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Jean-Marc Ayrault tente de rassurer un PS déboussolé
Publié le 14/04/2013 à 18:31
Jean-Marc Ayrault lors de la convention Nationale du Parti Socialiste à la Cité des Sciences de la Villette, à Paris, samedi.
Le premier ministre a réaffirmé samedi le cap et la ligne devant le conseil national du parti majoritaire.
Comme il paraît loin, le bel unanimisme qui avait prévalu au congrès de Toulouse! Fin octobre, les leaders socialistes, qui incarnaient une sensibilité ou un courant avant la présidentielle, s'étaient rangés comme un seul homme derrière la «motion 1» portée par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault. Ce texte avait alors recueilli une écrasante majorité. Six mois plus tard, le spectre des divisions et des «deux gauches» a flotté sur le conseil national du PS, réuni samedi à Paris dans une ambiance crépusculaire, marquée par l'affaire Cahuzac, l'impopularité du pouvoir et les doutes devant l'absence de résultats concrets de la politique menée.
Jean-Marc Ayrault a défendu sa politique de «sérieux budgétaire» après l'intervention de trois ministres qui, sous couvert de dénoncer les politiques d'austérité européennes, ont émis des réserves sur la politique économique du gouvernement. «Je ne serai pas le premier ministre du tournant de l'austérité», a répété le premier ministre en critiquant «une gauche qui préfère rêver un idéal plutôt que de se confronter au réel». De son côté, le premier secrétaire Harlem Désir a appelé le PS à engager un bras de fer avec les conservateurs européens, dont Angela Merkel. Il a dénoncé les «couacs» et le «bal des ego» car «dans l'adversité, il faut être dans l'engagement collectif».
Ayrault et Désir revenaient de loin, après une semaine sous haute tension. Déjà plombés par l'affaire Cahuzac, les leaders de la majorité ont été effarés de constater que 34 députés PS s'étaient abstenus et que 5 avaient voté contre le projet de loi sur l'emploi, présenté comme une avancée majeure par le gouvernement. «C'est venu renforcer le sentiment que c'était panique à bord», note un dirigeant. La direction du PS s'est également inquiétée des prises de position contre l'austérité d'Arnaud Montebourg, Cécile Duflot et Benoît Hamon. «Soit quelqu'un siffle la fin de la partie et trace une ligne rouge, soit c'est le délitement. Il y a trois jours, nous avons redouté que cela soit le délitement», explique un dirigeant.
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«Je ne serai pas le premier ministre du tournant de l'austérité»
Jean-Marc Ayrault
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L'inquiétude était telle, en fin de semaine, qu'Ayrault et Désir ont convoqué en urgence les poids lourds de la majorité et du gouvernement, vendredi, pour cadrer la réunion du lendemain. Les proches du premier secrétaire se sont même interrogés sur l'opportunité de présenter un texte de résolution, de peur qu'un vote serve d'exutoire à des socialistes en plein doute. Finalement, la résolution a été adoptée avec 68% des voix. «L'enjeu, c'était de vérifier qu'une vraie majorité soutenait bien l'action du gouvernement. On s'en est bien sortis. Mais il y a deux jours, nous n'étions sûrs de rien», confie un responsable.
Cerise sur le gâteau, l'irruption au conseil national d'une cinquantaine de salariés de l'usine PSA d'Aulnay est venue incarner de manière spectaculaire le débat sur la ligne sociale-libérale du gouvernement. «Avec Cahuzac, vous avez eu le sentiment de vous faire trahir. Nous partageons ce sentiment de trahison parce que le gouvernement n'est pas intervenu», a lancé un syndicaliste CGT, Jean-Pierre Mercier. Un discours applaudi par les tenants de l'aile gauche, qui ont salué cette «irruption du réel». «Cela nous ramène aux contradictions de la gauche au pouvoir, a lancé le leader de Maintenant la gauche, Emmanuel Maurel. Nous ne devons jamais oublier d'où nous venons. Et quelle base sociale nous sommes censés représenter.»
Un happening dont Ayrault et Désir se seraient bien passés. «Quand ça va mal, ça va mal, résume le député Jean-Christophe Cambadélis. Cette irruption des ouvriers ramène le PS à ses contradictions à un moment où la majorité avait décidé de faire bloc, et de se lancer dans une offensive contre la droite allemande. Tout ça est passé à la trappe.» Les socialistes n'ont pas fini de remonter la pente.