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Egypte: accalmie après une manifestation des pro-Morsi
13 juillet 2013 à 08:45 Des partisants du président déchu Mohamed Morsi, réunis au Caire le 12 juillet 2013.
Des dizaines de milliers de personnes ont exigé le retour du président destitué par l'armée.
Le calme prévalait samedi matin en Egypte au lendemain d’une démonstration de force au Caire où plusieurs dizaines de milliers de partisans de Mohamed Morsi ont exigé de nouveau le retour de leur président plus d’une semaine après avoir été renversé par l’armée.
De son côté, le Premier ministre de transition Hazem Beblawi, qui poursuit ses tractations pour former un gouvernement, devait s’entretenir dès samedi avec les responsables envisagés, alors que sa composition, finalisée à 90%, sera annoncée en milieu de semaine prochaine, ont affirmé vendredi des sources officielles à l’agence Mena. Selon l’agence, les ministres de la Défense et de l’Intérieur devraient garder leur poste.
Dans le bras de fer entre camps rivaux qui se poursuit, plusieurs centaines de manifestants anti-Morsi s’étaient rassemblés place Tahrir, ainsi qu’aux abords du palais présidentiel, où ils ont rompu le jeûne en fin de journée lors du premier vendredi du ramadan.
Toute la journée, la foule a été très nombreuse devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, où des partisans du président islamiste déchu manifestent depuis deux semaines.
Le crépuscule a été marqué par des prières et la rupture du jeûne, en présence de nombreuses familles, des manifestants en profitant pour réitérer leur vive détermination.
«Nous sommes là pour faire passer le message aux militaires que nous ne renoncerons pas à la légitimité», déclarait l'un d'eux. «Nous défendrons Morsi par notre sang», surenchérissait un autre.
Auparavant, coran dans une main, drapeau égyptien dans l’autre, les manifestants islamistes, venus de diverses régions, avaient déjà fustigé l’armée et réaffirmé leur allégeance à Mohamed Morsi.
«Nous resterons un mois, deux mois, et même un an ou deux s’il le faut», a lancé à la foule un haut responsable islamiste, Safwat Hegazi. Il a réitéré les exigences des Frères musulmans: retour immédiat du premier président élu démocratiquement, tenue de législatives et création d’une commission pour la réconciliation nationale.
Le nouveau pouvoir égyptien, resté sourd à ces demandes, a assuré que le président destitué se trouvait
«en lieu sûr» et était
«traité dignement». Mais il n’est pas apparu en public depuis son arrestation, dans la foulée de sa destitution le 3 juillet. Washington, un important soutien financier du Caire, a réclamé sa libération.
Le président Barack Obama a appelé au téléphone le roi Abdallah d’Arabie Saoudite pour s’entretenir avec lui notamment de la situation en Egypte, a annoncé la Maison Blanche.
Les Etats-Unis sont d’accord avec l’appel de l’Allemagne à libérer Mohamed Morsi et formule «publiquement» la même demande, a affirmé la porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki.
«Nous avons exprimé nos inquiétudes depuis le début (...) au sujet de son interpellation, au sujet des arrestations politiques arbitraires de membres des Frères musulmans», a-t-elle ajouté, évoquant des «arrestations politiques».
Une seconde manifestation pro-Morsi a été organisée à proximité de l’Université du Caire, où les milliers de participants avaient dressé des barricades, tandis qu’à proximité, l’armée était présente en force, avec des blindés légers et des camions.
Sur la place Tahrir, des manifestants anti-Morsi se sont retrouvés par centaines après une journée calme. Même mobilisation - quelques centaines de personnes hostiles à l’ancien chef de l’Etat- devant le palais présidentiel.
Ces rassemblements faisaient craindre de nouvelles violences, alors qu’une centaine de personnes sont mortes depuis que Mohamed Morsi a été renversé, accusé d’avoir trahi les idéaux de la révolte contre Hosni Moubarak, de n’avoir pas su gérer le pays et de n’avoir servi que les intérêts de sa confrérie.
Dans ce contexte, le ramadan a commencé dans une ambiance beaucoup moins animée qu’à l’ordinaire dans le pays le plus peuplé du monde arabe (84 millions d’habitants).
Dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs incidents graves avaient encore eu lieu dans la péninsule du Sinaï, particulièrement instable depuis deux ans, et un policier de haut rang a été tué dans l’attaque d’un poste de contrôle. Quelques heures plus tard, sur le canal de Suez, un autre policier est décédé dans une attaque, à Ismaïlia.
Lundi, 53 personnes avaient été tuées et plusieurs centaines blessées lors d’une manifestation pro-Morsi devant le siège de la Garde républicaine au Caire. Les Frères musulmans avaient dénoncé un «massacre», l’armée assurant avoir été attaquée par des «terroristes».
La défiance des islamistes à l’égard des nouvelles autorités avait été renforcée mercredi par un nouveau mandat d’arrêt contre le Guide suprême, Mohamed Badie, et d’autres responsables de la confrérie, recherchés pour incitation à la violence en lien avec le drame de lundi. Quelque 250 personnes, parmi les 650 arrêtées à la suite de ces heurts, ont en outre été inculpées.