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La défense de Claude Guéant mise à mal
Mis à jour le 01/05/2013 à 16:22 - Publié le 01/05/2013 à 11:23
RÉACTIONS - Aucune voix ne s'est encore élevée pour défendre Claude Guéant, soupçonné de blanchiment d'argent. Son affirmation selon laquelle les fonds secrets ont été maintenus Place Beauvau quatre ans après leur interdiction par Lionel Jospin est farouchement démentie.
«Soit c'est un menteur, soit c'est un voleur!» La défense de Claude Guéant, dont les nombreuses factures en liquide retrouvées à son domicile et un versement de 500.000 euros sur son compte intriguent les enquêteurs chargés de déterminer l'existence ou non d'un financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, ne convainc guère l'ancienne ministre UMP Roselyne Bachelot.
L'ancien ministre de l'Intérieur affirme qu'il a pu accumuler des sommes d'argent en liquide grâce aux fonds secrets du ministère, à l'époque où il travaillait au cabinet de Nicolas Sarkozy, entre 2002 et 2004. Claude Guéant a affirmé mardi soir sur France 2 avoir payé avec ces fonds une dizaine de factures pour un montant total de 25.000 euros. «C'est pas rien, mais ce n'est pas faramineux non plus», estime-t-il.
«Ce qui est totalement impossible, c'est d'avoir touché des primes de cabinet à partir de 2002! Elles avaient été supprimées par Lionel Jospin», explique Roselyne Bachelot sur D8 lors de l'émission «Le Grand 8». «Si, lorsqu'il était chef de cabinet de Nicolas Sarkozy, de 2002 à 2004, il a touché de telles primes, soit il ment, soit il y avait au ministre de l'Intérieur de l'argent qui circulait pour rémunérer les informateurs, mais il n'avait pas à mettre cet argent dans sa poche!»
Les explications de Roselyne Bachelot sont accréditées par Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin. «Je suis affirmatif: il n'y a plus eu de primes de cabinet en liquide à partir du 1er janvier 2002», déclare-t-il au micro de France Info. «C'était la pratique dans tous les ministères. Lionel Jospin a voulu y mettre un terme, et faire en sorte que les choses soient transparentes, c'est-à-dire [que ces primes figurent] sur le bulletin de salaire. (...) Je n'imagine pas que le gouvernement Raffarin ait remis au goût du jour ces anciennes primes.»
«Claude Guéant salit les fonctionnaires de l'Intérieur»Claude Guéant s'est expliqué sur France 2 en affirmant que le système de prime avait subsisté Place Beauvau jusqu'en 2006, et avait bénéficié à «plusieurs milliers de fonctionnaires.» «Une insulte!», tonne le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Claude Guéant «salit les fonctionnaires de l'Intérieur (...). Il n'y a plus dans les cabinets depuis Jospin d'argent en liquide qui circule, et il n'y a jamais eu en direction des fonctionnaires de l'Intérieur de l'argent liquide.»
Lemonde.fr a contacté un ancien membre de cabinet de Dominique de Villepin lorsque ce dernier était ministre de l'Intérieur, de 2004 à 2005. «Si j'ai bien touché une prime de cabinet officielle virée avec mon salaire, et mentionnée sur mon bulletin de paie, pas un centime ne m'a été versé en liquide», affirme-t-il, démentant donc l'affirmation de Claude Guéant sur la persistance du système jusqu'en 2006. «J'ajouterais que notre équipe Villepin a intégré, au moins pendant quelques mois, plusieurs collaborateurs du précédent cabinet Sarkozy. Je n'ai pas le souvenir qu'ils se soient plaints de la suppression de leur prime en liquide, ce qui me laisse supposer qu'ils n'en avaient pas non plus.»
Du côté du Parti socialiste, on évoque une «véritable affaire d'État» si «l'enquête judiciaire vient confirmer la nature frauduleuse et la provenance douteuse de ces sommes d'argent». «Les faits révélés par
Le Canard enchaîné sont d'une extrême gravité», affirme un porte-parole du PS. «M. Guéant a-t-il recueilli les fonds pour lui-même ou bien participait-il à un dispositif plus large de financement occulte pour la campagne de M. Sarkozy en 2007?»
«Sa défense est brinquebalante, ce n'est pas crédible», a lancé Florian Philippot, vice-président du FN sur iTélé. «Tirons le fil Guéant, et sur qui tombera-t-on? Évidemment sur Nicolas Sarkozy», affirme-t-il. Sur iTélé, le député du Rassemblement bleu Marine Gilbert Collard est plus prudent et souhaite «attendre que la justice fasse son travail». «Peut-être dit-il vrai, peut-être ment-il. Mais il faut reconnaître que la manière dont il s'est comporté a une odeur de suspicion grave.»