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L'UMP se débat avec le mariage homosexuel
Mis à jour le 20/05/2013 à 19:47 - Publié le 20/05/2013 à 18:46
La droite se divise entre les partisans d'une «réécriture» de la loi, Fillon et Copé en tête, et ceux qui veulent son «abrogation».
À jouer les prolongations contre le mariage homosexuel, l'UMP prend le risque d'étaler au grand jour ses divergences internes. Grâce notamment à Hervé Mariton, Jean-François Copé a renoncé à faire de la manifestation du 26 mai un rassemblement attrape-tout contre la gauche au pouvoir. Le député de la Drôme, qui assure de fait la médiation entre les coordinateurs de la Manif pour tous et l'UMP, a persuadé le président du parti de s'en tenir à un «non global à la politique familiale du gouvernement».
C'est encore trop pour François Fillon. Dans Le Figaro Magazine paru le 2 mai, l'ex-premier ministre exprimait des «réserves» sur «l'appel de l'UMP, parti de gouvernement, à aller manifester le 26 mai» en affirmant que «la dernière chose dont la France ait besoin aujourd'hui, c'est d'une crise institutionnelle».
Fillon ne sera donc pas dans la rue dimanche, tandis que Copé, lui, défilera. Des deux, le plus farouche opposant au mariage homo n'est pourtant pas forcément celui que l'on croit. L'ex-élu de la Sarthe, devenu député de Paris, est sans doute le plus en phase avec la partie de l'électorat conservateur pour laquelle le mariage ne peut consacrer que l'union d'un homme et d'une femme. Le député maire de Meaux, moins sensible à cette dimension sacramentelle, réagit davantage en fonction de ce qu'il estime être son devoir d'opposant. Il ne faut pas désespérer Versailles, ni la Bretagne, où l'UMP espère mobiliser d'importants contingents pour la manifestation parisienne du 26 mai.
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Copé comme Fillon promettent seulement une « réécriture » de la partie de la loi Taubira qui concerne la filiation et les droits de l'enfant.
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Pour des raisons qui tiennent autant à leur intime conviction respective qu'à des impératifs stratégiques, Copé comme Fillon n'ont pas voulu s'engager à abroger le «mariage pour tous» en cas de retour de la droite au pouvoir. Ils promettent seulement une «réécriture» de la partie de la loi Taubira qui concerne la filiation et les droits de l'enfant.
Un risque de fractureLaurent Wauquiez, Pierre Lellouche ou encore Luc Chatel répugnent à prendre date sur un sujet qui, selon eux, n'apparaîtra pas comme prioritaire en 2017. «Dans quatre ans, le monde aura évolué, a estimé Chatel. Nous avions déjà pris des positions de ce type-là au moment du pacs, nous ne sommes pas revenus en arrière.»
En face, les tenants de l'abrogation ne sont guère nombreux. Le plus virulent est Guillaume Peltier, cofondateur de la Droite forte, qui veut faire de cette revendication le marqueur d'une «nouvelle génération» dans l'opposition. Hervé Mariton, lui aussi partisan de l'abrogation du mariage et de son remplacement par un contrat d'union civile - sans toucher aux mariages contractés entre 2013 et 2017 -, est convaincu que la plupart des parlementaires partagent sa position. Pour le moment, un seul s'est distingué: Jacques Remiller, le député maire de Vienne (Isère), qui a annoncé lundi dans Le Figaro qu'il ne célébrerait pas de mariage homosexuel.
Hervé Mariton, lui, appliquera la loi dans sa mairie de Crest, mais voit dans les ambiguïtés de la direction du parti «un vrai risque que l'UMP se défasse» et qu'«une fracture se produise» entre le parti et son électorat. «De notre crédibilité à proposer mieux que le “mariage pour tous” dépendra notre crédibilité sur le reste, c'est-à-dire les questions économiques et sociales, dont je ne nie pas l'importance», prévient-il en réponse à ceux qui, à droite, l'accusent d'en faire trop.
En attendant une éventuelle clarification, la droite parisienne a trouvé dans le «mariage pour tous» une nouvelle occasion de se déchirer. Guillaume Peltier a souhaité que Nathalie Kosciusko-Morizet, qui s'était abstenue sur le projet à l'Assemblée, soit battue lors des primaires à Paris. «La Droite forte doit-elle être forcément la droite la plus bête?», a immédiatement rétorqué le député maire du XVIe Claude Goasguen, qui s'oppose au mariage homosexuel mais pense que NKM est la seule à l'UMP à pouvoir conquérir Paris.