Les sarkozystes sonnés par la riposte de Fillon

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Les sarkozystes sonnés par la riposte de Fillon

12 juillet 2013 à 22:16 (Mis à jour: 13 juillet 2013 à 09:07) 
   

Francois Fillon le 11 juillet 2013 à La Grande Motte .

UMP. La réponse cinglante de l’ancien Premier ministre à l’ex-président plombe son grand retour.
   
François Fillon a réussi son coup. Son discours prononcé jeudi soir dans le théâtre de verdure de La Grande-Motte (Hérault) devant quelques centaines de sympathisants, a été reçu cinq sur cinq. Autant par ses amis que par ses adversaires. Les premiers sont rassurés : l’ancien Premier ministre a démontré qu’il était absolument déterminé à aller jusqu’au bout de son ambition présidentielle, y compris en assumant la confrontation avec un Nicolas Sarkozy à qui il dénie le droit de se poser en «homme providentiel».

Revanche.

A l’inverse, les amis de l’ancien chef de l’Etat ont quelques raisons de s’inquiéter. Lundi, ils étaient sortis regonflés à bloc du bureau politique élargi au cours duquel Sarkozy avait clairement laissé entendre qu’il se préparait à revenir pour prendre sa revanche contre Hollande. Certes, les parlementaires UMP n’avaient été qu’une centaine à répondre à l’invitation. Mais qu’importe : le boss était de retour. Les antifillonistes avaient savouré la charge contre l’ancien «collaborateur», prié de confesser sa «fierté» d’avoir servi à Matignon durant cinq ans.

Après cette humiliation publique, les sarkozystes ne doutaient pas que l’impertinent allait baisser d’un ton. Il s’est passé exactement le contraire : Fillon a monté le son et Sarkozy est retourné à son silence, laissant à ses lieutenants désemparés le soin de trouver la réplique. Célébré ce lundi comme un vrai coup de maître, le retour si soudain de l’ancien président avait pris, vendredi, des allures de fiasco.

Le fidèle Henri Guaino s’est indigné, comme d’habitude. Mais il était assez seul. Vendredi matin, sur RMC, l’ancien conseiller spécial a parlé de «trahison» tant «affective» que «morale». «Ce qui s’est passé [jeudi] soir, […] ce n’est pas digne», a-t-il ajouté. Contre toute évidence, il jure qu’il ne «voit pas» à qui pense Fillon quand il décrit un homme qui s’autoproclamerait «providentiel».

Sur Europe 1, vendredi, le porte-parole officieux de Sarkozy, Brice Hortefeux, était plus prudent : «François Fillon est évidemment libre de s’exprimer comme il l’entend», a-t-il assuré, faisant mine de s’étonner que l’on puisse ainsi se préoccuper «d’une élection présidentielle qui se déroulera dans plus de quarante-cinq mois». Tout en affectant de «respecter» la démarche de Fillon, il a insisté sur le décalage entre cette obsession présidentielle et les priorités du moment, tant pour les Français que pour l’UMP. Telle est la stratégie retenue par les sarkozystes qui, c’est bien connu, ne pensent pas à la présidentielle.

«Congélation».

Jean-François Copé, lui, a refusé de livrer le moindre commentaire. Sarkozy est-il l’avenir de la droite ou, au contraire, la condamne-t-il à la «congélation» - dixit Fillon - jusqu’à l’avènement d’un recours ? «Ce n’est pas mon histoire», répond le président de l’UMP qui dit vouloir se concentrer sur sa mission première : la campagne pour les municipales de 2014 dont il proclamera le lancement le 25 août, à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône). A la tête d’un parti qu’il décrit comme «stabilisé», Copé assure que les dons «affluent» si vite que l’UMP aura bientôt récolté la moitié des 11 millions qui lui manque du fait du rejet des comptes de la campagne présidentielle.

Le crime de La Grande-Motte restera-t-il impuni ? Cela semble improbable. Les sarkozystes ont quelques semaines pour préparer la riposte, avant la grand-messe de l’Association des amis de Nicolas Sarkozy, à Arcachon le 1^er septembre. Fillon, lui, aura déjà réuni ses amis le 28 août dans la Sarthe, pour un grand meeting de rentrée. On ne peut exclure qu’il récidive.