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Hollande mise sur le vote pour calmer le jeu
Mis à jour le 22/04/2013 à 08:26 - Publié le 21/04/2013 à 19:08
La garde des Sceaux, Christiane Taubira, à l'Assemblée nationale le 15 avril, lors du début de l'examen en deuxième lecture du projet de loi instituant le mariage pour tous.
Le président de la République estime qu'une fois le projet de loi Taubira adopté mardi, la pression retombera. Toute concession faite aujourd'hui aux opposants passerait pour un recul.
Point d'orgue ou point de départ? À l'Élysée, si l'on a observé avec attention le déroulement de la manifestation de dimanche contre le mariage homosexuel, c'est en fait sur une autre date que l'on se concentre. Celle du mardi 23 avril, jour du vote officiel du texte de loi au Parlement. Et moment de vérité puisque c'est à partir de là que le pouvoir pourra juger de l'état réel de la contestation. «Cela peut durer encore un peu même si le vote peut faire retomber la pression», espère-t-on dans l'entourage de François Hollande.
<p>Traditionnellement, une fois que le Parlement s'est définitivement prononcé, la mobilisation retombe. Ce fut le cas en 2010 après la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy, que la gauche avait fortement contestée dans la rue avant de plier les banderoles une fois le texte adopté. Seulement voilà, les manifestants ont en tête un autre précédent, celui du contrat première embauche (CPE). Mis en place par le premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin, ce contrat de travail réservé aux jeunes avait provoqué de vastes manifestations dans toute la France trois mois durant. Si bien que pour sortir du bourbier social, Jacques Chirac avait décidé dans un même temps de promulguer la loi, puis de la suspendre. C'est bien ce qu'espèrent obtenir les opposants au mariage gay, déterminés à poursuivre la bataille après la fin des débats. «Que le texte soit voté mardi ou pas, ça ne change absolument rien, le combat et la résistance silencieuse et pacifique sont en marche à l'image de Solidarnosc», a assuré dans le cortège la présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin. Cette détermination n'a pas échappé à l'Élysée, où l'on relève «la volonté des manifestants de faire en sorte que le texte voté soit abrogé».
Mais pour le président de la République, toute concession aux opposants, quelle qu'elle soit, passerait désormais pour un recul. Et le ferait perdre sur les deux tableaux. D'abord en mécontentant les partisans du mariage homosexuel. Ensuite en offrant une victoire politique à l'opposition qui s'est fortement impliquée dans le mouvement récemment. D'ailleurs, un proche de François Hollande, le sénateur François Rebsamen, a accusé dimanche l'UMP d'«hystériser» le débat politique. «Je dénonce surtout et mets en garde l'UMP contre toute utilisation de ces manifestations. L'UMP, finalement, n'accepte pas sa défaite du mois de mai de l'année dernière», a-t-il déclaré sur Radio J.
Passé le vote de mardi, tout l'enjeu pour François Hollande sera de réussir à gérer au mieux la sortie de crise. «Il n'est en aucun cas sourd par rapport aux critiques», assure-t-on dans son entourage. Le président de la République n'a pas prévu de parler à chaud après le vote. D'abord pour voir si la pression redescend et avec elle les groupuscules d'extrême droite qui avaient profité du climat pour créer des incidents et perpétrer des agressions homophobes.
Dans un premier temps, c'est donc le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui devrait prendre la parole à l'Assemblée nationale mardi à l'issue du vote. Ce n'est que dans un deuxième temps que le chef de l'État devrait s'exprimer, par exemple à la mi-mai pour la grande conférence de presse qu'il avait promis de donner tous les six mois. L'occasion pour François Hollande de remettre en perspective le mariage homosexuel. Et tenter de clore définitivement cette nouvelle séquence délétère.
S'il fallait résumer l'état d'esprit de François Hollande, peut-être faudrait-il écouter les propos tenus dimanche sur Europe 1 par Louis Gallois, le commissaire général à l'investissement: «Il faut que cette étape se termine le plus rapidement possible, c'est clair (…) parce que ça crée un climat qui n'est pas sain dans le pays.»