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Brétigny : bilan de 6 morts "définitif", une pièce de l'aiguillage en cause
Le 13.07.2013 à 09h07 • Mis à jour le 13.07.2013 à 21h14
Les causes du déraillement spectaculaire du train Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge (Essonne), qui a fait six morts vendredi, se précisaient samedi 13 juillet, tandis qu'une confusion entourait de possibles scènes de "pillages" aussitôt après l'accident.
- Un bilan "définitif" de 6 morts, 4 hommes et 2 femmes
Les autorités craignaient de "mauvaises découvertes" lors du levage des voitures encore couchées.
Le bilan de six morts est "définitif", a annoncé samedi soir le préfet de l'Essonne après le levage des voitures encore couchées. Les autorités craignaient de "mauvaises découvertes" lors de cette opération délicate.
L'accident a également fait neuf blessés graves, dont deux pour lesquels le pronostic
"restait réservé", selon le responsable du SAMU de Paris, le professeur Pierre Carli.
"Les autres blessés, y compris les blessés graves, vont beaucoup mieux aujourd'hui", a-t-il précisé devant la presse, ajoutant que
"neuf urgences absolues" et
"51 urgences relatives" avaient été recensées. Au total, les secours ont pris en charge 227 personnes.
Les six personnes tuées sont quatre hommes et deux femmes, âgés de 19 à 82 ans, a précisé la préfecture de l'Essonne. Parmi elles, figure un couple d'octogénaires qui serait originaire de Brétigny-sur-Orge, ainsi que trois hommes de 19, 23 et 60 ans et une jeune femme dont l'âge n'a pas été précisé, a ajouté une source proche de l'enquête. Parmi ces personnes, certaines seraient originaires d'Etampes dans l'Essonne et d'autres du Limousin, destination du train. Ces victimes sont toutefois
"en cours d'identification formelle" par la police judiciaire de Versailles, selon une autre source proche de l'enquête.
- "L'éclisse", pièce de l'aiguillage, mise en cause
Une pièce de métal défaillante dans l'aiguillage de la voie sur laquelle circulait le train accidenté serait à l'origine du déraillement, a annoncé un responsable de la SNCF.
Cette éclisse, sorte d'agrafe en acier qui relie deux rails dans un aiguillage,
"s'est désolidarisée, elle s'est détachée, elle est sortie de son logement", a précisé Pierre Izard, directeur général des infrastructures après les premiers constats de la nuit de la compagnie.
Dans ce contexte, la SNCF a annoncé le contrôle des 5 000 pièces semblables de son réseau.
"La désolidarisation de cette éclisse du rail est l'objet même" des enquêtes judiciaire et techniques en cours, a précisé Guillaume Pepy. Le patron de la SNCF a prévenu que le levage des voitures accidentées pourrait durer plusieurs jours.
"Il y a quatre voitures à relever. Une voiture qui se trouve en tête de train, et qui pourra être relevée par des moyens normaux au cours de la soirée, et trois voitures qui se trouvent à la queue du train, qui sont les voitures les plus abîmées et qui devront être relevées" par la grue
"sur des wagons plats exceptionnels qui ont été acheminés", a-t-il détaillé.
Une minute de silence a été organisée à midi dans toutes les gares et dans tous les trains. Le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, s'est rendu à la gare de Lyon pour cet hommage aux victimes de la catastrophe, d'une
"violence inouïe" selon les témoins.
La catastrophe ferroviaire n'est pas due
"à un problème humain", avait déclaré plus tôt samedi Frédéric Cuvillier sur RTL
"Heureusement le conducteur de la locomotive a eu des réflexes absolument extraordinaires en déclenchant l'alerte immédiatement, ce qui a évité la collision avec un train qui venait dans le sens inverse et qui aurait à quelques secondes (près) percuté les voitures qui déraillaient. Donc ce n'est pas un problème humain", avait-il assuré.
Si le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, n'a d'abord pas exclu un acte de malveillance,le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a ensuite affirmé
"ne pas avoir le sentiment" que cette hypothèse soit privilégiée, avant de recommander d'
"attendre" les résultats de l'enquête avant toute conclusion définitive.
Frédéric Cuvillier, a indiqué, samedi 13 juillet sur i-Télé, n'avoir pas eu connaissance
"de victimes dépouillées" par des délinquants, comme des rumeurs en font état depuis vendredi soir. Même son de cloche du côté du SAMU et de la Croix-Rouge, qui assurent n'avoir rencontré
"aucun problème avec des badauds". Selon des témoins interrogés par
Le Monde, une trentaine de jeunes venus des environs ont tenté de voler des effets des victimes, sacs, portables ou autres. Ils ont également caillassé les pompiers qui intervenaient. Puis ils ont été évacués hors du périmètre par les CRS.
- L'état du réseau ferroviaire attaqué
La gare de Brétigny-sur-Orge, où un train a déraillé vendredi 12 juillet.
Frédéric Cuvillier a indiqué que la locomotive et les wagons
"étaient à jour de toute vérification" ajoutant toutefois que
"cela ne voulait pas dire que nous pouvions nous satisfaire d'avoir du matériel roulant qui a trente ans d'âge", a-t-il indiqué. Il insiste sur la nécessité de mener une
"modernisation des lignes classiques", une
"remise à niveau".
"Le constat est sévère avec une dégradation ces dernières années faute de moyens consacrés aux lignes classiques".
L'association des voyageurs-usagers du chemin de fer (AVUC) a dénoncé de son côté, samedi,
"la vétusté" du matériel ferroviaire français.
"On a connu les bateaux poubelles, c'est le temps des trains poubelles", a dénoncé le porte-parole de l'association, Willy Colin, qui a décrit des
"convois de bric et de broc" et la
"vétusté" du matériel.
"On ajoute des voitures de Corail aux voitures des Intercités", a affirmé le responsable associatif qui a réclamé des
"inspections" du matériel.
Le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon a, lui,
"exigé" que
"l'on se penche enfin sur les conséquences désastreuses de la politique ferroviaire de libéralisation menée ces dernières années" en France.