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La police évacue les pro-Morsi retranchés dans une mosquée du Caire
Le 17.08.2013 à 04h45 • Mis à jour le 17.08.2013 à 18h18
Des policiers montent la garde dans une salle de la mosquée où ont eu lieu des échanges de tirs entre forces de l'ordre et partisans de Mohamed Morsi, samedi.
Les partisans du président islamiste Mohamed Morsi, retranchés depuis vendredi dans la mosquée Al-Fateh, dans le centre du Caire, ont tous été évacués, samedi 17 août dans l'après-midi, après un assaut de la police, ont annoncé des sources au sein des services de sécurité. Les forces de l'ordre peinaient toutefois à prendre le contrôle total du minaret de la mosquée, depuis lequel, selon l'agence de presse gouvernementale MENA, des tireurs avaient ouvert le feu sur les forces de l'ordre, ont précisé ces sources.Des échanges de tirs ont accompagné l'évacuation de ces partisans retranchés depuis la veille dans la mosquée Al-Fateh.
Dans la matinée, des images de télévision avaient montré quelques soldats pénétrant calmement dans la mosquée, assiégée depuis vendredi, pour négocier. La tension est remontée d'un cran vers 13 h 30, rapporte Serge Michel, l'envoyé spécial du
Monde sur place. Des combattants embusqués sur le minaret ont commencé à tirer sur les policiers, qui ont aussitôt répliqué en direction du monument, survolé par deux hélicoptères. Des images diffusées par la chaîne de télévision privée égyptienne CBC, montrent également un homme semblant tirer depuis le minaret de la mosquée. Selon notre correspondant, la radio a annoncé qu'un des tireurs du minaret, de nationalité turque, avait été arrêté.
La police escorte un partisans des Frères musulmans hors de la mosquée.
Les policiers ont réussi à extraire de force sept ou huit hommes au début de l'assaut, qu'une foule de résidents en colère a copieusement tabassés à coups de bâtons et de barres de fer, rapporte l'AFP. Des tirs nourris retentissaient, dont ceux des policiers qui tiraient en l'air pour disperser les habitants s'en prenant aux hommes qu'ils extirpaient un par un de la mosquée, sur une place saturée de gaz lacrymogènes.
Les Frères musulmans avaient peu avant annoncé une "immense" marche vers la place Ramsès pour briser le siège de la mosquée – celle-ci jouxte la place Ramsès, où se sont concentrés les affrontements meurtriers de vendredi.
Les enfants d'un imam irlandais témoignent depuis la mosquéeDes partisans de Mohamed Morsi barricadent les portes de la mosquée, tandis que des tirs sont échangés à l'extérieur entre des policiers et au moins un tireur posté sur le minaret.
Avant le début de l'assaut, les trois filles et un fils (âgés de 21 à 27 ans) de l'imam de la plus grande mosquée d'Irlande, tous les quatre citoyens irlandais, avaient déclaré à la télévision RTE être dans la mosquée.
Omaïma Halawa, 21 ans, a affirmé par téléphone que les forces de sécurité présentes autour de la mosquée avaient prévenu que toute personne tentant de sortir de l'édifice religieux serait abattue.
"Nous sommes encerclés dans la mosquée (..). Il y a un petit couloir dans lequel les forces de l'ordre sont entrées (..). Ils ont fait irruption il y a quelques minutes et ont lancé des gaz lacrymogènes sur nous", a rapporté Omaïma Halawa, précisant qu'elle avait été en contact téléphonique avec l'ambassade d'Irlande.
La dissolution des Frères musulmans envisagéeUn partisan de Mohamed Morsi retranché dans la mosquée assiégée, samedi.
Le premier ministre de transition égyptien, Hazem El-Beblaoui, a proposé de dissoudre la confrérie des Frères musulmans, et cette idée
"est actuellement à l'étude", a déclaré un porte-parole du gouvernement samedi 17 août. Hazem El-Beblaoui a soumis cette proposition au ministre des affaires sociales, dont relève l'encadrement des activités des organisations non-gouvernementales. La confrérie, officiellement dissoute en 1954, relève officiellement de ce statut depuis mars, et dispose d'une vitrine politique légale, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ).
