Jamel Administrateur
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| Sujet: La fin programmée de Silvio Berlusconi Mer 27 Nov - 11:35 | |
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La fin programmée de Silvio Berlusconi
Mis à jour le 26/11/2013 à 21:18 - Publié le 26/11/2013 à 16:50
Silvio Berlusconi, samedi 23 novembre à Rome, lors d'un meeting de Forza Italia. Le Cavaliere, qui a dominé la scène politique italienne pendant vingt ans, doit être destitué par le Sénat ce mercredi.
Ce 27 novembre, le Sénat italien doit voter la déchéance de Silvio Berlusconi. C'est le dernier acte d'une descente aux enfers commencée en novembre 2011: attaqué par les marchés, humilié au G20 de Cannes, il s'était fait congédier le 12 novembre par le président Giorgio Napolitano et remplacer par l'économiste Mario Monti à la tête du gouvernement. Entré en politique en 1994, Silvio Berlusconi aura gouverné pendant neuf ans et dominé la scène politique italienne pendant deux décennies. • Pourquoi perd-il son siège de sénateur?
Une décision de la Cour de cassation a confirmé le 1er août sa condamnation pour fraude fiscale à quatre ans de prison (dont trois amnistiés) et à six ans d'inéligibilité, peine ramenée ultérieurement à trois ans. Il s'agit de sa première condamnation définitive, parmi les 41 procès qui lui ont été intentés pour fraude fiscale, corruption, financement illicite de son parti, abus de confiance et même connivence avec la mafia - ce qui n'a jamais été démontré. La loi dite Severino, votée en 2012, prive de mandat tout parlementaire condamné à plus de deux ans de prison. Plaidant sa non-rétroactivité à des faits commis dix ans auparavant, Silvio Berlusconi a déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg. Pour l'application de sa peine, le Cavaliere a opté pour servir dix mois et demi dans une communauté sociale ou thérapeutique en 2014.
• Est-ce la fin de sa carrière politique?
Il sort très affaibli de l'épreuve judiciaire et plus encore d'une rupture historique intervenue le 16 novembre au sein de son parti, le PDL. Son dauphin, le vice-président du Conseil et ministre de l'Intérieur Angelino Alfano, 43 ans, l'a trahi en refusant d'adhérer à Forza Italia, la formation de ses premiers succès politiques que le Cavaliere a ressuscitée pour remplacer le PDL. Avec les quatre autres ministres PDL et une cinquantaine de parlementaires, Alfano a créé le Nouveau Centre Droit, formation alternative au PDL, qui continuera à épauler le gouvernement de coalition d'Enrico Letta. Difficile de croire que Silvio Berlusconi se laissera abattre pour autant. Alors qu'on le donnait politiquement mort fin 2012, sa coalition a remporté neuf millions de suffrages (30 % des voix) en février dernier. Une fois purgée sa peine de travaux d'intérêt général, on peut s'attendre à ce qu'il reparte à l'assaut avec Forza Italia, dès octobre 2014. «Ils ne peuvent pas me priver du droit de m'exprimer sur la scène publique, de guider le mouvement politique que j'ai fondé et d'être encore la référence de millions d'Italiens», dit-il. Ses principaux écueils sont son âge, 77 ans, et un projet politique qui n'a pas été renouvelé depuis vingt ans.
• Quel héritage laisse-t-il aux Italiens?
En 1994, Silvio Berlusconi prétendait lancer une révolution libérale et transformer en profondeur la société italienne. Il voulait rendre l'économie plus concurrentielle, simplifier les procédures, alléger le poids de l'État, desserrer l'étau de la bureaucratie, battre les corporatismes. Certaines réformes ont vu le jour, surtout entre 2001 et 2006, sous son deuxième gouvernement: fédéralisme fiscal, abolition des droits de succession, création d'un système d'évaluation dans les universités, loi libéralisant l'embauche, dispositif restrictif d'immigration, loi-cadre sur les grands chantiers, réformes du droit des faillites, du droit des sociétés, de la procédure civile, libéralisation du marché de l'énergie et des télécommunications, abolition de la conscription. Il a fait construire les digues mobiles de Venise et mis en œuvre le projet de TGV Turin-Lyon. Des trente-six réformes qu'il revendique, aucune toutefois n'a eu l'envergure nécessaire pour modifier en profondeur l'architecture de l'État et faire sauter les verrous qui bloquent l'économie italienne. Le pays reste affecté par une perte de compétitivité (il se classe au 10e rang européen et au 48e rang mondial), un fisc écrasant (44,5 % sur les entreprises, selon le patronat), un chômage qui touche un million et demi de jeunes tandis que 79.000 diplômés sont partis l'an dernier pour l'étranger, des dépenses publiques incontrôlées (47 % du PIB), un endettement de l'État colossal (133,3 % du PIB, soit 30 500 euros par Italien, dix fois plus qu'en 1991). En dix ans, du fait de la pression fiscale, le revenu net par habitant n'a augmenté que de 29 euros. Pour résoudre ces problèmes, il aurait fallu réduire drastiquement le poids de l'État, comprimer les dépenses publiques, réformer le Parlement et les institutions. Silvio Berlusconi n'y est pas parvenu. Au plan politique, il a commis des erreurs graves. En faisant voter en 2004 une loi électorale accordant automatiquement une prime de 150 sièges à la formation arrivée en tête, il a déréglé la représentation parlementaire. Il n'est pas non plus parvenu à réformer la justice, son cheval de bataille. Ses graves conflits d'intérêts entre affaires privées et responsabilité politique et ses attaques populistes contre les «juges rouges» lui ont mis à dos l'ensemble de la magistrature. | |
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