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Italie : la gauche échoue à former un gouvernement
Publié le 28.03.2013, 21h12 | Mise à jour : 22h20
Rome (Italie), jeudi 28 mars 2013. Pier Luigi Bersani, le leader de la gauche italienne, a annoncé au président de la République qu'il n'est pas parvenu à former un gouvernement.
Le chef de la gauche italienne Pier Luigi Bersani a perdu ce jeudi son pari de former un gouvernement. La balle est repartie dans le camp du président Giorgio Napolitano qui doit sortir l'Italie d'une impasse de plus d'un mois.
«Les discussions (avec les autres formations politiques) n'ont pas abouti», a constaté Pier Luigi Bersani, la mine défaite, après être allé au Quirinal (NDLR : le palais présidentiel), remettre ses conclusions au président de la République. Le Parti démocrate (PD), sa formation, a tenu à préciser qu'il n'a «pas renoncé» à la charge que lui a confiée le président, contrairement à l'interprétation que les médias ont fait de son geste.
Pier Luigi Bersani avait terminé ce jeudi en milieu de journée des pourparlers qui duraient depuis samedi avec les syndicats, le patronat, la société civile puis avec les principaux partis.
Le président rencontre tous les partis vendrediLe président Napolitano va reprendre la situation en main et, «sans attendre, prendre les initiatives qui lui permettent de vérifier personnellement les développements possibles», a indiqué un porte-parole de la présidence. Le chef de l'Etat verra toutes les formations politiques vendredi pour des consultations éclair qui débuteront à 11 heures.
Le PD a obtenu la majorité absolue à la Chambre des députés aux législatives des 24 et 25 février mais pas au Sénat, où trois forces antagoniques ont à peu près le même poids : la gauche, la droite de Silvio Berlusconi (PDL, Peuple de la liberté) et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) de Beppe Grillo.
«Des conditions inacceptables»Pier Luigi Bersani a expliqué avoir rencontré lors des pourparlers avec les autres formations des «difficultés dérivant d'entraves et conditions inacceptables». Mercredi, il avait essuyé un énième refus humiliant de la part du M5S, la formation contestataire anti-partis et anti-austérité de l'ex-humoriste Beppe Grillo qui rejette toute collaboration même un vote de confiance initial permettant de faire démarrer un gouvernement.
L'ex-comique a enfoncé le couteau dans la plaie sur son blog jeudi en estimant possible que l'Italie se passe d'un gouvernement et soit gérée seulement par le parlement «pour adopter une nouvelle loi électorale ou lancer des mesures urgentes pour aider les PME ou supprimer les départements».
«Le Parlement doit reprendre sa centralité dans la vie de la République», affirme Beppe Grillo sur son compte Twitter.
Autre écueil que Pier Luigi Bersani n'a pas réussi à surmonter, une éventuelle entente avec la droite de Silvio Berlusconi. La coalition menée par le PDL du Cavaliere, 76 ans, arrivée deuxième au scrutin, propose depuis des semaines une coalition à Pier Luigi Bersani mais ce dernier s'y refuse car l'électorat de gauche n'accepterait pas une alliance avec son adversaire politique des 20 dernières années.
Selon les médias, le Cavaliere aurait offert d'aider le PD à obtenir un premier vote de confiance en contrepartie du soutien de la gauche à un candidat favorable à la droite berlusconienne pour succéder au président Napolitano à la mi-mai. Mais pour des raisons inexpliquées, le PDL a brutalement refermé la porte mercredi soir.
«L'affaire est close et c'est Bersani lui-même qui l'a close. Il se trouve maintenant dans un cul-de-sac dans lequel il s'est placé tout seul», avait indiqué Angelino Alfano, secrétaire général du PDL.
«Bersani n'est pas sorti de l'impasse. Nous devons éviter que l'Italie finisse dans ce cul-de-sac», écrit le responsable du parti de Silvio Berlusconi sur son compte Twitter.
Le président Napolitano devra prendre une décision finale en ayant à l'esprit l'urgence de doter la troisième économie de la zone euro d'un gouvernement capable d'affronter les problèmes économiques et sociaux.
«La priorité de l'Italie, c'est d'appliquer les réformes, ce qui implique d'améliorer la gouvernance, de lutter contre la corruption, d'améliorer le système judiciaire», a déclaré ce jeudi l'économiste en chef de l'OCDE Pier Carlo Padoan. «Le manque de gouvernabilité et de stabilité politique risque d'avoir des effets très lourds sur nos entreprises et notre économie qui ne peuvent pas se le permettre», a averti la coordination d'organisations agricoles Agrinsieme, réagissant au constat d'échec de Pier Luigi Bersani.
L'économie italienne est en récession depuis six trimestres, le chômage frôle les 12% et les élections de fin février, qui se sont achevées sans une majorité politique claire au Parlement, ont entraîné une hausse du spread, la différence des taux d'intérêt payés par l'Italie et l'Allemagne. Cette hausse qui s'était arrêtée après les élections a repris jeudi avec des taux obligataires italiens à dix ans remontés aux alentours des 5% contre environ 4% avant les législatives.