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L'UMP ne se presse pas de défendre Claude Guéant
LE 13.06.2013 à 11h52 • Mis à jour le 15.06.2013 à 12h13 Claude Guéant, en décembre 2011. Il est alors ministre de l'intérieur de Nicolas Sarkozy.
Il reste seul dans la tempête. Plus d'un mois après le début de ses ennuis judiciaires, Claude Guéant ne peut compter sur le soutien de sa propre famille politique. A l'UMP, les moins malveillants à son encontre ne font pas de commentaires. D'autres prennent moins de pincettes et tiennent des propos contribuant à enfoncer l'ancien bras droit de Nicolas Sarkozy. Mis en cause depuis mardi 30 avril dans une affaire judiciaire, Claude Guéant est soupçonné de
"détournement de fonds publics". Selon un rapport remis le 10 juin à Manuel Valls, M. Guéant aurait touché des primes en liquide, de 2002 à 2004. Quelque 10 000 euros mensuels, prélevés sur les frais d'enquête de la police, ont été "remis" à celui qui était alors directeur du cabinet de M. Sarkozy, à l'intérieur.
"C'est un problème majeur puisque cet argent n'était pas destiné à des primes de cabinet", a jugé l'ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin, rappelant que le gouvernement Jospin avait supprimé ces primes au début de l'année 2002. Le député filloniste Pierre Lellouche s'est dit choqué
"dans la mesure où c'est interdit".
"Ça fait beaucoup désordre. Il y a eu Cahuzac, il y en a de tous les côtés", s'est-il inquiété. Autre soutien de M. Fillon, Valérie Pécresse a estimé que M. Guéant devrait rembourser les primes reçues si la justice montrait qu'elles n'avaient
"pas de base légale".
"Il y a une faute évidente", a tranché Benoist Apparu, reconnaissant que tous les membres de l'UMP étaient
"embarrassés" par le cas Guéant.
LE "MAILLON FAIBLE" Les responsables de droite ne se montrent pas particulièrement solidaires avec celui qui a secondé M. Sarkozy de 2002 à 2012. Pour une raison simple :
"Personne ne veut être associé à Guéant, car chacun est convaincu que ça va mal se finir", juge un ex-ministre sous le couvert de l'anonymat.
"On ne peut rien dire, car on ne connaît pas le fond de l'affaire, et Guéant a une défense à géométrie variable...", explique un dirigeant UMP.
"Je n'ai pas beaucoup d'amis, je le regrette", confiait M. Guéant à
Paris Match, en 2010. A l'époque, il était au sommet. Surnommé le
"vice-président", l'ex-secrétaire général de l'Elysée détenait de grands pouvoirs, suscitant la rancoeur à Matignon et au sein du gouvernement.
"Il a traité avec beaucoup d'arrogance et de mépris tous les élus UMP quand il était au pouvoir", se rappelle un ex-ministre.
"Celui qui a été l'homme fort du système Sarkozy pendant cinq ans devient le maillon faible", résume cruellement un autre.
"PAS DE LA FAMILLE" D'autant que les ténors du parti n'ont jamais vraiment considéré l'ancien préfet comme l'un des leurs.
"Il n'est pas de la famille, juge un cadre U MP.
Jamais élu, il est passé directement du statut de préfet à celui de politique au sommet." "Il n'est pas du sérail. Donc, ceux qui ne l'aiment pas se lâchent aujourd'hui", observe un proche de l'ancien président.
Les sarkozystes ont flairé le piège et ne veulent pas que les soucis de M. Guéant éclaboussent leur candidat. Certains, comme Brice Hortefeux, restent discrets pour ne pas donner de relief aux ennuis du plus fidèle serviteur de M. Sarkozy. D'autres tentent d'établir un cordon sanitaire entre l'ex-ministre de l'intérieur et son directeur de cabinet de l'époque.
"Nicolas Sarkozy ne savait rien et n'a jamais envoyé Guéant en service commandé, assure un proche de l'ancien chef de l'Etat.
Qu'il ait eu des collaborateurs ayant commis des fautes ne veut pas dire qu'il le savait et y a participé." L'argumentaire en rappelle un autre... Il ressemble à celui du pouvoir socialiste plaidant, au sujet de Jérôme Cahuzac,
"la faute d'un seul homme".