Discussions sur la vente d'armes américaines

Discussions sur la vente d’armes américaines à l’Algérie

le 04.11.11 | 01h00

Les Etats-Unis d’Amérique mènent des discussions avec les autorités algériennes en vue de vendre à l’Algérie des équipements militaires entrant dans le cadre de la lutte antiterroriste, à indiqué, hier à Alger, le sous-secrétaire d’Etat adjoint américain chargé du Maghreb, Raymond Maxwell. «Nous sommes en train de définir les voies et moyens de vendre des équipements militaires à l’Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste», a déclaré M. Maxwell lors d’une conférence de presse à l’ambassade des Etats-Unis à Alger. «Les efforts des Etats-Unis visent à stopper la propagation des activités d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) dans la région et à lutter contre le trafic de drogue, d’êtres humains et toutes sortes de trafics», a-t-il ajouté.

APS
© El Watan

Mardi 8 novembre 2011

Considérant que la stabilité du Sahel garantit leurs intérêts dans la région :

Les Etats-Unis font le choix stratégique de vendre des armes à l’Algérie

08-11-2011



Par Hasna Yacoub

Après la visite du sous-secrétaire d’Etat aux Affaires du Moyen-Orient, Jeffrey D. Feltman, c’était au tour de Raymond Maxwell, le sous-secrétaire d’Etat adjoint américain pour le Maghreb de faire escale, mercredi dernier, à Alger. Ce dernier a, lors d’une conférence de presse tenue jeudi dernier, estimé qu’il est de l’intérêt des Etats-Unis d’Amérique de veiller à la stabilité dans la région du Maghreb. Exprimant ses inquiétudes quant à la prolifération des armes provenant de la Libye dans la région sahélo-saharienne, Raymond Maxwell a jugé plus qu’urgent que son pays intensifie les contacts avec les pays voisins de la Libye, afin de juguler le phénomène de la circulation des armes dans cette région. Le responsable américain a alors annoncé l’intention des Américains de vendre des équipements militaires à l’Algérie dans le cadre de la coopération dans la lutte contre le terrorisme et le trafic d’armes et de drogue. «Nous sommes en train de définir les voies et moyens de vendre des équipements militaires à l’Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste», a déclaré M. Maxwell, qui a souligné que «les efforts des Etats-Unis visent à stopper la propagation des activités d’Aqmi dans la région et lutter contre le trafic de drogue, d’êtres humains et toutes sortes de trafics». Il faut souligner que la visite de Raymond Maxwell a lieu alors que la Libye post-Kadhafi s’attelle à former un gouvernement intérimaire d’ici le 23 novembre et que la Tunisie vient d’élire une constituante dominée par les islamistes d’Ennahda. Sans oublier également que le 23 octobre dernier, trois Européens ont été enlevés près de Tindouf, dans le sud-ouest algérien. Donc, outre l’intérêt américain à assurer une stabilité dans la région du Maghreb, il semble évident que les Etats-Unis cherchent auprès de l’Algérie, incontournable de par sa position géographique, une solution visant à stabiliser la Libye dont la situation de guerre civile, nourrie par l’intervention militaire des Occidentaux, a permis de déchoir le régime Khadafi, mais en engendrant des conséquences néfastes pour toute la région du Sahel. D’ailleurs, M. Maxwell a exprimé son souhait de voir Alger aider le CNT à relever les défis auxquels il fait face. Est-ce la peur de voir naître un Etat extrémiste en Libye ? Possible, même si le secrétaire d’Etat américain a affirmé que ce qui préoccupe son pays n’à rien à voir avec l’identité religieuse des nouveaux gouvernements, nés après le printemps arabe. «Ce qui importe pour les USA, c’est de voir les nouvelles autorités de ces pays respecter les principes démocratiques et répondre aux aspirations de leurs peuples», a-t-il déclaré. Les Etats-Unis, qui s’apprêtent à vendre des armes à l’Algérie en la qualifiant «d’allié des USA», ont assuré par la voix de leur représentant, Raymond Maxwell, leur engagement auprès de l’Algérie et de ses voisins, pour lutter contre le terrorisme, le trafic d’armes et de drogue, ainsi que la criminalité transfrontalière. Il est à préciser que les Américains ont passé des contrats d’armement de haute technologie avec le Maroc. «En fait, ce que nous faisons n’est pas une course à l’armement. Notre idée d’appuyer le Maroc, au même titre que celle d’appuyer l’Algérie, entre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme que nous menons ensemble dans la région. Ces efforts visent également à stopper les activités d’Aqmi dans la région et arrêter le trafic de drogue, d’êtres humains et tout autre type de trafic. Nous le faisons dans l’intérêt de la région et pour nos intérêts», a souligné M. Raymond. L’engagement américain de lutter contre le terrorisme et d’aider tous les Etats qui luttent contre Al Qaïda a déjà été exprimé à plusieurs reprises. Faut-il rappeler qu’entre l’Algérie et les Etats-Unis existe un partenariat dans la lutte antiterroriste, l’échange de renseignements et la lutte contre le trafic d’armes. L’engagement américain semble prendre aujourd’hui un nouveau sens. La raison est sûrement le fait que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont été la cause première de la dégradation de la situation au Sahel, conséquence du pourrissement engendré en Libye après l’intervention de l’Otan. L’Aqmi, qui s’est renforcée avec de nouvelles recrues révoltées par les événements en Libye avec également les armes en libre circulation dans la région du Sahel, ou encore avec l’argent des rançons - payées par certains pays européens pour libérer leurs otages - risque de s’attaquer, notamment dans la région, aux intérêts américains. Les Etats-Unis doivent donc soutenir les pays du Sahel pour protéger leurs intérêts. D’ailleurs, en plus de l’annonce de la vente des armes pour l’Algérie, les responsables américains ont accueilli hier les représentants des pays du Champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) à Washington. Des discussions plurilatérales vont réunir les pays du Champ et des officiels américains de haut rang représentant plusieurs départements, notamment le département d’Etat, de la Justice, de la Défense, de l’Intérieur et du Conseil national de sécurité. Cette réunion entre dans le cadre du suivi de la Conférence d’Alger sur le partenariat, la sécurité et le développement, qui s’est tenue les 7 et 8 septembre 2011 et qui a rassemblé les pays du Champ et les partenaires extrarégionaux. La même délégation des pays du Champ se rendra, dans les prochains jours, à Bruxelles où elle aura des entretiens avec les hauts responsables européens sur l’ensemble de ces questions. Il semble, aujourd’hui, que les pays occidentaux ont saisi tout l’intérêt qu’ils ont à soutenir les pays du Sahel dans leur lutte antiterroriste, surtout avec les changements profonds que connaît actuellement la région.

H.Y.