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Fillon et Copé agacés par les mots de Sarkozy
Mis à jour le 09/07/2013 - Publié le 09/07/2013 à 20:08
François Fillon, lundi, lors de son arrivée au bureau politique de l'UMP.
La donne a changé maintenant que l'ancien président a décidé de « rompre la décision de [se] retirer de la vie politique ».
À son arrivée, lundi à l'UMP, François Fillon a été accueilli par beaucoup de «Nicolas! Nicolas!» et quelques lazzis qui couvraient les applaudissements. Et à la conclusion du discours de Nicolas Sarkozy, il a été l'un des premiers à quitter l'UMP. Sans un mot. L'ancien premier ministre n'est pas, à l'UMP, celui qui s'adonne le plus facilement aux joies du bain de foule ou se prête à l'exercice du commentaire à chaud devant les caméras.
Mais lundi, le député de Paris avait quelques raisons supplémentaires de serrer la mâchoire. Les critiques à peine voilées que l'ex-président lui a adressées durant son allocution n'étaient pas pour lui plaire. «Ça me fait plaisir de te voir ici, François, lui a-t-il ainsi lancé. Il faut toujours être fier de ce qu'on a fait ensemble. Tu vois, François, moi je suis fier de ce qu'on a fait ensemble.» Allusion aux critiques que l'ancien premier ministre a rendues publiques sur le bilan du quinquennat.
Autre pique de Sarkozy concernant la présidentielle à venir. «Il y a quelque chose d'indécent à parler du rendez-vous de la présidentielle alors que les Français souffrent», a expliqué l'ancien chef de l'État devant celui qui se positionne comme le champion de la droite pour la primaire de 2016. «La claque des militants des Hauts-de-Seine et les missiles téléguidés… Tout ce cirque a beaucoup énervé Fillon», lâche l'un de ses soutiens à l'issue de la réunion.
Ce «cirque», il en a encore été question mardi matin. Au comité politique, qui réunit la direction de l'UMP chaque semaine, François Fillon s'est étonné de la nature du discours de Nicolas Sarkozy. «On a parlé de l'Europe à deux vitesses, de la recherche en matière de gaz de schiste. Tout cela est très bien même si ce n'est pas très nouveau», a-t-il commenté. «Mais on n'a pas parlé de l'essentiel, de ce qui était le sujet du jour, c'est-à-dire les finances du parti», a poursuivi l'ex-premier ministre.
Copé a marqué la distance avec certains passages du discours de Sarkozy
Pour bien marquer le coup, Fillon a donc demandé des «précisions» sur l'état des finances, le programme de redressement financier, les conclusions de la rencontre avec le pool de banquiers lundi. Ou la liste «des collaborateurs d'anciens ministres salariés à l'UMP et des contrats qui lient l'UMP à certains prestataires», selon un membre du comité. Dans le viseur, Geoffroy Didier, conseiller de Brice Hortefeux, et Guillaume Peltier, qui a notamment fourni des études d'opinion pendant la campagne présidentielle. Deux sarkozystes de choc qui animent le mouvement la Droite forte à l'UMP. Jean-François Copé «ne s'est pas montré hostile» à ces requêtes et un rendez-vous entre François Fillon et la trésorière de l'UMP Catherine Vautrin serait à l'agenda la semaine prochaine.
C'est que Jean-François Copé, lui-même, «n'est pas complètement ravi de la journée de lundi», témoigne un élu copéiste. Si Sarkozy a salué l'initiative d'une souscription lancée par le président de l'UMP, celui-ci se démène pour tordre le cou à l'idée d'une «présidence sous tutelle». «Ce n'est pas son retour en politique, il a été très clair», explique-t-il au micro d'Europe 1 alors que le verbatim indique le contraire. «Je ne suis pas son porte-parole, vous l'imaginez bien», lâche-t-il encore, pressé de questions sur le retour de Sarkozy.
Quelques minutes plus tard, au petit déjeuner politique, Copé a marqué la distance avec certains passages du discours de Sarkozy. Lundi, l'ancien président avait expliqué ne pas vouloir «se restreindre à être de droite». «Car je ne suis pas conservateur», avait-il dit. À la grande surprise de plusieurs responsables du parti, Copé lui réplique le lendemain. «Je ne laisserai jamais dire que la droite est conservatrice», a-t-il expliqué une première fois lors du petit déjeuner. «Je n'accepte pas que l'on dise que la droite, c'est le conservatisme», a-t-il insisté dans un second temps, alors que François Fillon venait de les rejoindre. Il est probable que les deux hommes, cette fois, se sont compris.