Jamel Administrateur
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| Sujet: Génocide arménien : le Sénat vote, la Turquie gronde, Juppé tend la main Mar 24 Jan - 8:11 | |
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Génocide arménien : le Sénat vote, la Turquie gronde, Juppé tend la main
Publié le 23.01.2012, 16h46 | Mise à jour : 24.01.2012, 08h45 Archives - Sur 213 suffrages exprimés, 127 sénateurs ont voté pour la proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien, et 86 contre. Le texte est adopté.
Les sénateurs ont voté lundi soir, à la majorité absolue, en faveur de la proposition de loi sur la négation du génocide arménien. Le texte, déjà voté par les députés le 22 décembre, a été voté conforme (sans modification), ce qui signifie qu'il est définitivement adopté par le Parlement français. Voté par 237 sénateurs (sur 347), dont 127 sénateurs pour et 86 contre, ce texte prévoit un an de prison et 45 000 euros d'amende en cas de négation d'un génocide reconnu par la loi française. Deux génocides, celui des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale et celui des Arméniens entre 1915 et 1917, sont reconnus, mais jusqu'à ce jour, seule la négation du premier était puni.
Cette adoption pourrait provoquer une crise diplomatique majeure entre Paris et Ankara. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan doit s'exprimer ce mardi, lors du discours qu'il prononce chaque semaine devant les députés de son parti. Après un premier vote du texte, par les députés français le 22 décembre, il avait très vivement réagi, gelant la coopération politique et militaire avec la France, son allié de l'Otan, et dénonçant un «génocide» commis par les colonisateurs français en Algérie. Juppé tend la main à «nos amis turcs»Dès ce matin, Alain Juppé a essayé de déminer le terrain. «Je voudrais appeler nos amis turcs au sang-froid» et tendre «la main» à ce «grand pays, cette grande puissance économique, politique», a déclaré le ministre des Affaires étrangères sur Canal . «Nous avons besoin d'avoir de bonnes relations» avec la Turquie. «Passée cette vague un petit peu excessive il faut bien le dire, je suis persuadé que nous retrouverons des relations constructives» avec Ankara, a ajouté le chef de la diplomatie française qui a précisé qu'en tant que chef de la diplomatie française il jugeait cette loi «inopportune». La Turquie y voit un «manque total de respect» Quelques minutes après le vote, le ministre turc de la Justice a, de son côté, évoqué un «manque total de respect» de la France et une «grande injustice» pour la Turquie, pays dans lequel cette loi est «nulle et non avenue», a-t-il prévenu. Le président de la Commission des affaires étrangères du Parlement turc a pour sa part indiqué sur son compte Twitter que «la France a ouvert une page sombre de son Histoire». L'ambassade turque a menacé la France de représailles «permanentes» si la loi est promulguée. La Turquie reconnaît que des massacres ont été commis et que quelque 500 000 Arméniens ont péri en Anatolie entre 1915 et 1917, mais elle réfute le terme de génocide. Les Arméniens évoquent, eux, 1,5 million de morts. Symptôme de la profonde vexation turque, le maire d'Ankara, membre du parti majoritaire AKP, avait annoncé après le vote des députés français que la municipalité débaptiserait des rues portant des noms français et fera ériger, près de l'ambassade de France, un monument à la mémoire des victimes algériennes de la colonisation française. Manifestations devant le SénatAu moment de l'ouverture des débats au Sénat peu après 15 heures, plusieurs centaines de personnes étaient réunies à l'appel d'associations franco-arméniennes et franco-turques, les CRS tenant les deux regroupements à l'écart l'un de l'autre, à proximité du Palais du Luxembourg. A l'intérieur, dans les escaliers des tribunes bondées, des gardes républicains, fait rarissime, filtraient les entrées aux côtés des agents du Sénat. Les ambassadeurs à Paris de la Turquie, Tahsin Burcuoglu, et de l'Arménie, Vigen Tchitetchian, avaient pris place dans les tribunes. «Lutter contre le poison négationniste»
Représentant le gouvernement, Patrick Ollier, ministre des relations avec le Parlement, a justifié cette proposition de loi de la députée UMP Valérie Boyer par la nécessité pour «notre société (...) de lutter contre le poison négationniste». «Cette proposition de loi participe d'un mouvement généralisé de répression des propos racistes et xénophobes. Elle n'est pas une loi mémorielle», a argué le ministre. Au sein du gouvernement, le texte a été critiqué par Alain Juppé (Affaires étrangères) et Bruno Le Maire(Agriculture), qui y voient justement une loi mémorielle. Les sénateurs opposés au texte ont défendu en vain trois motions de procédure et quelques amendements pour faire entendre leur point de vue. La proposition de loi a profondément divisé les sénateurs, beaucoup plus que les députés, tous partis confondus, même si une majorité a finalement été trouvée en faveur d'un texte défendu par le président Nicolas Sarkozy et bénéficiant du soutien des deux principaux groupes, UMP et PS. A quelques mois d'échéances électorales majeures, les deux partis ne comptaient pas se passer des voix de la communauté arménienne, la plus importante d'Europe occidentale (environ 600.000 membres). | |
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