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Brétigny-sur-Orge : une pièce défaillante dans l'aiguillage
Mis à jour le 13/07/2013 à 11:52 - Publié le 13/07/2013 à 10:46Le train a déraillé à hauteur d'un aiguillage, à 200 mètres en amont de la gare.
Trois enquêtes sont en cours pour déterminer la cause de l'accident. Une association d'usagers dénonce déjà «le temps des trains poubelles».
Au lendemain de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, vient le temps des questions sur la cause de l'accident. Infrastructures obsolescentes? Avaries du train au niveau de la roue ou de l'essieu? Défaut dans les voies ou dans l'aiguillage? L'accident est pour l'heure inexpliqué. Au passage de la gare, à 17h14, quatre wagons ont déraillé. L'un s'est couché sur la voie et les trois autres ont traversé le quai central et se sont enchevêtrés de l'autre côté. Trois enquêtes ont été diligentées: la première judiciaire par le parquet de Paris, la deuxième interne par la SNCF et la dernière technique par le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transports terrestres (BEA-TT).
• Pas d'excès de vitesse ou d'erreur humaineOfficiellement, les autorités se montrent prudentes. Samedi matin, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, a écarté plusieurs pistes. Il a notamment exclu une vitesse excessive: le train serait arrivé à 137 km/h, soit sous la vitesse maximale autorisée qui est de 150 km/h. Avec 385 voyageurs à bord, le train n'était a priori pas surchargé. Le ministre des Transports a aussi exclu une erreur humaine, ajoutant que «le conducteur de la locomotive a eu des réflexes absolument extraordinaires». Il a précisé que l'enquête s'intéresserait en priorité à l'état des infrastructures et à une éventuelle erreur d'aiguillage.
• L'aiguillage au centre des questionsL'accident s'est déroulé à hauteur d'un aiguillage, à 200 mètres en amont de la gare. Selon la SNCF, le train aurait déraillé à cause d'une pièce défaillante, l'éclisse. Une campagne de vérification va être lancée sur 5000 aiguillages similaires. «Cette éclisse», sorte d'agrafe en acier qui relie deux rails dans un aiguillage, «s'est désolidarisée, elle s'est détachée, elle est sortie de son logement», a précisé Pierre Izard, directeur général des infrastructures après les premiers constats de la nuit de la compagnie.
Une demi-heure avant la catastrophe, un autre train est passé au même endroit, sans qu'aucune anomalie ne soit relevée. Et cet aiguillage a fait l'objet d'une tournée de surveillance le 4 juillet. Des travaux ont été récemment menés fin juin à proximité immédiate de la catastrophe pour remédier à «un défaut majeur». La SNCF a assuré qu'ils ne concernaient pas la voie où s'est produit l'accident.
Quant au le train lui-même, Alain Krakovitch, directeur général de la sécurité ferroviaire de la SNCF, n'a pas encore pu indiquer à quelle date il avait subi un contrôle. «Ces vérifications se font de manière séparée entre la locomotive et les voitures», justifie-t-il.
• Un réseau ferroviaire malade?L'association des voyageurs-usagers du chemin de fer (Avuc) a dénoncé samedi matin «le temps des trains poubelles» et «la vétusté» du matériel ferroviaire français. «On a connu les bateaux poubelles, c'est le temps des trains poubelles», a dit le porte-parole de l'association Willy Colin qui a décrit des «convois de bric et de broc» et la «vétusté» du matériel. «On ajoute des voitures de Corail aux voitures des Intercités», a-t-il affirmé.
La fédération Sud-Rail s'est refusée à polémiquer, mais elle a mis en avant vendredi «la dégradation de la sécurité du système ferroviaire». «Cela fait des années que nous attirons l'attention sur le fait que l'entretien des infrastructures et des voitures de voyageurs ne saurait être soumis aux lois du marché et que si la sécurité a un coût, elle n'a surtout pas de prix», a ajouté le syndicat dans un communiqué. Les autres syndicats de cheminots se montrent plus prudents.