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Bethléem réserve un accueil glacial à Barack Obama
Mis à jour le 22/03/2013 à 19:25 | publié le 22/03/2013 à 19:06 Barack Obama et son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, lors de la visite de la basilique de la Nativité à Bethléem, vendredi.
Le chef d'État américain a visité la basilique de la Nativité. Sa visite n'a pas duré plus de 30 minutes.Son hélicoptère cloué au sol par une violente tempête de sable, Obama a dû se rendre en voiture à Bethléem, dernière étape de sa visite de trois jours en Israël et dans les Territoires palestiniens. Le président américain a donc franchi par la route le mur qui sépare la ville palestinienne de Jérusalem, ou la barrière de sécurité, selon l'appellation officielle israélienne. Mais sa visite n'a pas duré plus de 30 minutes. Obama ne s'est rendu que dans la basilique de la Nativité, et n'a pas rencontré de Palestiniens de Bethléem. «Il ne vient pas voir des terroristes», ironise une dame chrétienne en regardant les préparatifs d'une incursion présidentielle évoquant plus un raid militaire qu'une visite touristique.
La place de la Mangeoire, devant la basilique, avait été interdite, et les accès étaient bouclés par un important déploiement de forces de sécurité palestiniennes. Des tireurs d'élite américains étaient postés sur le toit de l'église, et les magasins ont été obligés de fermer dès le début de la matinée.
«Il ne fait pas grand-chose»Ce dispositif n'a fait qu'accentuer le manque d'enthousiasme des habitants de Bethléem, dont aucun ne semblaient particulièrement intéressé par le passage du président américain. «Qu'est-ce que ça peut nous faire, qu'Obama soit là?», demande Barakat, un commerçant de la rue Paul-IV. «Il y a quatre ans il demandait à Israël d'arrêter la colonisation, maintenant il ne demande plus rien. Pendant ce temps, tout autour de Bethléem, les colonies continuent de s'agrandir sur nos terres. Il est devenu comme nous, les Arabes, il parle beaucoup, mais ne fait pas grand-chose.»
Une petite manifestation qui se forme à la sortie de la mosquée est rapidement dispersée par la police palestinienne. Restent quelques badauds, qui tentent d'apercevoir quelque chose derrière les rangées de voitures blindées garées de façon à faire écran devant l'entrée de l'église.
Résultat, lorsque son imposant cortège présidentiel fait irruption sur la place de la Mangeoire, pratiquement personne ne voit Obama sortir de sa limousine garée presque contre la basilique, et se courber pour franchir la porte de l'Humilité, la petite entrée de l'édifice. Accompagné par le président palestinien, Mahmoud Abbas, et la maire de Bethléem, Vera Baboun. Obama est resté une vingtaine de minutes dans l'église, construite au-dessus de la grotte où serait né Jésus.
«C'est important que le président soit venu se rendre compte par lui-même», s'est cependant félicitée Mme Baboun, espérant que son bref passage dans la ville enclavée le fasse «réfléchir».
Les Israéliens gagnés par l'obamaniaSur la place de la Mangeoire, dans la boutique de souvenirs familiale, Elias Giacaman a assisté au passage de ce curieux cortège derrière sa vitrine pleine de crèches sculptées. «Obama ne s'est même pas arrêté ici. C'est dommage, nous aurions pu lui raconter la visite de John Kennedy. Il était venu dans notre magasin à l'époque de mon grand-père, quelques mois avant son élection. Nous avons toujours la lettre de remerciement qu'il lui avait écrite depuis la Maison-Blanche».
La visite d'Obama s'est achevée dans la même atmosphère glaciale, rendue encore plus sinistre par la tempête de sable qui soufflait sur la ville. Le contraste était total avec l'accueil triomphal réservé à Obama par Israël. Obama avait commencé la journée par une visite au mont Herzl, le cimetière national d'Israël. Il s'est recueilli sur les tombes de Theodor Herzl, le fondateur du sionisme, et d'Yitzhak Rabin, le premier ministre assassiné en 1995.
Il s'est ensuite rendu à Yad Vashem, le musée de l'Holocauste, qui se consacre aussi à retrouver les noms des six millions de victimes juives disparues pendant la Shoah. Encore charmés par son discours de la veille, les Israéliens semblaient avoir été quatre ans après le reste du monde gagné par l'obamania. Cet enthousiasme n'a en revanche pas franchi la Ligne verte et atteint les Territoires palestiniens.