la «co-officialité» de la langue corse et du français qui deviendraient, toujours selon le voeu de l'Assemblée de Corse, les deux langues officielles de l'île, même réponse calibrée. «On ne change pas la Constitution simplement par la volonté du président de la République, ça suppose une majorité des 3/5e au Congrès. Ça doit se faire avec prudence et précaution et avant d'envisager cette voie, mieux vaut travailler sur tous les dispositifs qui existent déjà ou peuvent être améliorés», a-t-il encore dit.
Réparer un oubli de l'histoire
Cette page politique tournée, François Hollande devait consacrer l'essentiel de sa visite à un fait souvent négligé par les livres d'histoire. Alors que la Corse a été le premier territoire métropolitain libéré par l'action combinée de la Résistance et des Forces françaises libres venues d'Afrique du Nord, ceux-ci retiennent plus volontiers les débarquements de Normandie et de Provence, postérieurs de plusieurs mois.
Aujourd'hui encore, cet oubli est douloureusement ressenti en Corse, tout particulièrement par les anciens combattants. Le réparer sera le «sens» de la visite du chef de l'Etat, a-t-il lui-même souligné dans les colonnes de «Corse Matin». Aux côtés du frère du roi du Maroc Mohammed VI, le prince Moulay Rachid, François Hollande devrait réparer une seconde injustice, remettant la Légion d'honneur à sept anciens combattants marocains, aux côtés de sept vétérans français. Agés aujourd'hui de 91 à 104 ans, ces «goumiers» marocains avaient joué un rôle décisif dans la libération de l'île.
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