Crise politique en Italie :
Silvio Berlusconi va démissionner, mais pas tout de suite
08. novembre 2011, 20h16
LeMatin.ch & les agences Keystone© Berlusconi démissionnera après l'adoption des mesures budgétaires.
Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi va jeter l’éponge: il démissionnera après l’adoption au parlement des mesures promises à l’UE pour éviter la contagion de la crise de la dette. Il en a discuté pendant près d’une heure avec le président de l’Italie, Giorgio Napolitano.
Une fois qu’auront été adoptées au parlement les mesures budgétaires et les réformes économiques promises à l’Union européenne (UE) fin octobre, M. Berlusconi «remettra son mandat au chef de l’Etat», a annoncé mardi la présidence de la République.
Silvio Berlusconi a lui-même confirmé ensuite qu’il démissionnerait de son poste de président du Conseil italien. «Après l’adoption de cette loi de finances, avec tous les amendements demandés par l’Europe et réclamés par l’Eurogroupe, je démissionnerai de mes fonctions pour permettre au chef de l’Etat d’engager des consultations», a-t-il déclaré sur sa propre chaîne de télévision Canale 5.
«Il faut se préoccuper de la situation italienne, de ce qui se passe sur les marchés, du fait que les marchés ne croient pas que l’Italie soit capable ou ait l’intention d’approuver ces mesures que l’Europe a demandées», a déclaré Silvio Berlusconi.
«Position difficile» Ces propos interviennent quelques heures après un vote sur les comptes 2010 de l’Etat italien à la Chambre des députés où la coalition de centre droit a perdu la majorité absolue avec seulement 308 voix sur un total de 630. «Ce Parlement est aujourd’hui paralysé pour ce qui concerne la Chambre des députés», a dit M. Berlusconi.
«Au Sénat, le centre droit dispose toujours d’une bonne majorité. Cependant, avec la défection de sept élus de la majorité au pouvoir aujourd’hui, le gouvernement n’a pas la majorité qu’il pensait avoir. Il nous faut donc prendre en considération cette situation».
Le chef du gouvernement a également reconnu que l’Italie se trouvait «dans une position difficile» par rapport aux marchés financiers et devait faire la preuve qu’il pouvait mener des réformes sérieuses.
Plusieurs noms Le chef du principal parti d’opposition de gauche, Pier Luigi Bersani, avait aussitôt appelé le «Cavaliere», 75 ans, à «prendre acte de la situation et à démissionner».
Même son allié clé de la Ligue du Nord, Umberto Bossi, lui a suggéré de passer la main, par exemple à son dauphin, le secrétaire général du PDL, son parti, Angelino Alfano, qui pourrait diriger un gouvernement élargi aux centristes. Gianni Letta, bras droit de silvio Berlusconi, a aussi été pressenti.
Des noms comme celui de l’ex-commissaire européen et économiste Mario Monti circulent également pour le poste de chef d’un éventuel gouvernement d’union nationale qui serait soutenu aussi bien par des formations de droite que de gauche. Vote d’ici fin novembre
Les mesures promises à l’UE (cession d’actifs publics pour réduire la dette, libéralisation des professions réglementées, simplification des procédures administratives) vont faire l’objet d’un amendement à la loi de finances 2012. Celui-ci sera soumise au vote du Sénat d’ici au 18 novembre et de la Chambre des députés d’ici à la fin novembre.
Le Quirinal a annoncé qu’une fois M. Berlusconi parti, M. Napolitano entamerait des consultations avec tous les partis en vue de tenter de former un nouveau gouvernement. M. Berlusconi a douté qu’un nouveau gouvernement puisse obtenir une majorité stable et a plaidé pour l’organisation au plus vite d’élections anticipées, tout en reconnaissant que c’est au président de décider.
«C’est incontestablement la fin de ce gouvernement», a commenté Marc Lazar, qui enseigne à l’Institut d’études politiques à Paris. Les marchés semblaient réagir positivement à l’annonce d’un départ à terme de M. Berlusconi.
Attention à la contagion Avant cette annoncé, le taux à 10 ans de l’Italie est monté jusqu’à 6,770%, un niveau inédit depuis la création de l’euro, légèrement plus que le précédent record qui datait du matin même (6,73%). Ce niveau est jugé insoutenable à plus long terme compte tenu de la dette colossale du pays (1’900 milliards d’euros, 120% du PIB).
Les économistes craignent que l’Italie ne réussisse plus à refinancer sa dette, ce qui serait un point de «non-retour».
Placée sous la surveillance du Fonds monétaire international et de l’Union européenne, dont les premiers experts sont attendus dans la soirée à Rome, l’Italie, qui a promis de remettre de l’ordre dans ses comptes, est également sous le contrôle de la Banque centrale européenne (BCE). Une éventuelle contagion de la crise de la dette à l’Italie mettrait à genoux l’ensemble de la zone euro.