WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > Politique
Raffarin charge Sarkozy et joue les trouble-fêtes
Mis à jour le 20/02/2013 à 14:17 | publié le 20/02/2013 à 10:28
Jean-Pierre Raffarin, en décembre, au siège de l'UMP.
L'ex-premier ministre revient sur les erreurs commises lors du précédent quinquennat, qui ont, selon lui, coûté la victoire à la droite à la présidentielle. «Il faut être lucide sur le bilan» de Sarkozy, assure-t-il au Figaro.Jean-Pierre Raffarin à contre-courant. Alors que l'association des Amis de Nicolas Sarkozy organise ce mercredi son premier colloque, les critiques de l'ex-premier ministre à l'encontre de l'ancien chef d'État, révélées par
Le Monde, prennent une saveur particulière. Dans
L'État de l'opinion, la revue que TNS Sofres publie chaque année en collaboration avec Le Seuil, Jean-Pierre Raffarin fait un bilan sans concession des faux pas commis par Nicolas Sarkozy lors du précédent quinquennat et de la campagne présidentielle.
Pour le sénateur de la Vienne, les conditions étaient réunies pour que la droite l'emporte en mai 2012. Mais l'échec a été causé par une série d'erreurs, qu'il impute directement à Nicolas Sarkozy. Pour ce partisan du «droit d'inventaire», l'ex-président a commis un premier impair en amorçant une droitisation de sa politique, lors du fameux discours de Grenoble de juillet 2010. Une stratégie appliquée également dans l'entre-deux tours de la présidentielle, qui a empêché le rassemblement des différentes sensibilités de la droite, accuse Raffarin. Plus largement, l'ancien premier ministre porte un regard assez sévère sur une campagne menée en solitaire par Nicolas Sarkozy: «Les comités de campagne étaient un salon convivial où le chef exposait sa stratégie et commentait ses performances», se souvient-il. Une critique qui n'est pas neuve: en juillet dernier, il évoquait déjà dans
Le Monde «l'exercice solitaire du pouvoir» de Nicolas Sarkozy.
Jean-Pierre Raffarin reproche à Nicolas Sarkozy de n'avoir pas été à la hauteur lors du débat télévisé de l'entre-deux tours: «Peu de respect pour son adversaire, peu de considération pour ses arguments, peu de distance avec la pression, pas d'humour, pas assez de hauteur, ce débat était un combat bien peu présidentiel», attaque-t-il. Il estime également que Nicolas Sarkozy a eu tort de ne pas changer de premier ministre à l'automne 2010. Cela lui aurait permis «d'enclencher une dynamique nouvelle», estime-t-il. Enfin, l'élu de la Haute assemblée juge que l'ex-président «a fait cadeau du Sénat» à la gauche, citant pêle-mêle «des investitures sénatoriales absurdes, une réforme territoriale mal portée par le gouvernement, une réforme de la taxe professionnelle improvisée» et «une désinvolture permanente» à l'égard du Sénat.
La contre-attaque des sarkozystesCes «erreurs» disqualifient-elles Nicolas Sarkozy pour 2017? «Son retour est une question de circonstances (...) Nous verrons en 2016», a éludé le sénateur de la Vienne, invité du
Talk Orange-Le Figaro. Insistant sur le rôle de «la nouvelle génération», qui «doit être dans la reconquête», il juge que «l'hypothèse Sarkozy ne doit pas empêcher l'émergence de talents» à l'UMP. «Pour reconquérir la confiance des Français, il faut que nous soyons lucides sur le bilan» de la droite, ajoute-t-il.
Voilà Nicolas Sarkozy rhabillé pour l'hiver. Ses proches, qui font entendre depuis plusieurs jours la petite musique d'un retour possible de l'ancien président en 2017, restent droits dans leurs bottes. «Je souhaite que Nicolas Sarkozy revienne dans la vie politique», a assuré Claude Guéant mercredi sur i-Télé. Pour l'ancien secrétaire général de l'Élysée, «la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle 2012 était rassembleuse. Elle ne divisait pas». «On le regrette (…) 75% des militants UMP souhaitent son retour», a renchéri Nadine Morano sur RFI. Rassemblés toute la journée à la Maison de la chimie, à Paris, les sarkozystes historiques devraient avoir l'occasion de réitérer leur soutien à l'ancien président.
Mais, à droite, certaines langues se délient. Si Bernard Accoyer juge le raisonnement de Jean-Pierre Raffarin «un peu expéditif», il estime qu'«il n'est pas interdit de regarder ce qu'on aurait pu faire différemment». «Peut-être que certaines réformes n'ont pas été assez loin, que d'autres n'ont pas été faites à temps, que d'autres auraient pu être également conduites», a-t-il estimé sur LCI. En janvier, l'ancien président de l'Assemblée nationale regrettait ouvertement que l'ex-majorité ne se soit pas suffisamment mobilisée pour «améliorer la compétitivité de l'économie française».