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Hollande promet la fin de l'omniprésidence Sarkozy
Mis à jour le 03/03/2012 à 19:15 | publié le 03/03/2012 à 18:59
François Hollande, samedi à Dijon.
En meeting à Dijon, samedi, le candidat socialiste a présenté sa conception de la présidence de la République et de l'équilibre des institutions.
Alors que Nicolas Sarkozy attaque tous azimuts et que le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, suscite des réactions suite à ses propos sur la viande halal, François Hollande riposte mais sur un autre terrain. En parlant de la fonction de président et en laissant à ses adversaires la responsabilité d'alimenter les polémiques. «Je veille chaque jour à ne pas me laisser entrainer par la polémique, par la surenchère. Les mots qui ont toujours un sens doivent être maitrisés», a-t-il lancé samedi, à Dijon, quelques minutes avant que le président-candidat ne prenne la parole de son côté à Bordeaux, en fin de journée. Prévu pour être un rassemblement d'élus à l'occasion des trente ans des lois de décentralisation, ce rendez-vous socialiste s'est transformé en meeting. Près de 8000 personnes attendaient leur candidat dans le Zenith et beaucoup d'autres étaient à l'extérieur. Même le fils de François Hollande, Thomas, a fait le déplacement.
Face à son adversaire, c'est sur le fond que François Hollande attaque. Le candidat parle de sa conception de la présidence de la République et, à l'entendre, elle serait l'inverse de celle de Nicolas Sarkozy. «Depuis cinq ans nous vivons sous le régime de l'omniprésidence», dénonce-t-il. Régime où «l'omnipotence conduit à l'impuissance. Cette impuissance engendre elle-même l'irresponsabilité». Il fustige un «système où l'échec est toujours mis sur le compte d'autrui plutôt que sur soi-même». «Le pays s'est lassé des annonces sans lendemain, des déclarations sans suite», poursuit-il. «L'autorité appelle la sérénité, la légitimité requiert le respect». Le portrait en creux de Nicolas Sarkozy est déjà sévère.
«Si je suis élu, il y aura un gouvernement»Sur chaque pan de la vie démocratique, François Hollande veut fixer des limites au pouvoir pour en éviter les excès. D'abord pour l'exécutif. «Le premier devoir du prochain président sera de rendre des comptes», dit-il: évaluation «tous les six mois» des résultats obtenus par rapport aux objectifs, «moyens de contrôle des politiques publiques» renforcés, vote de confiance du parlement «tous les ans». Mais c'est surtout un changement de style que le socialiste veut défendre. Le comportement du président durant le quinquennat est mis en cause. «Le prochain président sera indépendant et d'abord de son propre parti», poursuit Hollande. Là encore, il veut se démarquer du chef de l'Etat, qui a toujours gardé un œil sur son parti. Peu importe que tous les présidents aient toujours été attentifs à la formation dont ils étaient issus… François Hollande fait porter la responsabilité du mélange des genres à son adversaire. S'il est élu, il ne sera «jamais» le chef de son parti. Le candidat socialiste s'engage donc, sur un ton un peu ironique, à «ne pas nommer les responsables» de son parti. «Je ne recevrai pas à l'Elysée les parlementaires qui me soutiennent», dit-il en promettant de «recevoir les patrons du Cac 40 autant que nécessaire, et d'être invité par eux le moins possible».
S'il est élu, François Hollande promet de prendre de la hauteur pour gérer «l'essentiel» et de rétablir un équilibre dans les institutions. «Le premier ministre ne doit pas être un collaborateur mais l'animateur d'une équipe. Les ministres ne seront pas des souffre-douleur, des faire-valoir ou des prête-noms», ajoute-t-il avant de faire rire la salle: «Bref, je suis venu vous annoncer, si je suis élu, une grande nouvelle: il y aura donc un gouvernement».
«Ce sera la fin de l'Etat UMP»La façon de gouverner de Nicolas Sarkozy passe ensuite à la même moulinette. Face à l'exécutif, François Hollande promet un autre fonctionnement de la démocratie sociale: «En démocratie, on préside par le dialogue pas par le monologue». Il assure qu'un «agenda» sera fixé «au lendemain de la présidentielle». Il attaque aussi sur «l'impartialité de l'Etat». «Je ne suis pas sûr que les hauts fonctionnaires et les magistrats aient été bien traités ces cinq dernières années: déplacés comme des pions, moqués comme des petits pois, regardés comme des gêneurs». De nouveau, il accuse Nicolas Sarkozy d'avoir procédé à des «nominations partisanes, particulièrement au ministère de l'intérieur». «Ce sera la fin de l'Etat UMP, mais ce ne sera pas l'Etat PS», promet-il.
En ce qui concerne le Parlement, François Hollande promet de nouveaux moyens de contrôle du pouvoir, la fin du cumul des mandats ou encore l'introduction d'une dose de proportionnelle. Cette proposition, Nicolas Sarkozy la formule aussi. «J'ai envie de lui dire: c'est trop tard. Il ne l'a pas fait, nous le ferons», lance Hollande. Parce qu'il ne veut rien oublier, il annonce aussi une réforme du Conseil supérieur de la magistrature et des modes de nominations des magistrats, une «nouvelle instance de régulation de l'audiovisuel», et aussi un nouvel acte de la décentralisation qui doit permettre «la réforme de l'Etat». Face à Nicolas Sarkozy, il ne sera pas dit que François Hollande est resté sans rien dire.