ITALIE :
Calme et courtois, «Super Mario» succède au bouillant et grivois Berlusconi
Chargé de constituer un nouveau gouvernement italien pour rétablir la confiance des marchés, Mario Monti, surnommé par The Economist «Super Mario», se situe aux antipodes de son prédécesseur, le bouillant Silvio Berlusconi. © KEYSTONE | Mario Monti est chargé de former un nouveau gouvernement.
ATS / AFP | 13.11.2011 | 21:39Chargé de constituer un nouveau gouvernement italien pour rétablir la confiance des marchés, Mario Monti, homme pondéré de 68 ans, se situe aux antipodes du bouillant Silvio Berlusconi, accusé d’avoir miné la crédibilité du pays.
Surnommé parfois «le cardinal», cet homme pondéré au nez toujours chaussé de lunettes s’est taillé une réputation de compétence et d’indépendance comme commissaire européen pendant dix ans (1994- 2004).
Signe que les temps ont déjà changé: loin des tribunaux ou des villas luxueuses où les paparazzi guettaient le Cavaliere, photographes et cameramen guettaient dimanche matin M. Monti à la sortie de la messe à Rome.
Adoubé par Lagarde Nommé sénateur à vie mercredi par le président Giorgio Napolitano, il a déjà été quasiment adoubé par la directrice générale du FMI, Christine Lagarde.
«Je connais bien M. Mario Monti, j’ai beaucoup d’estime et beaucoup de respect pour lui, je pense que c’est un homme de grande qualité avec lequel j’ai toujours eu un dialogue fructueux et extrêmement chaleureux», a-t-elle déclaré avant même sa nomination.
«Réformes impopulaires» en vue Très discret depuis que son nom occupe la une des journaux, le candidat pressenti a au cours des derniers mois multiplié les interventions sur la crise. «Il faut réaliser des réformes impopulaires en unissant les franges plus plus sensées de chaque parti politique», avançait-il le 23 septembre.
Né le 19 mars 1943 à Varese (nord), Mario Monti fait ses armes à la prestigieuse université Bocconi de Milan, considérée comme la meilleure faculté d’économie d’Italie. Il poursuit ses études aux Etats-Unis à l’université de Yale, où il étudie auprès du prix Nobel James Tobin, père du projet de taxe sur les transactions financières qui porte son nom.
En 1970, il commence à enseigner à l’université de Turin, qu’il quitte en 1985 pour devenir professeur d’économie politique à la Bocconi, où il occupe successivement les postes de directeur de l’Institut d’économie politique, recteur, et enfin président en 1994, une fonction qu’il occupe encore. Commissaire européen
En 1994, il est présenté par le premier gouvernement de Silvio Berlusconi pour un poste de commissaire européen au président de la Commission, Jacques Santer, qui lui confie le Marché intérieur, les Services financiers, la fiscalité et l’union douanière.
En 1999, le gouvernement de gauche de Massimo D’Alema le confirme à la Commission, où il reçoit du président, son compatriote Romano Prodi, le très convoité portefeuille de la Concurrence. Il conforte ainsi son image d’homme au-dessus des partis.
Sous son égide, la Commission a renforcé ses activités antitrust et Mario Monti peaufiné son image de commissaire dur en affaires et «imperméable aux pressions».
«Difficile à pénétrer» Quelle que soit la nature de son interlocuteur, Mario Monti «n’aime pas, quand il y a des règles, avoir l’impression qu’elles sont court-circuitées», assure son entourage. Le commissaire est «un cardinal», «quelqu’un de très difficile à pénétrer».
Très «courtois», cet homme marié et père de deux enfants n’en reste pas moins ferme. «Avec des mots très polis, il vous envoie au bûcher de l’inquisition s’il estime que cela est juste et nécessaire», estime cette source, tout en saluant la compétence du docteur en économie.
Dans un article de février 2000 intitulé «Super Mario», «The Economist» le présente comme «l’un des plus puissants bureaucrates européens», avant de le décrire comme «un adepte de la persuasion plutôt que de la polémique».
«Il a un tel air d’autorité que même la calvitie n’a pas osé le défier», ironise l’hebdomadaire britannique en allusion à son abondante chevelure poivre et sel.
A l’issue de son séjour à Bruxelles, M. Monti revient à ses activités académiques et signe des éditoriaux dans le «Corriere della Sera», quotidien de référence en Italie.