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UMP : Copé et Fillon ne désarment pas
Mis à jour le 12/12/2012 à 23:58 | publié le 12/12/2012 à 19:56
De gauche à droite:Michèle Tabarot, secrétaire générale de l'UMP, Jean-François Copé, président proclamé, et Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint, lors d'une conférence de presse, mercredi, à Paris.
Le président proclamé de l'UMP appelle à respecter la «trêve des confiseurs», mais sans rien céder.Le plus cocasse, finalement, c'est que tout le monde est d'accord sur le constat! «Ça suffit!» a lancé François Fillon, mardi sur Europe 1. «Cette crise n'a que trop duré», a confirmé Jean-François Copé, mercredi devant la presse. Mieux encore: tous les deux sont tombés d'accord sur la possibilité d'un nouveau vote des militants. En revanche, aucun des deux n'est d'accord sur le calendrier. Avant l'été 2013 (version filloniste), ou après le printemps 2014 (version copéiste)?
Bernard Accoyer, ancien président de l'Assemblée nationale, pense donc avoir trouvé la solution. Et s'il suffisait de faire voter les parlementaires, mardi prochain? Les amis de l'ancien premier ministre applaudissent, ceux du député maire de Meaux crient à «l'instrumentalisation» des élus. «Est-ce que vous trouvez formidable qu'on instrumentalise et qu'on prenne en otage les députés et les sénateurs? On leur a déjà demandé de faire un groupe dissident», a déclaré Jean-François Copé sur Europe 1. Bref, précise un proche du patron contesté: «On ne reconnaîtra en aucune manière ce type de vote, car, statutairement, un député n'a pas plus de poids qu'un militant et les 194 députés UMP ne peuvent prétendre représenter à eux seuls les 577 circonscriptions françaises.» Un point de vue qu'Édouard Balladur conteste en rappelant que le parti tire l'essentiel de son financement des députés.
Mercredi matin, Copé a néanmoins déclaré n'être «pas dupe» de la manœuvre supposée des fillonistes et des «non-alignés». «Ceux qui se disent non-alignés n'ont rien de non-aligné, si ce n'est réclamer un nouveau vote» dont eux-mêmes seraient bénéficiaires, grince-t-il. Dans sa tribune au
Figaro, il affirme que «l'heure n'est plus à perdre notre temps et celui des Français en prolongeant ce spectacle lamentable qui n'a que trop duré. (…) Mettons fin à ce concours Lépine ridicule qui désespère nos militants.» «C'est le monde à l'envers, me voilà en position d'accusé!» avait-il déclaré un peu plus tôt devant la presse…
Vu du côté des amis de Fillon, Copé se «bunkérise» à son poste de «président autoproclamé» de l'UMP. Ainsi, pour Éric Ciotti, quand Jean-François Copé évoque la «trêve des confiseurs» et promet des annonces «très claires» courant janvier, il ne ferait que reporter le problème «aux calendes grecques», puisqu'après les municipales, «il y a les européennes, les sénatoriales, les régionales, donc on trouvera alors des arguments pour les reporter encore plus…» D'autres fillonistes, sous couvert d'anonymat, vont plus loin et comparent Copé au «dernier roi d'Écosse»: «Il est dans la théorie du complot, il suspecte tout le monde…»
Mais le rapport de force semble évoluer. À commencer parmi les proches de Copé. Plusieurs lui ont dit ces derniers jours qu'ils ne le suivaient plus dans sa stratégie du «j'y suis, j'y reste». Brice Hortefeux n'a pas l'intention de tourner le dos à celui qu'il avait choisi de soutenir quand personne ne croyait plus en lui. Mais il ne cesse de le mettre en garde. «Tu dois arrêter avec cette bunkerisation», répète-t-il au président proclamé de l'UMP. L'eurodéputé a souligné en interne, notamment auprès de Nicolas Sarkozy de retour du Qatar, que «Fillon avait l'initiative, et faisait des propositions fortes». L'ex-premier ministre s'est notamment montré ouvert à d'autres candidatures, et a laissé entendre qu'il envisageait de ne «pas se représenter».
Certes, Copé a déjà dit plusieurs fois qu'il n'accordait que «2 %» de confiance à Hortefeux. Mais son «ami» Hortefeux n'est pas le seul à marquer ses distances: Luc Chatel a fait savoir qu'il était favorable à une réélection avant l'été 2013. Et mardi matin, lors d'une réunion des copéistes, plusieurs députés ont appuyé cette idée.
Révision des statutsLe député du Val-d'Oise Axel Poniatowski n'a pas caché son scepticisme. «Tu ne pourras pas tenir sur cette ligne jusqu'en 2014! Ce qui est en cause, c'est l'unité du parti. Fillon bouge, fait des concessions, et il est déjà dans l'étape suivante. Toi tu restes bloqué, et ça ne va pas pouvoir continuer», a-t-il argumenté. Il estime, tout comme Hortefeux, qu'il n'y a «pas d'autre solution qu'une nouvelle élection avant l'été 2013». «Il est impératif auparavant de procéder à une profonde révision des statuts, afin d'avoir une élection ouverte sur d'autres candidatures», ajoute Poniatowski, qui considère qu'il est possible de le faire avant juillet 2013.
En attendant, comme si de rien n'était, ce jeudi, Copé participera, comme président de l'UMP, au sommet du PPE, réunissant à Bruxelles les dirigeants européens de droite et du centre droit. Toujours au nom de l'UMP, le 13 janvier, il promet d'être en première ligne pour la grande manif contre le mariage gay.