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Au pied du mur, Hollande prépare sa riposte
Mis à jour le 07/04/2013 à 22:47 - Publié le 07/04/2013 à 20:51
Le chef de l'État et sa compagne, Valérie Trierweiler, quittent la préfecture de Tulle lors du déplacement en Corrèze, samedi.
Le président de la République a reçu le premier ministre, dimanche à l'Élysée, pour évoquer avec lui les suites à donner à l'affaire Cahuzac.
Il est cerné. Dans sa ville de Tulle (Corrèze), où il a passé quelques heures samedi, François Hollande a dû se contorsionner pour éviter les manifestants. À l'aéroport de Brive-la-Gaillarde, il s'est faufilé par une porte dérobée pour éviter des dizaines de manifestants contre le gaz de schiste. Même stratagème à la préfecture de Tulle, où le chef de l'État est entré par une porte arrière pour ne pas croiser des opposants au mariage pour tous. Et partout, à Tulle comme à Paris, une «affaire Cahuzac» à rebondissements, qui n'en finit pas d'empoisonner la gauche. «C'est un poison lent», résume un poids lourd de l'Assemblée nationale.
Dans son fief corrézien, samedi, le président a tenté de montrer qu'il restait «libre» en s'offrant une longue déambulation dans la ville. Et profité d'une cérémonie de remise de décorations à d'anciens résistants pour évoquer l'Affaire: «Dans un moment où il doit y avoir des valeurs (…), une exigence morale pour tous ceux qui ont des responsabilités à quelque niveau que ce soit, une cérémonie comme celle-là a du sens (…)», a-t-il lancé avant de rentrer à Paris pour un «week-end de travail».
François Hollande a passé ces deux derniers jours à consulter à l'Élysée. Il a reçu son premier ministre Jean-Marc Ayrault dimanche après midi. Ainsi que deux poids lourds de son gouvernement, Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Le chef de l'État passera cette semaine à venir à Paris, où il multipliera les rendez-vous. Depuis les aveux de Jérôme Cahuzac, le président ne décolère pas. «Il est froid, très dur, confie un conseiller. C'est une lame. Il ne fera pas de sentiments et prendra les mesures qui s'imposent.»
- Citation :
- L'affaire Cahuzac est « un poison lent », résume un poids lourd de l'Assemblée
Au pied du mur, Hollande doit trouver de nouveaux instruments dans sa petite «boite à outils» pour sortir de la nasse. Le ministre des relations avec le parlement Alain Vidalies planche sur un texte de loi sur la moralisation de la vie publique, dans la foulée des annonces faites par le président mercredi dernier. Ayrault a déjà promis que le texte serait «d'une grande fermeté». On confirme à l'Élysée: «Ce sera particulièrement fort. Il faut juguler cette crise morale qui ne date pas d'aujourd'hui.» «L'idée est de frapper vite et fort», confie un autre conseiller du président. Le texte devrait être prêt dans les prochains jours, au plus tard la semaine prochaine. Ce week-end à l'Élysée, l'idée d'un retour de l'ex ministre du Budget sur les bancs de l'Assemblée faisait bondir. «C'est extravagant, lance un conseiller. Comment cette idée peut-elle lui avoir traversé l'esprit? Décidément, dans cette affaire, tout est dingue!»
Vendredi soir à Limoges, le premier secrétaire du PS Harlem Désir a proposé d'organiser un référendum sur la moralisation de la vie publique. Et dans Le Monde daté de samedi, dix élus PS ont plaidé pour un référendum à choix multiples sur les institutions, comprenant notamment le droit de vote des étrangers ou le non cumul des mandats. À l'Élysée, on assure qu'un référendum n'est absolument pas à l'ordre du jour. «Dans cette situation de crise, le président n'attend ni états d'âme, ni panique de ceux qui en appellent au référendum, s'agace le sénateur PS Luc Carvounas. Renforcer l'autorité de l'État, ce n'est pas en appeler au peuple. Mais au contraire faire corps autour du président de la République.» «Il faut tenir, renchérit un hollandais historique. La réponse apportée à l'affaire Cahuzac doit se situer sur le terrain moral. Il ne faut surtout pas céder à une pression politique.»
Mais dans la majorité, ils sont nombreux à souhaiter un «choc politique», après le «choc moral» que prépare l'exécutif. «Un remaniement ne résoudrait rien, assure un proche conseiller du président. Jérôme Cahuzac n'a pas mis en cause un fonctionnement de gouvernement. Il s'agit de la dérive d'une personne.» Reste que le patron de Médiapart, Edwy Plenel a promis «d'autres révélations», qui pourraient éclabousser d'autres ministres. «Il faut attendre, prendre la mesure des dégâts sur le champ de bataille, puis remanier en profondeur», note un député. «Il n'y a pas de bonne solution en soi», a soupiré dimanche sur RCJ la porte-parole du PS Frédérique Espagnac.