Moustapha Higazy, conseiller du président par intérim Adly Mansour, a toutefois assuré samedi que les membres des Frères musulmans n'ayant pas commis de violences pourraient participer à la transition dans le pays
"en tant que citoyen égyptien".
"Quiconque, issu ou non des Frères musulmans, voulant rejoindre la marche pacifique des Égyptiens vers le futur est le bienvenu", a-t-il dit.
Le frère du chef d'Al-Qaida arrêtéLe frère du chef d'Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, a été arrêté samedi en Egypte, pour
"soutien" au président islamiste déchu Mohamed Morsi, selon des responsables des services de sécurité. Ces sources, qui s'exprimaient sous le couvert de l'anonymat, ont précisé que Mohamed Al-Zawahiri, un salafiste djihadiste égyptien qui vit au Caire, a été arrêté à Guizeh, dans la banlieue de la capitale.
L'aile politique des Frères musulmans, le Parti de la liberté et de la justice, a par ailleurs annoncé qu'un des fils de Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie, a été tué vendredi au Caire au cours des manifestations de
"la journée de la colère". Washington était tout proche d'un accord
Les Etats-Unis et leurs alliés européens et du Golfe étaient proches d'obtenir un accord entre les supporters du président déchu et l'armée égyptienne deux semaines avant que les violences éclatent, selon le
Washington Post.
Cet accord visait à appeler les défenseurs du chef de l'Etat destitué par l'armée à abandonner leurs campements dans les rues du pays en échange de la promesse des militaires de ne pas user de la force, précise le quotidien, qui cite Bernardino Leon, l'émissaire de l'Union européenne en Egypte.
L'accord était censé conduire à des pourparlers entre les autorités intérimaires et les Frères musulmans. Mais le vice-président par intérim et Prix Nobel de la paix Mohamed El-Baradei, qui soutenait le compromis, n'a pas réussi à convaincre le chef de l'armée Abdel Fattah Al-Sisi, selon M. Leon. M. El-Baradei a finalement démissionné mercredi.
L'accord proposé par les Etats-Unis et leurs alliés avait été proposé après des semaines de discussions, lobbying et visites au Caire de diplomates, dont Bernardino Leon, le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns, et les ministres des affaires étrangères du Qatar et des Emirats arabes unis, selon le
Post.
Le soutien de Tamarod à l'arméeMahmoud Badr, l'un des trois fondateurs de l'initiative Tamarod (
"rébellion") – à l'origine des manifestations massives du 30 juin, qui ont contribué à l'éviction de Mohamed Morsi –, a exprimé son soutien à l'armée.
"Ce que l'Egypte traverse actuellement, c'est le prix, le prix élevé, à payer pour se débarrasser de l'organisation fasciste des Frères avant qu'elle prenne le contrôle de tout et nous chasse tous", a déclaré Mahmoud Badr. Le journaliste de 28 ans est par ailleurs apparu à la télévision publique pour demander aux Egyptiens de former des
"comités populaires" pour lutter contre les Frères.
Le nombre de morts revu à la hausseLe bilan des affrontements de vendredi atteint 173 morts dans tout le pays.
Le bilan de ces affrontements très meurtriers s'est encore alourdi samedi après que le ministère de la santé a affirmé que 173 personnes avaient été tuées dans tout le pays, dont 95 au Caire. Un précédent bilan faisait état de 83 morts en Egypte. La police égyptienne a par ailleurs arrêté 1 004 partisans supposés des Frères musulmans vendredi, dont 558 au Caire, a précisé le ministère de l'intérieur.
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Libye : attaque contre le consulat d'Egypte à Benghazi
Le consulat d'Égypte à Benghazi a été visé samedi par une attaque à l'engin explosif sans faire de victime, a déclaré un responsable des services de sécurité libyens faisant état de légers dégâts matériels. Selon le porte-parole de la sécurité de cette ville de l'est de la Libye, Abdallah Al-Zayedi, l'explosion a provoqué l'effondrement d'une partie du mur d'enceinte du bâtiment et causé de légers dégâts sur des voitures stationnées devant le consulat.