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Sarkozy contraint Copé et Fillon à un début d'entente
Mis à jour le 27/11/2012 à 22:56 | publié le 27/11/2012 à 21:54
Nicolas Sarkozy, lundi à Paris.
Les militants UMP devraient être consultés par référendum sur l'organisation d'un nouveau vote pour élire le président du parti. Les deux rivaux posent leurs conditions.La guerre que se mènent François Fillon et Jean-François Copé a transformé l'UMP en hydre à deux têtes. L'une rugissant à l'Assemblée nationale, où l'ancien premier ministre a pris mardi la présidence d'un groupe autonome. L'autre grondant rue de Vaugirard, où le député maire de Meaux, président proclamé lundi, n'entend pas se laisser voler sa victoire.
Pour dompter le monstre, Nicolas Sarkozy est sorti de la réserve à laquelle il s'était astreint depuis sa défaite à la présidentielle. Il n'a jamais cessé de couver du regard son ancien parti. Depuis le scrutin du 18 novembre, il a multiplié les conversations téléphoniques avec les belligérants, les invitant «à trouver une solution rapide» et en prônant «l'apaisement». Sa patience a atteint ses limites mardi, quand il est apparu que Fillon et Copé étaient arrivés à deux doigts de l'irréversible.
Tôt dans la matinée, Nicolas Sarkozy appelle une première fois Jean-François Copé. Depuis la veille et le déjeuner qu'il a partagé avec François Fillon dans ses bureaux rue de Miromesnil, la presse bruisse des intentions qui lui sont prêtées : l'ancien président souhaite un nouveau vote. Les proches de Fillon se réjouissent. Les copéistes ne le digèrent pas. La conversation matinale entre Copé et Sarkozy «ne se passe pas très bien». Mais le président de l'UMP, sur France Info, fait un pas en disant «non», non pas à un nouveau scrutin mais à une élection «tout de suite».
«J'ai honte de mon parti»À cette conversation suit un autre échange houleux. François Fillon a réuni ses amis parlementaires au Musée social, près de l'Assemblée, et annonce lui-même la création du groupe Rassemblement-UMP, autonome du groupe présidé par Christian Jacob, l'ami de Jean-François Copé. Aussitôt, Sarkozy téléphone à Fillon et Copé.
Lors de ces entretiens, il menace de transmettre un communiqué avant la fin de la journée. Pour leur édification, il leur donne la primeur de quelques extraits: «j'ai honte de mon parti», explique-t-il en condamnant «ceux qui font passer leur ego avant les intérêts du pays». «Je n'ai pas assisté à la conversation mais je devine quel en a été le ton: c'est comme si je l'entendais», s'amuse un ancien collaborateur du président qui avoue «être déjà passé par là».
Sarkozy somme les deux hommes de se voir pour parvenir à une solution: un vote. «Toi, tu veux un nouveau vote. Lui n'en veut pas, explique-t-il à Fillon. Avec le vote sur le vote, vous faites chacun un pas vers l'autre.» À Copé, il tient le discours réciproque: «Toi, tu ne veux pas le vote, lui le veut. Avec le vote sur le vote…» C'est avec Jean-François Copé, qu'il établit un plan «en quatre points». Copé reste président de l'UMP. Un référendum auprès des militants sera organisé pour déterminer s'ils veulent un nouveau scrutin pour la présidence de l'UMP. Le cas échéant, cette élection doit avoir lieu avant mars 2013. François Fillon, enfin, doit renoncer à constituer des groupes parlementaires autonomes.
À midi, Copé réunit son comité stratégique. Parmi ses soutiens, beaucoup plaident pour que «le président de l'UMP ne soit pas différent du candidat» et qu'il «donne la parole aux militants». À l'issue de cette réunion, peu avant 13 heures, Copé propose à Fillon une rencontre. Les deux hommes se retrouvent dans le bureau du député de Seine-et-Marne vers 14 h 30. Leur entretien dure moins d'une demi-heure. Il est cordial, comme celui qu'ils avaient eu avec Alain Juppé dimanche. «Ça s'est même mieux passé, souffle un proche de Copé. Ils se sont séparés pour réfléchir l'un et l'autre à un accord.»
À 15 heures, alors que débute la séance de questions au gouvernement, l'absence des deux hommes sur les bancs de l'Assemblée fait sensation. Les rumeurs sur leur entretien «à la demande de Nicolas Sarkozy» se répandent alors que la rencontre est déjà achevée. De retour au siège du parti, Copé, dans une brève déclaration, confirme et annonce les termes de sa proposition: «Si les militants considèrent, à la suite de ce référendum qu'il n'y a pas lieu de revoter, je poursuivrai mon mandat en appliquant tous les engagements que j'ai pris. Si à l'inverse les militants décidaient de relancer le processus électoral, j'indique que quelles que soient les conditions de ce scrutin, je resterai président de l'UMP jusqu'au jour du vote éventuel, explique-t-il. J'espère que la main que je tends sera prise par François Fillon.» Il rédige également un courrier, commençant par «mon cher François», dans lequel il fixe ses conditions.
«Cher Jean-François». C'est par courrier, également que François Fillon pose ses termes. «Je suis favorable à la proposition d'un référendum auprès des militants», y précise l'ancien premier ministre avant de détailler quelles «garanties absolues d'impartialité et d'équité» sont nécessaires à ses yeux;
Dans l'après-midi, la tension se cristallise sur deux points. Les fillonistes ne veulent pas céder sur la formation du groupe «à titre conservatoire» présidé par le député de Paris: ils en ont déjà déposé les statuts. Les copéistes refusent, une nouvelle fois, l'idée d'une direction collégiale. Après avoir réuni ses troupes une nouvelle fois, Copé propose, dès mercredi, la constitution d'un groupe de travail à parité pour préparer le référendum.